Si l’année passée quelques projets d’album-hommages ont marqué l’anniversaire de sa disparition (1959), c’est bel et bien cette année que les institutions s’en mêlent. Le dix mars 2020, l’incomparable Boris Vian aurait eu 100 ans, top départ de réjouissances tout azimuts. Rallumons les bougies, la chanson, le jazz, la java, le boogie-woogie et…En avant la musique !
Quand le compteur tourne et finit par retomber sur un chiffre rond, la perche nous est tendue pour un coup d’œil dans le rétro en bonne et due forme. Bonne musique et bons mots ne sont-ils pas la meilleure des associations ? Anniversaire de la naissance d’un véritable dynamiteur de codes, probablement incompris en son temps et aujourd’hui quasi sacralisé, on fête cette année les 100 ans de l’incomparable Boris Vian.
Une vie courte et exubérante, une œuvre faste et abondante
Il aurait eu 100 ans le 10 mars, mais son cœur en a décidé autrement et s’est arrêté net en 1959, à 39 ans tout juste.
Malgré ce (trop) jeune âge pour partir, Boris Vian a laissé une incroyable somme de publications tous azimut. Une œuvre pas toujours très bien comprise en son temps dans la France de l’après-guerre mais aujourd’hui célébrée jusque dans les écoles où certains de ses romans et de ses chansons sont scruté de près et étudiés.
Ce personnage haut en couleurs et en inventivité, inspiré par les surréalistes et indissociable de l’âge d’or de St Germain-des-Prés a engendré une quantité astronomique d’écrits, incluant romans, essais, articles, chansons, poésies… On ne va pas faire ici l’étalage de cette littérature plurielle, vous en connaissez sûrement une bonne partie du fait son rayonnement et dans une certaine mesure, son influence sur le monde de la littérature contemporaine.
Herbe rouge, griseries et note bleue
Outre son œuvre imprimée (publiée il y a 10 ans à la Pléiade et réimprimée cette année pour l’occasion), il faut se rendre compte de l’influence du bonhomme sur le paysage musical français de l’après-guerre.
Féru de musique et surtout fou de jazz depuis sa rencontre avec Duke Ellington, rappelons qu’il fut un véritable relais pour ces musiques aux souches afro-américaines sur le sol français. Allié à des acolytes de renoms (Henry Salvador, Alain Goraguer, Michel Legrand…), les premiers 45 tours de rock’n’roll en français sont d’ailleurs sortis sous son impulsion, sans grand succès à l’époque.
Jazz, chanson, rock, écriture, c’est sous les nombreux noms d’emprunts et autres pseudos qu’il a opéré (une trentaine quand même). Sous sa plume aiguisée, qu’elle soit d’un sérieux dénonciateur, isoumise, éthylique ou parodique, des dizaines de chansons que des artistes autres que lui interprèteront de son vivant et post mortem. (Mouloudji, Les Frères Jacques, Reggiani, Lavillier, Joan Baez, Maurice Chevalier, Montand, Gréco, Catherine Sauvage, Jacques Higelin, Magali Noel…).
Tout un legs que vous retrouverez autour des disques qui paraissent ces jours-ci, sous forme de coffret complet ou de simples compilations.
Sa connaissance accrue du milieu de la musique (il fut un temps directeur artistique pour la maison Fontana/Philips) l’auront conduit à être également critique musical. Si vous ne l’avez jamais parcouru, procurez-vous sans plus tarder En Avant La Zizique (et par ici les gros sous), génial essai sur l’envers du décor des maisons de disques et autres machines à tubes de l’époque. Un must qui à l’heure d’un énième chahut de l’industrie musicale pose question et nous rappelle que s’il fut incompris et critiqué de son vivant, Boris Vian était un sacré visionaire, peut-être tout simplement en avance sur son temps.
Une véritable institution et une année anniversaire chargée
Visionnaire, érudit, truculent et profondément humaniste (Le Déserteur en est sûrement la preuve ultime), ce sont peut-être les mots de Brassens lui-même qui résument finalement le mieux l’héritage que Vian nous a légué.
“Boris Vian est un de ces aventuriers solitaires qui s’élancent à corps perdu à la découverte d’un nouveau monde, la chanson. Si les chansons de Boris Vian n’existaient pas, il nous manquerait quelque chose. Elles contiennent ce je-ne-sais-quoi d’irremplaçable qui fait l’intérêt et l’opportunité d’une œuvre artistique quelconque. J’ai entendu dire à d’aucuns qu’ils n’aimaient pas ça. Grand bien leur fasse ! Un temps viendra comme dit l’autre, où les chiens auront besoin de leur queue, et tous les publics des chansons de Boris Vian.” Georges Brassens.
A l’occasion de cet anniversaire, la Fnac réédite en exclusivité le coffret de 4 CD Jacques Cannetti, Vian et ses interprètes, épuisé de longue date. Mais vous trouverez également une toute nouvelle anthologie de 10 CD et double vinyle (publié par la respectable maison Le Chant du Monde), ainsi qu’un large éventail de publications sur son œuvre musicale protéiforme sous des thematiques plus ou moins vaporeuses (Boris Vian & le Jazz, Le prince de St Germain des près, Best Of…).
Et on laisse aux collègues libraires le soin de vous parler des nombreux livres, beaux livres, romans, essais qui pour l’occasion se refont une beauté. Une goutte d’eau dans l’océan de réjouissances qui vont avoir lieu tout au fil de l’année (expos, concerts, lectures…)
Et pour finir en beauté à deux pas de St Germain-des-prés, on vous invite à venir découvrir à la Fnac Montparnasse (rayon librairie et rayon disques) une large sélection d’ouvrages (livres, BD, disques vinyles, CD, coffrets…), des évènements à venir (rencontres, lectures) et encore bien d’autres surprises à découvrir autour de ce formidable écrivain.
Bon anniversaire monsieur Boris Vian !
Visuel d’illustration : © Kévin Faroux – Centenaireborisvian.com