À voir le succès de Dragon Ball Super : Broly en salle en janvier dernier, les trentenaires et quadragénaires peuvent se réjouir : Son Goku et Vegeta ont désormais pleinement intégré la pop culture. Et ils ne sont pas les seuls. Le cinéma, la musique et même la littérature ne cessent de faire référence aux héros des années 70-80-90. Retour sur une époque où la nostalgie devient fait culturel.
Des générations bercées
Vilipendés, dépeints comme abrutissants, sans intérêt voire avilissants, les dessins animés japonais ont malgré tout déferlé sur l’Occident dans les années 1970. Caricaturés à outrance, ils ont pourtant marqué des générations entières, qui faisaient, par leur entremise, leurs premiers pas dans l’univers des œuvres narratives. Pour les quinquagénaires et sexagénaires d’aujourd’hui, Goldorak et Albator ont été des portes d’entrée dans la science-fiction, en particulier en France (Alexandre Astier a avoué rêver d’une adaptation du premier au cinéma). Classique du manga au féminin, Lady Oscar en dessin animé ou Candy ont durablement influencé cette même génération. Dans la décennie suivante, avec le succès du Club Dorothée, tout un cortège de héros a émerveillé le quotidien des écoliers et des collégiens des eighties : les footballeurs d’Olive et Tom, les guerriers de Dragon Ball Z et des Chevaliers du Zodiaque, les volleyeuses de Jeanne et Serge, les magiciennes de Sailor Moon… Malgré des histoires à rallonge et une animation parfois déficiente selon les critères actuels, ils ont su rester des figures réconfortantes tant leurs exploits véhiculaient des vertus positives. Et si aujourd’hui encore l’humour de Nicky Larson résonne dans les salles (il est devenu héros au cinéma via le film Nicky Larson et le parfum de Cupidon), c’est bien que l’empreinte de cette décennie est incontestable, tant du côté des spectateurs que des créateurs. En parallèle de ces personnages japonais, l’Occident n’a pas été avare en figures iconiques, des Tortues Ninja aux Animaniacs, en passant par Transformers et les Moomin. Pour les millennials, le Japon a continué d’être une source inépuisable, comme l’atteste le succès de Naruto, des Pokémon ou de Yu-Gi-Oh.
De la marge à la norme
Le succès durable des personnages d’adaptations animées de mangas, de comics de jeux vidéo, voire de contes, de mythes et de romans jeunesse (Ulysse 31, Les Mystérieuses Cités d’or, Princesse Sarah…) accompagne un autre phénomène : l’arrivée dans le champ du mainstream d’œuvres pour adolescents. Cet avènement s’est manifesté au cinéma à la fin des années 1970, par l’essor, à Hollywood, de films moins adultes qu’auparavant, comme la trilogie Star Wars ou les blockbusters de Steven Spielberg (Les Dents de la mer, E.T., Indiana Jones). Dès lors, la culture geek s’en est emparé, de même qu’elle s’est tournée vers le Japon pour rechercher de nouvelles mythologies à analyser et des univers inédits à parcourir. De la même façon qu’elle a pu se saisir de l’heroic-fantasy, des pulps ou des comic books aux États-Unis, cette approche démocratique des arts populaires, marginale à ses débuts, a investi les produits de grande consommation, les transformant en objets cultes ; l’attitude geek est fortement liée à l’enfance, et le fait de se replonger dans d’anciens dessins animés à l’âge adulte n’a rien de gênant ou d’honteux. Au fur et à mesure de l’émergence d’Internet et d’un certain renouvellement des générations, la culture geek a progressivement envahi notre horizon : Quentin Tarantino, Kevin Smith et J.J. Abrams se sont imposés, l’adaptation de manga, jeux vidéo et comic books est devenue un passage obligé pour les grands studios américains et c’est désormais cette culture populaire qui a la faveur des médias audiovisuels contemporains.
Renaissance cyclique
Objet d’appropriation culturelle, les personnages de notre enfance reviennent par cycle dans l’actualité, au gré des modes. Ainsi, le retour de Star Trek au cinéma a permis au capitaine Kirk et à Spock, longtemps considérés comme ringards sous nos latitudes, de vivre une seconde jeunesse et toute une génération de natifs des années 2000 a connu l’univers de Star Wars grâce à l’épisode VII. D’année en année, les icônes pop ressurgissent, sous différents médias, surfant à la fois sur la nostalgie des plus vieux fans que sur le plaisir de la découverte par de nouveaux adeptes. En témoignent la nouvelle série Moomin, le film Nicky Larson, l’anime Dragon Ball Super ou le dernier feuilleton Star Trek Discovery : nos idoles d’antan ne sont pas près de faire leurs adieux !
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