Les films qui se passent dans un établissement scolaire sont un genre en soi. Du drame naturaliste à la comédie pure et dure, en passant par le documentaire, l’école a marqué bien des réalisateurs au fer rouge, au point de leur donner envie de revenir sur les quatre murs qui ont vu grandir tous les enfants.
Une approche documentaire
De la maternelle à l’université, l’école n’a pas seulement une fonction d’éducation, mais aussi d’apprentissage, de sociabilisation, de création de souvenirs indélébiles. Une étape essentielle dans la vie qui a inspiré plusieurs réalisateurs désirant montrer à quoi ressemble la vie d’un élève d’aujourd’hui, qu’il soit en France ou à l’autre bout du monde.
Et ce, sous la forme du documentaire. C’est le cas dans Être et avoir de Nicolas Philibert qui présente la réalité d’une petite école primaire d’un village d’Auvergne, dans laquelle les élèves sont répartis dans une seule et même classe. Dans Sur le chemin de l’école, Pascal Plisson montre les défis que doivent relever des élèves issus de quatre pays différents (Kenya, Maroc, Inde et Patagonie), afin de se rendre en classe.
Dans Entre les murs, Palme d’or à Cannes en 2008 et César de la meilleure adaptation, Laurent Cantet mêle documentaire et fiction autour de François Bégaudeau, incarnant un professeur de français (ce fut son métier) d’une classe de 4e et tentant de motiver des élèves au bord du décrochage scolaire. Une approche également utilisée par Marie-Castille Mention-Schaar pour Les Héritiers, tirée d’une histoire vraie, dans laquelle Ariane Ascaride va aider une classe de seconde, à réussir un concours national d’Histoire.
La fiction pure et dure n’hésite pas non plus à tutoyer la réalité, quitte à brouiller les pistes, à l’instar du bouleversant Ça commence aujourd’hui de Bertrand Tavernier, autour d’un Philippe Torreton dépassé par la misère de certains élèves d’une école maternelle du Nord. Ou encore Primaire de Hélène Angel, où une professeure des écoles incarnée par Sara Forestier essaie de sauver un élève en difficulté. Sans oublier My Sweet Pepper Land qui montre les conditions de vie d’une petite école iranienne.
Quand le drame s’invite dans la classe
Des exemples qui montrent un visage souvent grave de l’école. De fait, plusieurs films ont décidé d’aborder des thématiques troublantes et déchirantes qui se passent dans des établissements scolaires, inscrivant ces longs métrages dans leur époque, mais aussi dans une certaine réalité, toujours d’actualité.
En dehors de la volonté de s’enfuir des trois jeunes héros des Disparus de Saint-Agil de Christian-Jaque, le décrochage scolaire revient de plus en plus dans la fiction, que ce soit en France ou à l’étranger avec, à chaque fois, un ou une professeur(e) tentant l’impossible. C’est le cas d’Écrire pour exister de Richard LaGravenese avec Hilary Swank qui enseigne dans un lycée difficile ; de Detachment de Tony Kaye avec Adrien Brody en professeur remplaçant désemparé ; d’Esprits rebelles de John N. Smith avec une Michelle Pfeiffer qui se bat pour et contre ses élèves ; ou encore d’Élève libre de Joachim Lafosse, mêlant à la fois le décrochage et la sexualité, voire la pédophilie.
Le suicide d’un élève est également au cœur de plusieurs films, dont les deux les plus représentatifs sont sûrement Le Cercle des poètes disparus de Peter Weir avec Robin Williams et 2h37, dans lequel six lycéens tentent de comprendre comment leur camarade a pu mettre fin à ses jours, en mettant en avant la pression scolaire et les difficultés d’intégration. Le harcèlement est d’ailleurs au cœur de La Rumeur de William Wyler avec deux enseignantes accusées de relations « contre-nature » par leurs élèves. Violence des cœurs, mais aussi des corps dans La Vague de Dennis Gansel, dans lequel un professeur de lycée explique les bases du totalitarisme, en organisant un jeu qui va mal tourner. Quant à Half Nelson, avec Ryan Gosling, c’est la drogue qui fait son apparition en classe.
L’école, un lieu de comédie avant tout
L’école est également un vaste terrain de jeu, que ce soit pour les élèves eux-mêmes, mais aussi et surtout pour les instituteurs et les professeurs, également dans la ligne de mire de nombreuses comédies qui présentent un métier à la fois difficile et galvanisant.
C’est le cas de Gérard Jugnot dans Les Choristes de Christophe Barratier, aux huit millions d’entrées. Un remake de La Cage aux rossignols, dans lequel de jeunes garçons d’un internat, s’épanouissent à c(h)œur joie dans la musique, grâce à leur instituteur. Mais souvent, les élèves sont des trublions qu’il vaudrait mieux ne pas avoir dans sa classe. Coluche en fait l’amère expérience dans Le Maître d’école de Claude Berri, aux méthodes d’enseignement basées sur la liberté. De cette comédie sont nés des films tels que L’École pour tous, Les Grands esprits ou Le Plus beau métier du monde avec un Gérard Depardieu dépassé par les événements, mais aussi dernièrement La Vie scolaire de Mehdi Idir et Grand Corps Malade, mêlant comédie et réalisme social.
Et quand ce ne sont pas les professeurs qui trinquent à la manière des Sous-doués, ce sont ces derniers qui font subir à leurs élèves leurs méthodes bien particulières, telle Cameron Diaz dans Bad Teacher ou encore Patrick Bruel et Fabrice Luchini dans P.R.O.F.S. Dans Parents d’élèves, on suit les mésaventures sentimentales d’un trentenaire sans enfants (Vincent Dedienne) se faisant passer pour un parent d’élève.
L’école, théâtre des rencontres amoureuses
Enfin, qui dit école dit premiers émois et le cinéma a son lot d’amours naissantes. On peut ainsi suivre Hervé (Vincent Lacoste) courtiser maladroitement Aurore dans Les beaux gosses ou sentir les premiers papillons dans le ventre de César (Jules Sitruk) à la vue de Sarah dans Moi, César, 10 ans 1/2, 1m39. Dans Neuilly sa mère, Sami (Samy Seghir) doit abandonner sa cité mouvementée pour s’installer chez sa tante dans la très chic ville de Neuilly. Direction le collège privé où l’adaptation est pour le moins compliquée, mais où il semble trouver l’âme sœur en la personne de Marie. De l’autre côté de la Manche, dans la singulière école de Poudlard, il faudra attendre le huitième et dernier volet de la saga Harry Potter pour assister au premier baiser échangé entre Hermione (Emma Watson) et Ron (Rupert Grint).