Annoncé comme inéluctablement condamné avec l’arrivée des différentes applications de messagerie et notamment de WhatsApp, le SMS continue pourtant son petit bonhomme de chemin, plus de 30 ans après sa création. On vous explique pourquoi.
Le SMS , c’est quoi ?
SMS est l’acronyme de Short Message Service, littéralement « service de message court ». Notons que dans les pays francophones ou lui préfère parfois le terme de « texto ». Comme son nom l’indique il s’agissait à l‘origine d’un service permettant d’envoyer des messages courts d’un téléphone à mobile à un autre. Bien avant Twitter et ses 140 caractères, le SMS est arrivé en 1992 avec une limite de 160 caractères. Un peu court pour raconter sa vie, ce qui explique que très rapidement s’est développé ce qu’on a appelé le « langage SMS » fait d’abréviations, comme fds pour fin de semaine ou l’éternel mdr pour mort de rire.
Les plus anciens se souviennent certainement de l’époque héroïque, quand envoyer un SMS était plutôt couteux -1 franc, soit environ 15 centimes d’euros- et que l’envoi n’était possible que vers le téléphone d’une personne qui était chez le même opérateur. Sans oublier l’inconfort de la frappe, avec des claviers physiques peu pratiques : avec plusieurs lettres assignées à une touche, il fallait taper plusieurs fois pour chaque lettre d’un mot, imaginez le temps qu’il fallait pour les moins doués pour envoyer un message.
Heureusement, avec les progrès et l’évolution des offres des opérateurs, les choses se sont améliorées. D’abord est arrivé le forfait SMS qui permettait d’envoyer un nombre plus important de SMS pour un coût donné, et bien entendu plus avantageux. Attention en revanche aux dépassements de forfait… Ensuite, il est devenu possible d’envoyer des SMS vers d’autres opérateurs grâce à l’interopérabilité. L’arrivée des écrans tactiles et des claviers virtuels a également rendu la frappe bien plus ergonomique.
Tant et si bien qu’à son apogée, il s’échangeait pas moins de 200 milliards de SMS sur une année, rien qu’en France. Avec un très gros pic correspondant aux vœux de fin d’année.
Le saviez-vous ? Le SMS a été créé à l’origine pour aider les personnes malentendantes à communiquer.
Depuis 2014, le déclin
Le SMS est longtemps resté le moyen le plus simple, le plus évident et le plus pratique pour envoyer des messages courts sans passer par l’appel téléphonique. Mais avec l’émergence du smartphone et de l’internet mobile il a vu arriver de rudes concurrents, entre les réseaux sociaux et les applications de messagerie. Ces dernières, notamment, permettent de communiquer plus aisément, de partager des infos dans un groupe de discussion, de chatter, etc. WhatsApp, pour citer le grand rival des SMS, permet de partager des vidéos, des fichiers audio, des images, le tout de façon bien plus ergonomique sur smartphone.
Mais l’avantage fondamental de ces applications qui a favorisé leur succès initial, c’est leur gratuité. Même si aujourd’hui les forfaits téléphoniques avec SMS illimités inclus sont la norme, il n’en a pas toujours été de même comme nous l’avons vu. Inutile de dire que les consommateurs ont vite été séduits par la perspective de pouvoir utiliser une application de messagerie qui nécessitait juste un accès internet.
Et notamment les plus gros consommateurs de SMS, c’est à dire les jeunes, qui évitent également ainsi d’éventuels frais de roaming lors de leurs vacances à l‘étranger. Il ne faut pas oublier que les forfaits SMS illimités sont quasiment une spécificité française, et dans beaucoup de pays il faut composer avec une limite de SMS notamment pour les forfaits premier prix.
Résultat, on est passé de 6 000 milliards de SMS échangés annuellement en 2014 à 3 000 en 2016, et certainement beaucoup moins aujourd’hui. iMessage d’Apple, Facebook Messenger, Wechat en Asie et surtout WhatsApp ont été largement adoptés par la population jeune ou moins jeune.
Le salut par les pros ?
Si l’usage du SMS s’est largement contracté chez les particuliers, il reste une solution de communication privilégiée pour de nombreux professionnels.
La double authentification, par exemple, passe souvent par l’envoi d’un code par SMS pour sécuriser l’accès à un compte. Il est en particulier très utilisé par des organismes bancaires et financiers, comme c’est le cas par exemple de Boursorama et de PayPal. Pas forcément à bon escient d’ailleurs, puisque la sécurité des communications SMS n’est pas optimale.
Les SMS aussi la cote pour des campagnes commerciales. Moins chères pour les professionnels qu’une campagne par emailing ou par téléphone, les campagnes par SMS ont aussi l’avantage de la pertinence -on est certain de toucher le bon interlocuteur grâce à son numéro de téléphone- et de l’efficacité, le taux d’ouverture (pourcentage de messages lus par rapport au nombre de messages envoyés) étant bien plus important avec les SMS, de l’ordre de plus de 90%.
Le SMS est également encore très utilisé par les transporteurs et les livreurs pour vous prévenir de l’expédition d’une commande et vous tenir au courant des étapes de la livraison.
Dans le cadre de la pandémie, hélas toujours d’actualité, c’est par SMS que l’on reçoit le lien pour accéder au résultat d’un test Covid 19. Ce support reste d’ailleurs prioritaire pour prévenir l’ensemble de la population d’un danger imminent (attaque terroriste, tsunami, accident industriel grave, etc.).
Ce qui n’a rien d’illogique d’ailleurs : tout le monde n’a pas accès à l’internet mobile, et de nombreuses personnes restent réfractaires aux réseaux sociaux et applications de messagerie. Le SMS, lui, est universel et disponible sur tous les téléphones, qu’il s’agisse d’un « feature phone » (téléphone basique sans accès internet) ou d’un smartphone.
Si le SMS peine à se renouveler, certaines firmes comme Google planchent sur un nouveau service, le RCS, avec un nouveau service de messagerie baptisé Chat. Ce dernier serait un pendant aux iMessages utilisés par les possesseurs d’iPhone, et une alternative aux SMS pour les utilisateurs de smartphones Android.