Les secrets, Jessie Burton connait ça. Ses deux premiers romans en sont remplis. Dans Miniaturiste, comme dans Les Filles aux lions, aucun des personnages n’est vraiment sincère et cache quelque chose aux autres. Son dernier roman, Les secrets de ma mère, au titre non équivoque, ne fait pas exception à la règle.
Née de mère inconnue
2017, Rose Simmons, la trentaine, n’a jamais connu sa mère, absente mais omniprésente dans l’imaginaire d’une fillette, puis d’une adolescente, sujet de frustrations, de questions, de souffrance. Son père Matt a toujours été plus qu’évasif : Elise Morceaux, sa mère, s’est volatilisée après la naissance de Rose à New York et on a totalement perdu sa trace. Mais en cet automne 2017, Matt confie à sa fille deux romans, d’une certaine Constance Holden, très proche d’Elise peu de temps avant sa disparition. La quête de Rose commence.
Un récit sur trois décennies
Jessie Burton a choisi de construire son roman en deux époques : les années 1980, relntant la relation compliquée d’Elise et de Constance (Connie), plus mûre et à la personnalité écrasante, et le présent (2017-2018), raconté à la première personne par Rose elle-même, qui décide de rencontrer Constance Holden, vivant recluse dans sa maison de Londres et qui n’a plus rien publié depuis plus de 30 ans. On fait ainsi la connaissance de l’énigmatique Elise, alors âgée de 22 ans. On découvre ses failles, sa détresse, ses tentatives d’essayer d’exister par elle-même.
Dans cette alternance entre passé et présent, les personnalités de la mère et de la fille, toutes deux fragiles et en quête de reconnaissance, se dessinent et parfois se superposent. À trois décennies d’intervalle, les deux femmes, par leurs errements, tissent autour d’elles leur propre piège.
Si le secret est un thème cher à l’auteure, la condition de la femme et la maternité, la liberté ou non de choisir son destin, l’importance du pardon, sont aussi des éléments récurrents des récits de Jessie Burton. Ses héroïnes doivent se construire et trouver leur voie en fonction d’un passé qui n’est pas le leur. C’est ce que doit faire Rose, agissant comme si la clé pour accéder à son futur se trouvait dans le destin d’une autre femme, sa mère…
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Parution le 3 septembre 2020 – 512 pages
Traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Laura Derajinski