Personnage difficile à cerner, le chanteur Daniel Johnston a influencé de nombreux artistes durant près de quarante ans de carrière marquée par un manque de reconnaissance du grand public. De Kurt Cobain à David Bowie, en passant par Tom Waits et Beck, nombreux sont pourtant les stars du rock indé à reconnaître son talent et à avoir contribué à sa reconnaissance tardive.
Brève rencontre
Comme dans toutes les bonnes histoires, l’amour aura été l’élément déclencheur de l’œuvre de Daniel Johnston. Complexé, grandissant dans une éducation puritaine, atteint précocement de trouble bipolaire, Daniel Johnston rencontre dans sa vingtaine Laurie Allen, une jeune femme dont il s’éprend. Nous sommes au début des années 1980, et Johnston va choisir un support moderne pour lui déclarer sa flamme : la cassette audio. Pendant des mois, avec pour seuls instruments sa guitare et sa voix, il va lui livrer des dizaines de chansons. Et si le garçon n’aura pas le bonheur promis, Laurie Allen préférant épouser un croque-mort, le style Daniel Johnston, un folk en lo-fi (low fidelity), enregistré de manière brute, s’impose. Petit à petit, errant au gré de crises psychologiques qui le voient s’engager par exemple dans une compagnie de cirque, il gagne le Texas, où il acquiert une petite célébrité dans les milieux alternatifs à la fin des années 1980, et se fait connaître auprès de quelques passionnés de musique indé, les chanteurs de Nirvana (Kurt Cobain) et de Pavement (Mark Linous) et le groupe Yo la Tengo en tête, grâce à son album Jad Fair and Daniel Johnston ou les chansons tirées de la K7 Hi, How Are You (désormais disponible en vinyle avec Yip Jump).
Tragique et comics
Séjournant souvent en hôpital psychiatrique, développant une paranoïa vis-à-vis de Satan qui se retrouve dans ses chansons, Daniel Johnston a créé un univers dense, entre ses musiques et ses comics, son autre passion et passe-temps, rempli de personnages et de symboles. Signé en major dans les années 1990, il ne connaît pas un grand succès, mais sa maladie commence à se stabiliser. La reconnaissance critique arrive dans les années 2000, notamment avec la parution de l’album Fear Yourself, ou la compilation The Late Great Daniel Johnston, paru en même temps que le documentaire sur sa vie, The Devil and Daniel Johnston. Depuis lors, il s’est produit en concert en Europe et a continué d’influencer un grand nombre d’artistes singuliers, des Moldy Peaches à Jean-Luc Le Ténia.