Depuis quelques années, vous constatez avec amusement le grand retour du vinyle dans les rayons des magasins. Et accrochez-vous bien, ce sont aujourd’hui les cassettes qui viennent s’installer à nouveau aux côtés des disques. Du 78 tours du phonographe au MP3, en passant par le CD et la cassette, on décortique ensemble quelques supports musicaux d’aujourd’hui et d’hier.
Aux origines : l’enregistrement magnétique
Le cylindre Edison, ça vous parle ? C’est normal. Petit retour en 1877 : Thomas Edison invente le phonographe, une machine capable de graver et reproduire du son grâce à un procédé magnétique, le tout sur des cylindres en étain. Plus tard, ces cylindres utiliseront la cire, puis le celluloïd (comme les balles de ping-pong). L’inconvénient de taille du cylindre est sa faible reproductivité. En effet, le chanteur qui souhaite diffuser son œuvre doit s’enregistrer autant de fois qu’il souhaite d’exemplaires. Pas très pratique… Néanmoins, le phonographe à cylindre est commercialisé et connait son petit succès, même si, à l’époque, la rotation devait être effectuée à la main, à l’aide d’une petite manivelle.
Vient ensuite le gramophone, 10 ans après, inventé par Emile Berliner. La gravure sur cylindre devient une gravure sur disque, d’abord en métal, puis en laque, et enfin en gomme-laque. Ces disques (du 74 au 120 tours) pouvaient être de plusieurs tailles. Etant donné que les vitesses n’étaient pas standardisées, elles pouvaient varier selon les maisons de disques. Ce n’est que dans les années 1920 que la vitesse de 78 tours par minute s’établit en norme. Le gramophone est un bel objet, que vous avez sûrement déjà aperçu dans un livre d’histoire : sa jolie corolle en tôle, décorée la plupart du temps, fait le bonheur des collectionneurs aujourd’hui.
Quand l’électricité fait son apparition …
Ça y est, nous sommes au 20e siècle, et le vinyle fait son apparition avec l’arrivée de l’électricité dans la monde de la musique. Le disque microsillon (autre nom du vinyle) prend doucement la place du 78 tours, notamment grâce au développement des magnétophones et des tournes-disques. Et c’est une petite révolution : plus léger et solide, temps de lecture plus long (5 fois plus que le 78T, qui ne contenait que 3 à 5 minutes d’enregistrement), son plus puissant, et beaucoup moins de bruits de surface.
Les premiers vinyles sont donc commercialisés pour le grand public en 1946, par Columbia Records. En France, il faut attendre 1951 pour que Pathé Marconi presse le premier vinyle microsillon, à Chatou.
Ces disques sont lus sur des platines, dont le fonctionnement est le suivant : les reliefs du sillon sont captés par la pointe de lecture, qui renvoie un signal électrique dans une cellule, elle-même reliée à un préamplificateur.
33 tours, 45 tours ?
Marquons une petite pause pour y voir plus clair parmi les différents formats et tailles de vinyles. Le vinyle 33 tours (par minute – il s’agit de sa vitesse de rotation) a un diamètre d’environ 30 cm, et on l’appelle généralement un LP (Long Play). Le plus souvent, c’est un album entier qu’on trouve sur le 33 tours.
Quant au 45 tours, il est plus petit (18 cm environ), et ne contient que quatre titres, deux par face : on l’appelle EP (Extended Play). Cependant, il existe plusieurs autres formats et tailles, et il est parfois difficile de s’y retrouver pour les non-initiés. Par exemple, un maxi 45 tours a la taille d’un 33 tours (30 cm), et ne contient qu’un titre par face. Ce format pour le moins original est né dans les années 70, lors de l’avènement du disco, et est principalement utilisé dans le cadre des remix et des versions longues.
Et la cassette dans tout ça ?
Le magnétique refait surface en 1963, quand Philips lance la cassette. Le concept est simple : une bande magnétique qui s’enroule autour de deux bobines, qui permet à la fois d’enregistrer et d’écouter des sons. Utilisée avec un magnétophone, la cassette connait un grand succès dans les années 60/70, notamment en raison des lecteurs portables (le fameux Walkman) et des autoradios. En 1983, les ventes de cassettes dépassent les ventes de vinyles 33 tours !
On constate un retour de hype autour de cet objet. Déjà en 2013, les Daft Punk sortaient Random Access Memories sur cassette, mais seulement à usage promotionnel. Aujourd’hui, on compte une seule entreprise en France qui fabrique des cassettes, mais Sony et Thomson commercialisent de nouveau des magnétophones. En parallèle, nombreux sont les artistes qui déclinent leurs albums en format K7 : Indochine, Lana Del Rey, Katy Perry … Il est temps de ressortir son Walkman du grenier !
La vague du numérique
Nous sommes maintenant en 1982 : Sony et Philips développent le CD (Compact Disc). Le CD utilise la méthode optique : il s’agit de stocker des données sous forme numérique, qui seront restituées grâce à un laser qui vise le disque en rotation. La réflexion du rayon et de ses irrégularités produit des interférences binaires, lesquelles sont captées par une cellule. Ces informations seront ensuite converties en un signal analogique.
Le CD présente de nombreux avantages par rapport aux formats le précédant : il jouit d’une meilleure qualité musicale, sa durée d’écoute est plus importante, il est plus manipulable, et son spectre sonore est plus large.
MP3, WAV, FLAC, streaming … comment s’y retrouver ?
A partir des années 2000, les ventes de CD commencent à décroitre, et les supports numériques remplacent peu à peu les supports physiques. L’avènement des fichiers musicaux ainsi que l’arrivée du streaming (un peu plus tard, dans les années 2010) créent un chamboulement massif. De nombreux professionnels pointent du doigt le partage illégal de fichiers sur Internet pour justifier la crise qui touche le secteur du disque. Mais la réalité est plus complexe : la généralisation de nouveaux moyens techniques (téléphones et ordinateurs portables, baladeurs MP3, accélération du débit internet), couplée aux habitudes de gratuité des consommateurs est grandement responsable de ces changements.
A présent, quelle différence faire entre un fichier MP3 ou WAV, et à quoi correspondent ces noms ? Pour faire simple, il existe plusieurs types de formats audio (RIFF, WAV, AIFF, RAW, FLAC..). Des formats compressés ou non compressés, avec ou sans perte. Les codecs servent à compresser et encoder les fichiers. Suivant le format, la qualité sera plus ou moins importante.
Terminons ce décryptage avec les plateformes de streaming, dont les plus connues sont Deezer, Spotify, Apple Music, YouTube, Qobuz, ou encore Tidal (pour l’anecdote, Deezer utilise le format MP3, Spotify le format Ogg, et Youtube le format AAC). Ces logiciels et applications permettent de « streamer » un son sans avoir besoin de le télécharger. Le fichier est néanmoins stocké de manière provisoire, après avoir été récupéré sur un serveur.
© Crédits visuels :
Norman Bruderhofer, CC BY-SA 3.0,
Norman Bruderhofer — Collection of John Lampert-Hopkins, CC BY-SA 2.
Oscar Tepy — Travail personnel, CC BY-SA 4.0
Sailko — Travail personnel, CC BY 3.0
Syndicat national de l’édition phonographique (SNEP)