Le célèbre grand couturier Pierre Cardin vient de nous quitter ce mercredi 29 décembre à l’âge vénérable de 98 ans. Homme d’affaires et mécène visionnaire, il a laissé une empreinte indélébile dans le monde de la mode, mais aussi celui de l’art et la culture.
Un grand homme de la mode
C’est à l’âge de 14 ans que Pierre Cardin commence son apprentissage dans le monde de la mode, d’abord chez un tailleur à Saint-Étienne, puis chez la couturière Jeanne Paquin, à la renommée internationale. Quelques années plus tard, on le retrouve chez Christian Dior pendant trois années, avant d’ouvrir sa première maison de couture en 1950, à Paris. Il se spécialise à la fois dans les costumes de scène et la haute couture. Son style et sa personnalité atypiques le rendent de plus en plus populaire, d’année en année. Visionnaire et futuriste, il imagine une nouvelle manière de diffuser la mode, instaure les fondations du prêt-à-porter mêlant populaire et haut de gamme, ce qui étonne et impressionne le public. Il n’hésite d’ailleurs pas à présenter sa collection de prêt-à-porter au sein d’un magasin Printemps, créant ainsi le scandale. Réinventant totalement les codes de la mode masculine qui était laissée pour compte, le couturier acquiert grâce à cela une notoriété mondiale. Dans les années 1960, sa gamme masculine est un véritable succès, de même que l’apport de la culture japonaise dans ses créations. De nos jours, Pierre Cardin est devenu une marque à la fois populaire et luxueuse dont on peut découvrir tous les rouages dans les livres Pierre Cardin – La Valeur de mon empire est plus grande qu’on le dit et plus petite qu’on le pense ou Pierre Cardin, 60 ans de création, tous deux de Jean-Pascal Hesse.
Une icône de la culture populaire
Dès ses débuts, le couturier est amené à travailler aux côtés de grands noms de la culture. Il œuvre sur les costumes et masques du film La Belle et la Bête de Jean Cocteau, puis sur les robes de La Princesse de Clèves de Jean Delannoy, crée les costumes de scène des Beatles ou façonne le look dandy de John Steed dans la série Chapeau melon et bottes de cuir. En 1971, il crée l’Espace Cardin, lieu de culture par excellence où se croisent des noms tels que Marlène Dietrich, Jeanne Moreau et Gérard Depardieu, où ont désormais lieu concerts et grandes expositions. En véritable mécène et homme d’affaires émérite, il réhabilite le château du Marquis de Sade à Lacoste, redonne vie à ce village du Vaucluse dans lequel il crée boutiques et festivals et dans les années 2000, inaugure le musée des 2e et 3e étages du restaurant Maxim’s, consacré à l’Art Nouveau. Quintessence de son entrée dans la culture populaire, Pierre Cardin est le pseudonyme français que porte le personnage de Michael J. Fox dans le premier épisode de la trilogie Retour vers le futur de Robert Zemeckis. Tandis que le couturier est célébré dans nombre de musées et d’expositions dans le monde entier, sa carrière exceptionnelle est contée dans le documentaire signé P. David Ebersole et Todd Hugues, sobrement intitulé Pierre Cardin, avec des témoignages de Sharon Stone ou Jean-Paul Gaultier. Preuve en est qu’il restera à jamais indémodable.
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