Nous sommes en juin, il fait chaud, il fait (plus ou moins) beau, et c’est le « mois des fiertés », ou « pride month », comme l’appellent nos camarades anglophones. L’occasion de célébrer les différentes orientations sexuelles et identités de genre. On vous explique le concept.
D’où vient le Pride Month ?
Dans les années 60-70 aux Etats-Unis, les personnes homosexuelles et transgenres n’étaient pas les bienvenues dans l’espace public, et encore plus dans les bars. Les rares établissements qui accueillaient ces personnes (de fait) marginalisées, subissaient régulièrement des descentes de police. En effet, il était interdit de danser entre hommes, de porter des vêtements du genre opposé, et même de servir de l’alcool aux homosexuel·le·s. Le 29 juin 1969, la police effectue une descente au Stonewall Inn, mais la population présente ne se laisse pas faire : des émeutes se déclenchent, et l’affrontement entre police et groupes militants de Greenwich Village durent plusieurs jours. Suite à cela se créent des collectifs de lutte pour la libération homosexuelle : le Gay Liberation Front et la Gay Activists Alliance, sous l’impulsion notamment de Brenda Howard. Progressivement, des marches des fiertés (pride), regroupant des personnes LGBTI sont organisées le dernier week-end de juin, en hommage aux émeutes de Stonewall. C’est ainsi que le mois de juin devint, au fil des années, un mois de célébration des identités et orientations, en souvenir de ces révoltes.
En quoi ça consiste ?
Comme expliqué dans le paragraphe précédent, c’est au mois de juin qu’ont lieu les Marches des Fiertés (sauf cette année, la faute au coronavirus.) C’est ainsi que le mois de juin a été désigné comme « mois des fiertés », et reconnu officiellement en tant que tel par Bill Gates en 1999, puis par Barack Obama, qui, de 2009 à 2016, annonce chaque année le « June LGBT Pride Month ».
Ce mois peut avoir plusieurs objectifs : visibiliser les personnes LGBTI ainsi que leurs combats, sensibiliser les personnes non concernées aux causes LGBTI, et lutter contre les LBGTIphobies qui subsistent encore très largement.
Pourquoi voit-on fleurir des drapeaux arc-en-ciel ?
Le drapeau arc-en-ciel fait partie des symboles de la communauté LBGTI. Créé en 1978 par Gilbert Baker (un ami designer de Harvey Milk, maire gay de San Francisco), il est censé représenter la diversité des orientations sexuelles et des identités de genre. Aujourd’hui, le rainbow flag comporte six couleurs, mais il est discuté en raison de son inclusivité. Ainsi, on le voit parfois accolé à un drapeau trans (bleu/rose/blanc), et avec des couleurs supplémentaires (marron et noir), pour signaler qu’il n’y a pas que des personnes blanches dans la communauté LGBTI. D’ailleurs, Marsha P. Johnson est une femme trans et noire qui fait partie d’une des figures clés des émeutes de Stonewall.
© Daniel Quasar
Et les entreprises et marques ont très vite compris qu’il y avait un créneau sur lequel se positionner. Vous aurez sûrement remarqué que beaucoup de marques déclinent leur logo avec un arc-en-ciel, ou alors qu’elles sortent des collections spéciales « pride ». L’intérêt est ici double. D’abord, ne pas exclure ou attirer des futur·e·s consommateur·ice·s LGBTI en leur témoignant de l’attention. Ensuite, il y a évidemment un enjeu de communication qui se cache derrière ces opérations marketing : en sortant une collection arc-en-ciel, la marque peut se targuer d’avoir une posture bienveillante envers les personnes LGBTI. Néanmoins, difficile de discerner ce qui relève d’un véritable engagement ou de pinkwashing.
Pour en savoir plus …
Si vous voulez approfondir le sujet, voici quelques documentaires que l’on vous recommande :
– Indianara, d’Aude Chevalier-Beaumel et Marcelo Barbosa (raconte le combat d’une femme trans brésilienne, notamment à travers le refuge qu’elle monte pour les personnes trans à Rio de Janeiro).
– Marsha P. Johnson : l’histoire d’une légende, de David France (retrace la vie de la militante Marsha P. Johnson, une femme trans et travailleuse du sexe, qui a beaucoup œuvré pour la communauté LGBTI new-yorkaise, et qui prend part aux révoltes de Stonewall en 69).
– A Secret Love, de Chris Bolan (deux femmes lesbiennes qui ont caché leur relation pendant 65 ans, aux Etats-Unis).
– Paris is Burning, de Jennie Livingston (s’intéresse à la scène new-yorkaise du voguing dans les années 80 : on assiste à des balls organisés par des afro-américains et hispaniques LBGTI).
– Madame, de Stéphane Riethauser (documente avec des images d’archives la relation entre un homme gay et sa grand-mère).
Ainsi que des articles pour explorer les thématiques LGBTI à travers la littérature, le cinéma, les séries …
> Les personnages LGBTI à l’honneur dans les films et séries