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Saxophone en berne pour Manu Dibango

24 mars 2020
Par Mathieu M.
Saxophone en berne pour Manu Dibango

Le monde du jazz et de la world music est en deuil. Le chanteur et saxophoniste camerounais Manu Dibango vient de décéder, des suites du Covid-19. Il laisse une discographie imposante de plus d’une quarantaine d’albums qui ont enchanté plus de cinquante années de carrière.

La découverte du jazz

Né à Douala, l’une des plus grandes villes du Cameroun, Manu Dibango est biberonné à la musique. Par le chant tout d’abord, au sein de la chorale de sa mère et par sa famille, férue de chansons internationales. Quand il arrive en France pour suivre ses études, il découvre le jazz et commence à jouer du piano, puis du saxophone. Il fait alors une rencontre décisive, celle de l’auteur et musicien camerounais Francis Bebey, qui l’initie au jazz. Ensemble, ils créent un groupe et écument les boîtes de nuit, puis les cabarets, notamment en Belgique. Remarqué par Grand Kallé, l’un des pionniers de la musique congolaise, il enregistre avec lui plusieurs albums au succès grandissant en Afrique.

Manu Dibango prend son indépendance en 1967 quand il crée son premier big band, qu’il nourrit de son propre style musical, entre jazz, blues et sons plus urbains. Il joue pour Dick Rivers et Nino Ferrer et sort son premier album solo dans la foulée, Saxy Party, en 1969, chez Mercury. Le succès est immédiat.

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Reconnaissance internationale

Au début des années 1970, sa musique traverse les océans et il fait une tournée aux États-Unis qui nourrit encore davantage son style musical. Manu Dibango devient alors le pape du world jazz. Il sort des albums avec une fréquence métronomique (presque un par an) comme Africadelic, Manu 76 ou la bande originale du film Le Prix de la liberté. De retour en France, il accompagne Serge Gainsbourg et traverse ainsi les années 1980 entre disques personnels (Waka Juju, Afrijazzy, Electric Africa) et participations pour ceux des autres. Il enregistre en 1992 l’un de ses albums qui rencontrera le plus de succès, Wakafrika, entièrement composé de reprises de grands standards africains, avec de nombreux invités exceptionnels, tels Youssou N’Dour, Peter Gabriel ou encore Papa Wemba. De plus en plus demandé, Manu Dibango entame de grandes tournées internationales et son rythme de création reste effréné durant les décennies 1990 et 2000.

Manu Dibango Balade en saxo Cover - Manu Dibango - Wakafrika - HD

On lui doit notamment les albums CubAfrica aux sonorités cubaines, Makossa man, Lamastabastani, ainsi que la bande originale du film Kirikou et les bêtes sauvages et un hommage à Sidney Bechet. Dans les années 2010, l’âge aidant, Manu Dibango accepte de délaisser peu à peu son saxophone, ne le reprenant que le temps d’un album événementiel, comme ses derniers opus, Afro-soul Machine en 2011 et Balade en saxo en 2013. Une carrière imposante qu’il raconte dans ses autobiographies Trois kilos de café et Balade en saxo dans les coulisses de ma vie, à lire en écoutant ses mélodies groovy et intemporelles.

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Article rédigé par
Mathieu M.
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