Décryptage

Les origines de la musique pop

22 décembre 2021
Par Auxence
Les origines de la musique pop

La pop marque le moment où la culture populaire s’est définitivement détachée de la culture élitiste (classique et jazz) pour se construire ses propres motifs, simples et démocratiques. Mais connaît-on la pop si bien que ça, sous son vernis de facilité ? Plus complexe qu’elle n’y paraît, la pop s’est étoffée au fil des mélanges avec les autres genres musicaux, et aujourd’hui, chaque scène revendique ses propres artistes « pop » et les autres, underground. Mais qu’est-ce qui fait donc la « pop » ?

Courte histoire de la pop

 

The RonettesCe que l’on appelle la « pop music », ou simplement « pop », est un genre musical très vaste et peu défini qui existe depuis la fin du XIXe siècle. Terme parapluie utilisé pour englober toute musique qui n’est pas de la musique classique, la pop est cependant reconnaissable par certains traits. Tout d’abord, la pop est en quelque sorte la vitrine du système économique capitaliste, née d’une volonté de produire de la musique facilement consommable et la diffuser via un marketing de masse sur le marché mondial. Jusqu’aux années 1950, on ne parle encore de musique pop mais simplement de musique « populaire », celle des chanteurs américains qui écrivent eux-mêmes leur texte et chantent sur une musique jazz, accompagnés par un orchestre ou un big band. Frank Sinatra, Ella Fitzgerald ou Chet Baker sont ainsi les précurseurs de ce que l’on considère aujourd’hui comme la « pop traditionnelle » des années 1900 à 1940.

Mais ce n’est qu’après la Seconde Guerre mondiale, et l’émergence d’une économie consumériste d’abondance, qu’apparaît la figure de la « pop star », similaire à la « rockstar » du rock & roll balbutiant, ayant en commun de mettre en avant des personnalités excentriques dont l’image est indissociable de leur musique. Les groupes de filles (girl group, brill building…) et de garçons (boys band, sunshine pop…) qui s’adonnent aux harmonies vocales sont aussi légion dans cette période, comme en atteste le succès des Ronettes et des Supremes chez les filles, des Beach Boys chez les garçons.

ThrillerDans les années 1960-70, la pop connaît un premier rapprochement avec le rock, deux genres que l’on croyait antagonistes, grâce notamment au succès stratosphérique des Beatles. La fusion pop rock fait mouche et donne même naissance à de nombreux dérivés, dont l’énergique power pop (Big Star, The Replacements…) ou le moelleux soft rock (Fleetwood Mac, America…). Avec l’explosion des expressions musicales dans les années 1970, et la volonté de briser les barrières raciales entre la pop des Américains blancs et la musique associée aux Afro-Américains, la pop s’acoquine avec le r&b, donnant à Michael Jackson son titre de « King of Pop » avec son album Thriller, lui qui vient du disco, du r&b et de la funk.

La pop moderne : une musique mondialisée et plurilingue

Good girl gone bad reloadedIl reste difficile aujourd’hui de tracer les contours de la pop. Typiquement, il s’agit d’une musique à structure simple et mémorable (intro/couplet/refrain/couplet/refrain), avec du chant mélodieux et des paroles/rythmes qui entrent en tête immédiatement. Tous les genres musicaux mainstream ont adopté les codes de la musique pop à un moment ou un autre. Dans le hip hop, des artistes commencent à incorporer du chant en plus des couplets rappés à partir des années 80-90, comme 2 Pac et The Notorious B.I.G., phénomène prolongé par l’invention de l’autotune qui corrige la voix. Des artistes monstrueux comme Kanye West et Jay-Z font aimer le pop rap à une large audience avec des albums multi-récompensés dans les années 90-2000 ; les superstars du r&b moderne sont devenues indiscernables de l’étiquette pop (Rihanna, Beyoncé, Nicki Minaj…).

Demon daysTous les genres, anciens comme nouveaux, s’y mettent, avec l’intention de concilier l’attrait de la pop avec des éléments plus underground. Quand l’électro s’y met, cela donne l’electropop (The Knife, Gorillaz, Lady Gaga…) et la synthpop (Depeche Mode, Kraftwerk…). Quand le monde entier s’y met, cela donne des tendances musicales qui prouvent que la pop n’est pas réservée à la langue anglaise, comme la k-pop en Corée du Sud (BTS, Red Velvet, Blackpink…) ou la j-pop au Japon (Perfume, Yellow Magic Orchestra, Kyary Pamyu Pamyu…).

Et en France, alors ?

Tous les garçons et les fillesEn France, la pop se développe dans les années 1960 sous l’impulsion d’artistes qui s’inspirent principalement de la chanson à texte et du yé-yé. Serge Gainsbourg, Françoise Hardy, Michel Polnareff, Jacques Dutronc, France Gall et Brigitte Fontaine sont autant de piliers de la pop hexagonale. Cette pop se démarque par son côté si « français », une musique sentimentale et sensuelle qui manie si bien l’humour pince-sans-rire et l’arrogance.

Après mai 1968, la France commence sérieusement à loucher du côté anglo-saxon pour s’aligner sur la musique outre-Manche et outre-Atlantique. Indochine, avec sa pop de claviers et ses paroles parfois sombres, est la réponse française à Depeche Mode et The Cure. Du côté pop rock, on a par exemple Renaud, les Rita Mitsouko, Higelin ou encore Lavilliers. La fièvre du disco est représentée dans notre pays par Claude-François, Sheila ou Amanda Lear.

ParadigmesToujours avec cette touche qui la rend si particulière, la France est à l’origine de nombreuses formations à succès à partir des années 1990 : la pop indépendante (AIR, The Dø, La Femme, Phoenix, Melody’s Echo Chamber…), la pop électronique (Paradis, M83, Madeon, Christine and the Queens…) et le pop rap (Jul, PNL, GIMS…) bourgeonnent, chantés en français ou non.

Article rédigé par
Auxence
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