Le stop-motion (ou animation en volume) est une technique d’animation consistant à déplacer très légèrement des objets réels en volume dans un espace, et de multiplier les instantanés afin que la cadence accélérée des images donne l’illusion d’un mouvement fluide. Les objets les plus communément utilisés sont des marionnettes ou des formes en argile en raison de leur forte malléabilité, mais tout objet peut être virtuellement employé. Retour sur image avec quelques classiques du genre.
Aux origines du stop-motion
Le stop-motion tire ses origines dans les expérimentations cinématographiques de la fin du XIXe siècle. Le réalisateur français Georges Méliès est l’un des pionniers du genre, incluant dans ses court-métrages, dits trick films, des techniques innovantes telles que le fondu, la coupe franche, les prises de vue à intervalle régulier et, ce qui nous intéresse ici, le stop-motion. Mais c’est vraiment avec le réalisateur et photographe anglais Arthur Melbourne-Cooper, et son court-métrage Matches Appeal (1899), que l’on date généralement la naissance du genre en tant que tel.
Très populaire dans la période muette du cinéma, le stop-motion connaît quelques grands succès en Europe. D’un des premiers grands succès, Les aventures du Prince Ahmed (1926), le stop-motion évolue ensuite en agrégeant tous les progrès du cinéma, tels que les voix, la couleur et surtout un budget supérieur. Ainsi chaque décennie laisse son classique, tels Le Roman de Renard (1937) ou Le Baron de Crac (1962). Les pays de l’Est brillent par l’excellence de leur production, notamment la Tchécoslovaquie avec Jan Švankmajer, ou la Russie avec Yuri Norshtein. Certains studios d’animation, comme les Anglais de chez Aardman Animations, sont spécialisés dans le stop-motion, tandis que Hollywood emprunte au genre pour ses besoins de gigantisme, notamment dans King Kong (1933), Jason et les Argonautes (1963) ou Le choc des titans (1981).
Le stop-motion en 10 films incontournables
Les court-métrages Wallace & Gromit (sortis entre 1989 et 2008)
Au nombre de quatre (Une grande excursion, Un mauvais pantalon, Rasé de près, Un sacré pétrin), les courts-métrages de Nick Park incarnent tout le savoir-faire des studios Aardman, fleurons du cinéma d’animation. On y retrouve les aventures de l’inventeur maladroit Wallace et son chien surdoué Gromit, deux larrons bien British qui se retrouvent embarqués dans des aventures hilarantes.
L’étrange Noël de Monsieur Jack (1993)
Conte macabre du grand Henry Selick, scénarisé et produit par Tim Burton, L’étrange Noël de Monsieur Jack mélange savamment conte de Noël, musical et horreur gothique, accouchant d’un des plus beaux films d’animation, à la fois glaçant, poétique et drôle. Jack Skellington, un épouvantail, se retrouve à assurer le rôle du Père Noël, mais les deux fêtes se mélangent comme l’eau et l’huile…
Wallace & Gromit : Le mystère du Lapin-Garou (2005)
Format long des tribulations de Wallace et Gromit, celui-ci projette l’inénarrable duo dans une chasse au lapin monstrueux, le tout dans un contexte de fête des légumes… N’y cherchez pas le moindre sens, comme Chicken Run (2000), le tout est prétexte à des situations loufoques qui soulignent la dextérité des studios Aardman et leur bienfaiteur Nick Park.
Mary et Max (2009)
L’année 2009 semble avoir été une révélation pour le stop-motion. Cette année, tous les yeux se sont tournés vers Mary et Max, drame en pâte à modeler qui prend son humour bien noir. Max, New-yorkais atteint d’Asperger et Mary, Australienne de huit ans, ont une correspondance épistolaire et essayent de démêler les fils de la vie ensemble. Si votre cœur ne se serre pas au visionnage de ce film, c’est que votre âme a dû se perdre quelque part au déballage.
Fantastic Mr. Fox (2009)
Wes Anderson n’en était pas à son coup d’essai, mais n’a fait que confirmer tout le talent qu’on lui prêtait lorsqu’est sorti Fantastic Mr. Fox, fable roald dahlienne sur une famille de renards qui veut réaliser le casse du siècle. À voir et revoir sans modération.
Coraline (2009)
Suite spirituelle des mésaventures de Monsieur Jack, Coraline remet le couvert avec l’histoire de Coraline Jones, fillette découvrant un monde parallèle dans lequel sa famille semble bien plus idéale… mais qui dit Henry Selick, dit frissons au tournant.
Anomalisa (2015)
Co-réalisé par l’insaisissable Charlie Kaufman, Anomalisa nage dans les eaux troubles du drame psychologique et n’a rien du film familial. Une belle démonstration de maturité dans le stop-motion, qui peut servir une histoire profonde et intimiste sans donner une impression de gadget visuel.
Kubo et l’armure magique (2016)
Dans ce conte à marionnettes signé Travis Knight, un samouraï du nom de Kubo doit affronter toutes sortes d’épreuves pour sauver son village d’un démon ancestral. Aidé par une créativité folle et des visuels magnifiques, cette fable pour toute la famille est d’un très bon cru.
Ma vie de courgette (2016)
Ne vous y trompez pas, malgré son titre enfantin et sa thématique centrée sur la vie de Courgette, enfant abandonné placé dans un foyer, Ma vie de courgette traite subtilement un sujet qui aurait pu virer au mélo. Sans perdre son humour, Claude Barras nous propose une admirable affirmation de vie. La french touch, quoi.
L’Île aux chiens (2018)
Second coup de maître de Wes Anderson en matière d’animation, L’Île aux chiens est une fable intelligente, attendrissante et poignante sur le pouvoir de la diversité, l’ostracisme et les passes d’armes entre dictature et médias. Un classique contemporain en forme d’hommage à nos amis les canidés.
