Cela faisait une dizaine d’années que nous étions sans nouvelles, mais personne ne l’avait oubliée. Caroline Cellier, une des actrices fétiches de Claude Chabrol, Claude Lelouch et Christopher Frank, vient de nous quitter ce 15 décembre, à l’âge de 75 ans.
Une comédienne très demandée
Dès l’adolescence, Caroline Cellier se passionne pour le théâtre, au point de vouloir en faire très vite son métier. Après des cours suivis à l’école du comédien René Simon, elle débute à l’âge de 18 ans dans la pièce On ne peut jamais dire de George Bernard Shaw. Une révélation, pour elle. La télévision la réclame tout de go (elle joue successivement aux côtés de Bernard Noël et Jacques Higelin), puis le cinéma, avec le film La Tête du client. Elle ignore encore que ce tournage va changer sa vie. Car elle y rencontre son futur mari, Jean Poiret. En quelques années, Caroline Cellier est demandée de toutes parts : théâtre, petit et grand écrans, elle se démultiplie autant qu’elle le peut, acceptant des propositions de plus en plus alléchantes.
Elle tourne une première fois pour Claude Lelouch en 1969 pour La Vie, l’Amour, la Mort. Un coup de foudre artistique, puisque le réalisateur la fera régulièrement tourner dans ses films, tels Mariage ou Hommes, femmes, mode d’emploi. De même avec Claude Chabrol pour Que la bête meure et Poulet au vinaigre, ou Édouard Molinaro dans Les Aveux les plus doux et L’Emmerdeur.
Une carrière éclectique et le sens du mystère
Si Caroline Cellier tourne beaucoup de films entre les années 1970 et 1990, elle sait également se laisser désirer en alternant avec des pièces de théâtre de Marivaux, Shakespeare, Pinter ou encore Tennessee Williams qui lui offre une nomination aux Molières. En parallèle, elle est réclamée par de grands réalisateurs, de Henri Verneuil (Mille milliards de dollars) à Roger Vadim (Surprise party) en passant par Christopher Frank qui lui offre deux rôles marquants, l’un dans Femmes de personne et l’autre, surtout, dans L’Année des méduses pour lequel elle obtient le César de la meilleure actrice dans un second rôle.
Compagne, puis épouse de Jean Poiret, elle tourne Le Zèbre sous sa direction, obtient une nouvelle nomination aux Césars et alterne comédies et drames, premiers et seconds rôles, avec une facilité déconcertante.
À partir des années 1990, elle choisit toutefois ses rôles avec davantage de parcimonie, au point de ne tourner qu’un ou deux films par an. On la retrouve dans le biopic Farinelli il Castroto de Gérard Corbiau, Jean-Philippe aux côtés de Johnny Hallyday et surtout, Didier, le premier film en tant que réalisateur d’Alain Chabat, en maîtresse de ce chien devenu humain. Son dernier film, Thelma, Louise et Chantal, road-movie féministe, date de 2010. C’est dire si Caroline Cellier nous a manqué. Et ce n’est que le début…