Elizabeth Vernn a 7 ans quand le début de la fin commence pour elle. Le jour et la date, elle s’en rappelle parfaitement car c’est aussi le jour de sa naissance. De son anniversaire. Mais quel cadeau ne lui fera pas sa mère dont la robe de princesse fit une victime : son corps… « une hécatombe silencieuse ». Pour en savoir plus sur Olivier Bourdeaut et son livre Florida, nous sommes allés à sa rencontre.
Quel était votre ressenti pendant l’écriture de Florida ?
Olivier Bourdeaut : « J’ai aimé écrire chaque ligne, chaque phrase et chaque mot de ce texte. Et j’espère que le lecteur aura le même sentiment que moi.
Pouvez-vous nous parler un peu de votre roman ?
Elizabeth Vernn a sept ans lorsque sa mère lui offre une robe de princesse et l’inscrit à un concours de mini-miss. Sa malédiction, c’est qu’elle va gagner. En fait, c’est une grande victoire, ce jour-là, qui va se transformer en une série de défaites.
Vous utilisez comme point de départ l’univers des mini-miss. S’ensuit alors une vaste série d’action-conséquence qui pèse sur la jeune fille alors même qu’elle essaie de sortir de cette situation qui l’oppresse. Qu’avez-vous souhaité dire et voulu dénoncer dans votre roman ?
Ce que j’ai dit et ce que j’ai décrit dans Florida, ce sont les concours de mini-miss et cette jeune fille qui manifestement en souffre. Lorsqu’on a cet âge-là, être jugée uniquement sur son physique peut laisser de graves séquelles, je pense. En tout cas, c’est ce qu’il se passe là. Et je ne l’ai pas dénoncé mais, en revanche, j’imagine que le lecteur se fera sa propre opinion et que ça ira dans ce sens-là.
En lisant les mots d’Elizabeth Vernn à travers vous, nous avons l’impression de lire un témoignage plus qu’un roman. Comment faites-vous pour réussir à psychologiser aussi bien vos personnages ?
C’est le plus beau compliment qu’on puisse me faire ! J’ai passé sept ans avec Elizabeth, en colocation, en quelque sorte et je crois que je la connais bien.
La vie de la jeune fille est soumise à un certain déterminisme. Quel conseil auriez-vous donné à la petite Elizabeth de 7 ans ?
Fuis, fuis et cours vite. Plus sérieusement, je lui dirais que même si la vengeance fait du bien, la vengeance est une prison, et que c’est souvent le contraire de l’indépendance.
Aviez-vous une idée précise de ce que vous vouliez écrire ou êtes-vous finalement surpris quant à la tournure qu’a pris Florida au cours de l’écriture ?
Je suis toujours surpris, pour chaque roman, du résultat final lorsque j’ai terminé le texte. Néanmoins, j’avais une idée précise, évidemment, avant de me mettre à ma table de travail. Donc ma réponse est un peu confuse. J’ai écrit ce que je voulais écrire, mais pas totalement.
Parlez-nous un peu de vous et de votre parcours.
C’est très difficile de résumer quarante ans en deux secondes donc je vais aller à l’essentiel : je crois que ce qui me permet d’être là aujourd’hui, à répondre à vos questions, c’est que je suis né dans un appartement dans lequel il n’y avait pas de télévision mais, en revanche, où se trouvait une immense bibliothèque. Et je dois tout à cette situation.
Quel a été le premier déclencheur qui vous a fait dire : « Je veux écrire ! » ?
L’admiration immense que je portais aux écrivains et l’immense paresse qui est toujours la mienne depuis des années, et qui m’a permis de rêver à une vie inaccessible : celle d’écrivain.
Parlez-nous de vos rituels et de votre rythme d’écriture.
Il y a quelque chose de très particulier dans mon rituel d’écriture, c’est que mon inspiration est littéralement coupée lorsque le soleil apparaît. Donc j’écris essentiellement la nuit, le matin très tôt. Mon heure de réveil dépend du lever du soleil, en quelque sorte. Je me lève à 4h30 lorsque j’écris l’été et à 6h lorsque j’écris l’hiver. Je suis assez strict pendant mes séances d’écriture, j’écris souvent deux, trois semaines de suite tous les jours, puis je fais une pause et je recommence une nouvelle session. Mais lorsque j’écris, j’ai un rythme assez militaire.
Votre rapport à l’écriture a-t-il changé depuis votre succès ?
J’aimerais vous répondre que mon rapport à l’écriture n’a pas changé depuis mon succès mais c’est en partie faux. En réalité, la différence c’est que désormais, je sais que je serai lu par quelques personnes, beaucoup de personnes, énormément de personnes, et c’est une idée qui m’angoisse avant mes sessions d’écriture, avant de me mettre à ma table de travail. En revanche, dès que je m’assois à ma table de travail, toute cette appréhension disparaît et je l’oublie. Donc mon comportement a un peu changé, mais pas vraiment. Voilà, c’est une réponse absolument précise.
Un conseil pour nos futurs écrivains en herbe ?
Lisez, lisez et lisez. Il n’y a que ça de vrai. »
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Parution le 4 mars 2021 – 256 pages