Entretien

Jeux d’équilibre de Nathalie Sage : la revanche d’une femme trahie

22 septembre 2021
Par Patrick
Jeux d'équilibre de Nathalie Sage : la revanche d'une femme trahie
©dr

C’est à l’occasion d’un passage dans la belle région béarnaise, où elle réside, que j’ai fait la rencontre de Nathalie Sage, l’auteure de « jeux d’équilibre », un roman qui aborde l’amour et le pouvoir au sein d’un couple à travers le regard d’une femme trahie. L’occasion était trop belle de lui poser quelques questions sur son rapport à l’écriture et sur sa vision du couple. Partons ensemble à la découverte d’une femme bien dans sa tête et dans son époque.

Jeux d’équilibre, c’est un regard que vous portez sur le couple, sur les femmes. La place de la femme dans l’échiquier moderne, c’est une thématique qui vous tient à cœur ?

Je dirai oui, même si finalement je ne me pose pas directement la question comme ça. La discrimination homme/femme est quelque chose que je ne comprends pas. J’ai la chance d’avoir été élevée avec l’idée que chaque parcours est singulier et que ce n’est pas notre sexe qui forge qui l’on est, et pourtant… force est de constater que ce n’est pas naturel pour tous. C’est en vieillissant que mon regard s’est aiguisé sur cette question. En observant les autres, leurs questionnements, la position qu’ils se donnaient à travers le prisme de leur « genre ». Alors quand il s’agit du couple… le spectre des possibles est très, très large !

Dès les premières lignes, vous plongez le lecteur au cœur d’une intrigue un peu pesante tout en usant d’une plume fraiche et dynamique. Vous avez un style bien personnel. Que vous procure l’écriture ?

Écrire est un geste que j’ai développé tard, à l’aune de mes quarante ans. Écrire est vraiment expiatoire, j’ai l’impression que les mots m’échappent et qu’ils sont un moyen de poser ce que je ne suis pas en mesure de dire. C’est un sentiment très particulier, comme si l’inconscient trouvait le chemin de mes doigts sans passer par la case conscience. C’est à la fois très agréable d’écrire et épanouissant, comme mener un voyage à l’intérieur de soi.

Vos personnages sont touchants, on s’attache rapidement à cette héroïne. On sent que vous aimez les gens, avez-vous besoin de vous imprégner du réel, de votre environnement proche pour élaborer des profils et peindre l’humanité ? 

Complètement. Chaque élément de personnalité est un bout de quelqu’un qui m’entoure, m’a entouré ou que j’ai simplement croisé. Il y a probablement plein de morceaux de moi aussi. J’aime l’autre. Je me doute que cette remarque est un peu plate, mais la vie des autres, ce qu’ils sont, ce qui les motive ou les transporte me fascine et me fait du bien. Je ressens beaucoup d’humanité derrière les fragilités ou les violences des uns et des autres.

Pour vous l’écriture doit-elle servir une cause, porter un message ou simplement divertir ?

L’écriture ne doit rien du tout, parce que cela ferait porter une lourde responsabilité à celui qui écrit. Par contre, l’écriture peut tout cela en même temps. Ce sont les lecteurs qui définissent ce qu’ils ont envie de vivre quand ils ouvrent un livre. Je ne suis pas surprise de voir quelqu’un qui après avoir lu Tolstoï, passe à un Musso. Tout dépend de ce que l’on souhaite vivre.

Comme dans le cinéma, on peut se régaler d’un blockbuster et pleurer à chaude larmes devant un film d’auteur. À mon sens, il n’y a de compétition entre les genres mais des envies différentes à un instant T. Chaque ouvrage porte un message, à tout le moins des émotions, et c’est bien cela qui compte.

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Chaque auteur a son propre rythme, sa recette, ses routines, quelle est l’ambiance de vos coulisses ?

Voilà une question difficile. Je ne vis pas de mes écrits aujourd’hui, alors j’écris après avoir fini le boulot et couché mes enfants ! J’ai besoin d’être parfaitement débarrassée de toutes contingences quotidiennes, sinon mon cerveau bloque !

Aimer, draguer, séduire, conquérir. L’amour est au cœur de votre roman mais pas simplement. Vous évoquez clairement des enjeux de pouvoir. Jeux d’équilibre c’est une tranche de vie au cœur des hommes. Vous prêchez la résilience ?

Bien sûr qu’à travers cela, je porte l’idée qu’on a d’abord du pouvoir sur soi, et qu’il est vain de chercher à en avoir sur l’autre. C’est illusoire. Et quand on perd la conscience du pouvoir que l’on a sur sa vie, alors on se perd dans le modèle que proposent les autres, par défaut. Accepter ce pouvoir, c’est difficile. Cela exige de prendre la responsabilité de ses échecs et de ses réussites, et dans les deux cas, le travail est de taille ! Quand je parle de pouvoir, je ne parle pas de contrôle. Paradoxalement, c’est, je crois, dans le lâcher prise, qu’on est capable de résilience.

Article rédigé par
Patrick
Patrick
expert High Tech sur Fnac.com, passionné par les nouvelles technologies
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