La résilience c’est dire stop à une société misérabiliste et fataliste en tendant un message d’espoir. Phénomène qui mène vers une croissance post-traumatique positive, elle permet d’offrir à l’individu la perspective d’entrevoir des soleils et réécrire sur des ruines.
« J’ai en moi la force de réagir, aussi je vais me battre, chercher à comprendre.* »
* Propos de Boris Cyrulnik recueillis sur le site internet psychologies.com
Comment expliquer la résilience ? Qu’est-ce que la résilience en psychologie ?
L’utilisation première du terme de résilience est pour parler du domaine physique. Dans ce sens, elle signifie la capacité d’un corps à résister au choc. Mais elle s’applique également à d’autres domaines comme les sciences sociales, signifiant alors : « Aptitude d’un individu à se construire et à vivre de manière satisfaisante en dépit de circonstances traumatiques.* »
Un art traditionnel japonais, le Kintsugi, est souvent utilisé pour imager la résilience en psychologie car il consiste à réparer les objets cassés en soulignant leurs cicatrices avec de l’or au lieu de les cacher.
*CC tableau : Jean-Luc Allais
La résilience est plus connue en tant que phénomène psychologique. Chez les enfants, elle désigne leur capacité à triompher des traumatismes qu’ils ont subis comme une séparation, de la violence, un viol, un deuil, une guerre…
En prenant conscience de cet événement et en décidant de ne plus vivre affectés par celui-ci, ils tentent de se reconstruire socialement et psychologiquement. Ce faisant, il font preuve de résilience.
*Définition tirée du dictionnaire Larousse.
Comment fonctionne la résilience ?
La résilience n’est pas complètement innée aux individus ; elle se construit par rapport aux expériences constructives de l’enfance mais également par la réflexion ou la parole. Lors de thérapies souvent longues, le patient peut aussi être aidé : nous parlons alors de résilience assistée.
La résilience est déclenchée par des mécanismes qui vont pousser l’individu à résister aux problèmes de son quotidien ou à des chocs graves. Ceux-ci lui permettront de s’adapter à la situation et à possiblement le mener vers une croissance post-traumatique (CPT) en lui permettant d’intégrer une changement psychologique positif.
Nous pouvons relever huit processus qui participent à la résilience :
1. La défense-protection ;
2. L’équilibre face aux tensions ;
3. L’engagement-défi ;
4. La relance ;
5. L’évaluation ;
6. La signification-évaluation ;
7. La positivité de soi ;
8. La création.
Dans Les Vilains Petits Canards, Boris Cyrulnik montre comment ces processus, qui contribuent à la résilience, se mettent en place aux premiers instants de notre vie, et comment ils nous permettent de nous reconstruire après une blessure.
Boris Cyrulnik et le concept de résilience
« La définition est très simple : comment reprendre un développement après une agonie psychique ? »
Selon Boris Cyrulnik, les trois facteurs qui aident à tendre vers une évolution résiliente sont :
1. Le tempérament de l’enfant ;
2. Le milieu affectif dans lequel il est au cours de ses premières années de vie ;
3. S’il vit dans un environnement qui le soutient ou non.
Si le concept de résilience est autant connu aujourd’hui, c’est qu’il fut très médiatisé à la suite de la publication de son livre Un merveilleux malheur. Le neuropsychiatre a en effet participé à la vulgarisation du terme en y apportant une notion d’espoir : si le malheur n’est pas une destinée, cela veut dire que chaque individu qui le vit peut s’en sortir.
« Il me semble que, lorsqu’on a été blessé dans sa vie, on est contraint de mettre en place, de tricoter un processus de résilience jusqu’à sa mort. La blessure est enfouie, maîtrisée, transformée, mais elle ne guérit jamais complètement. »
Sélection de livres et auteurs à lire sur la thématique de la résilience
Coeur de bois – Henri Meunier et Régis Lejonc (Notari)
Récompensé en 2018 par le Prix Sorcières, Coeur de bois fait de la résilience son coeur de narration : comment nous construisons-nous après avoir subi des atrocités ? Si nous allons de l’avant, dans la résilience, il ne s’agit pas pour autant d’oublier ni de pardonner.
Un merveilleux malheur – Boris Cyrulnik (Odile Jacob)
Dans Un merveilleux malheur, Boris Cyrulnik décrypte comment ces enfants qui, malgré les épreuves de la vie, ont su triompher de celles-ci et s’en sortir… En faisant preuve de résilience.
Comprendre que tout le monde est capable d’aller de l’avant et de réussir à vivre permet à tout individu de changer son regard sur le malheur et de puiser, au fond de lui, la force de vivre.
Tant bien que mal – Arnaud Dudek (Alma)
Alors qu’un petit garçon rentre de l’école, il est arrêté en voiture par un homme qui lui demande s’il peut l’aider à retrouver son chat. Mais ce n’est que la forêt et l’expérience du viol qu’il trouvera ce jour-là : « Le petit garçon est mort en partie ce soir-là ».
C’est avec la plus grande délicatesse qu’Arnaud Dudek écrit dans Tant bien que mal comment grandit un enfant violé.
La Légèreté – Catherine Meurisse (Dargaud)
Catherine Meurisse était dessinatrice à Charlie Hebdo et a vécu ce funeste jour de 7 janvier 2015, un profond drame personnel. Catherine n’a pas seulement perdu des collègues, elle a perdu des amis et le goût de dessiner… Finalement, elle a perdu la légèreté.
Alors, pour trouver un moyen de se battre contre l’enfer, elle consigne ses moments dans ce merveilleux et doux album, La Légèreté.
Murène – Valentine Goby (Actes Sud)
François a 22 ans lorsqu’il est victime d’un grave accident qui le prive de ses bras. Il doit alors réussir à vivre autrement, à accepter son handicap et l’irrémédiabilité de celui-ci.
En écrivant Murène, Valentine Goby réussit un exploit. Le livre est écrit avec une véracité et une puissance qui offre au lecteur une merveilleuse et percutante expérience de lecture. Nous sommes en 1956, dans les balbutiements du handisport.
*Copyright visuel : Photographie de David Monje sur Unsplash