Créer une nouvelle maison d’édition aujourd’hui est une aventure qui demande beaucoup de courage, de persévérance et de passion. En guise d’hommage et de soutien à tous ces téméraires, focus sur quatre petites maisons qui méritent d’être visitées.
L’audace et l’engagement : Les éditions Hors d’atteinte
Créées en 2018 sur la base d’un engagement féministe qu’elles revendiquent toujours, les éditions Hors d’atteinte se sont ouvertes depuis à de nombreuses autres thématiques sociales et sociétales. Porteuses d’une ligne éditoriale plurielle, elles ambitionnent de créer des liens entre la littérature et les sciences humaines à travers deux collections qui proposent de comprendre le monde contemporain tout en imaginant celui de demain.
Bien qu’elle ait déjà deux ans d’existence, la jeune maison d’édition a littéralement pris son envol en ce début d’année 2020 avec la parution de la réédition française du livre féministe culte américain Notre corps, nous même. Intégralement mis à jour, ce classique des années 70 écrit par des femmes pour les femmes a nécessité trois ans de travail pour être adapté aux problématiques de notre époque. Très attendue par certaines, fraîchement découverte par d’autres, cette œuvre collective réactualisée connaît depuis sa parution un franc succès auprès des lectrices de toutes générations.
Dans la foulée, les éditions Hors d’atteinte se sont à nouveau fait remarquer en publiant Le dérangeur, un lexique décalé écrit par un collectif nommé Piment qui s’attaque par l’humour, l’esprit et la culture à tous ces clichés lexicaux employés à tort ou à raison pour décrire la condition noire en France.
Enfin, au rayon littérature, Rue des Paquerettes, le lumineux récit autobiographique de Mehdi Charef, vient de recevoir le Prix littéraire 2020 de La Porte dorée. Sa suite intitulée Vivants, qui paraîtra fin août, représentera Hors d’atteinte lors de la prochaine rentrée littéraire.
L’art et la littérature : Les éditions Hérodios
Fondées par une professionnelle de l’édition et de la culture, les éditions Hérodios commencent à se structurer en 2019 avec l’idée de lancer leur premier titre au tout début 2020. Maison généraliste par nature, elle défend la pluralité et la diversité en jetant des ponts entre la littérature et autres disciplines artistiques ou créatives comme la peinture ou la cuisine, l’architecture ou le design.
En matière de fiction, la ligne éditoriale d’Hérodios se tourne vers les domaines de l’imaginaire, les parcours de vie, les lieux et les espaces, les expériences inédites.
Roman humaniste et résilient sur fond d’attentat du Bataclan signé par la scénariste Corinne Atlas, Les riverains lançait pile à l’heure l’aventure Hérodios en début d’année.
Juste après, l’éditrice confirme son crédo éditorial en publiant coup sur coup les confidences d’un célèbre designer italien (Écrit la nuit) et un livre de recettes hors du commun (La cuisine du sixième étage).
L’éclectisme et l’histoire : Les éditions Souffles littéraires
Émanation de la Société Littéraire de La poste, les éditions Souffles littéraires sont les héritières d’une certaine idée populaire de la culture et de la littérature. Solidement structurée après des mois de préparation minutieuse, elles se sont fixées pour objectif de dénicher, révéler puis accompagner de nouveaux talents. La diversité des genres et des styles est au cœur d’un projet éditorial où la première des exigences reste la qualité d’écriture.
Maison généraliste dotée de plusieurs collections, Souffles Littéraires entre officiellement dans l’arène le 23 juin 2020 avec la parution simultanée de cinq titres. Un choix stratégique qui traduit d’emblée l’éclectisme d’une maison taillée pour réussir.
Présentés dans la collection Grands souffles, on trouve deux premiers romans : Gangrène de L.J. Wagner – une anti-romance cruelle, mordante et contemporaine construite comme un thriller addictif – et, dans un tout autre registre, Sanction de Pierre Tré-Hardy, un polar d’anticipation au suspense redoutable.
Deux titres également pour la collection Souffles courts dédiés aux nouvelles avec Derrière la balle de Fabrice Boumahdi, un recueil rétro-nostalgique et initiatique sur fond de Coupe du monde de football et de pop culture des années 80, et Ultima Thulé, an de grâce 536, une série de nouvelles de fiction climatique et historique écrites à quatre mains par deux auteures de fantasy, Danielle Gourbeault-Petrus et Nathalie Vignal.
Enfin, Le grand Alexandre et la fourmi magique, un premier conte pour enfants mis en mots par Nicolas Cedras et illustré par Virginie Rigail, inaugure la collection Premiers souffles.
Le frisson et l’écologie : IGB Édition
Fruit d’une association réussie entre une blogueuse littéraire et un ancien éditeur, IGB Édition est également une maison d’édition millésimée 2020. Orientée vers les littératures de l’imaginaire, cette petite nouvelle se distingue de ses concurrentes par sa démarche résolument éco-responsable. Aux côté d’une ONG spécialisée dans la reforestation et de libraires sensibilisés à la cause, elle s’engage, entre autres actions, à compenser l’impact écologique de ses besoins d’impression en replantant des arbres au gré du papier qu’elle utilise.
Côté littérature, l’ambiance déclinée en trois collections (SF, thrillers, fantasy) oscille entre noirceur contemporaine et tourments futuristes.
Au rayon thriller, La fiancée du 11 septembre de Marc Gervais, par ailleurs co-fondateur de IGB Éditions, inaugure en juillet 2020 un catalogue qui devrait s’étoffer rapidement dans les mois à venir.
À cette même date de parution, L’ombre du passé, premier tome d’une saga d’anticipation baptisée Le projet Vanility, ouvre la collection SF d’une nouvelle maison d’édition à suivre.