LE CERCLE LITTÉRAIRE – Le coup de cœur de Marie de M. (Angers). La petite fille de Monsieur Linh est un roman de l’écrivain français Philippe Claudel, publié en 2005. Il aborde la question de l’exil et de l’amitié. Une œuvre courte et remplie d’espoir.
La petite fille de Monsieur Linh
Le coup de cœur de Marie de M. (Angers)
La petite fille de Monsieur Linh est un roman de l’écrivain français Philippe Claudel, publié en 2005. Il aborde la question de l’exil et de l’amitié. Une œuvre courte et remplie d’espoir.
L’homme et l’enfant
Monsieur Linh est un personnage qu’on ne veut pas quitter. Un personnage aux sentiments attachants, à l’histoire émouvante. Monsieur Linh est l’incarnation de son pays qu’il voit disparaître loin derrière la mer, derrière un horizon. Le pays de Monsieur Linh est civilisé, chaque famille se connaît et prend soin les unes des autres. Le dur labeur dans les rizières est récompensé par de miraculeuses pêches dans les cours d’eau et les paysages tendres protègent des êtres unis à la vie paisible. Au-delà des frontières européennes, la guerre vient frapper dans tous ces cœurs le pays d’Asie de Monsieur Linh. Le vieux Monsieur Linh est le dernier survivant d’une jeune famille et il serre fort contre lui un poupon, sa petite fille. L’homme et l’enfant de quelques semaines partent en exil sur une terre inconnue, violente, aux voitures sauvages, à la population incivilisée, au froid brutal et au décor de bitume. Monsieur Linh traverse le temps et l’espace pour transmettre la mémoire d’une patrie aimante et douce jusque dans sa souffrance à sa petite fille. Il est la mémoire et sa petite fille permet à la mémoire de perdurer, au vieil homme d’exister, à la patrie de ne jamais mourir dans ce nouveau territoire plein de dangers. Au cours de ses balades pour mieux apprivoiser cet étrange extérieur, Monsieur Linh rencontre sur un banc un gros bonhomme nonchalant, souriant, à la voix grave de fumeur et aux larmes d’un repenti. Ils vont se lier d’amitié et alors que ni l’un ni l’autre ne possède de langue ou de connaissances communes, ils racontent leurs histoires, se comprennent et s’acceptent. Les compagnons se retrouvent tous les jours mais le rituel va être brisé par le départ involontaire de Monsieur Linh. Monsieur Linh refusant de perdre son ami, refusant de l’abandonner -ce qui serait une trahison-, se jette avec sa petite fille corps et âme dans la jungle de béton.
Un récit poétique
On est conquis par les personnages qui malgré leurs amputations, leurs blessures et leurs cicatrices restent d’une simplicité et d’une grâce surprenante. La description du pays natal de Monsieur Linh est d’une profondeur délicate, on s’y plonge avec délice sans perdre pied et on se demande s’il réellement possible que les merveilles rapportées aient pu être pillées et saccagées dans des bains de sang. Le gros bonhomme permet un retour à la réalité, à l’anéantissement de ses enchantements avec humanité, et on se prend aussi d’affection pour lui.
Philippe Claudel a une plume fluide, facile à lire, sans grande prétention, mais aux mots bien choisis et aux nombreuses métaphores en rapport avec le ciel et l’eau. Philippe Claudel raconte avec limpidité et poésie l’histoire de Monsieur Linh et de la petite chose chérie qu’il tient dans ses bras. La poésie est telle que le lecteur suit l’histoire sans se douter qu’il est mené par le bout du nez et que l’auteur attend le tournant final pour révéler le secret de la petite fille de Monsieur Linh.
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Parution le 29 août 2007 – 192 pages
La petite fille de Monsieur Linh, Philippe Claudel (Lgf) sur Fnac.com
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