Alors que la comédie musicale Grease a cartonné au Théâtre Mogador, le film culte souffle ses 40 bougies, et son réalisateur Randal Kleiser a fêté l’événement… en France ! C’est avec une certaine excitation que nous avons voulu en savoir plus sur la genèse du film, ses inspirations et son adaptation qui traverse les décennies et les générations sans prendre une ride. Car disons-le franchement : Grease restera à jamais au panthéon des meilleures comédies musicales !
D’où vous est venue l’idée d’adapter la comédie musicale Grease ?
Randal Kleiser : J’ai été engagé par Allan Carr et Robert Stigwood pour réaliser le film. C’est John Travolta qui m’a recommandé après le tournage de L’enfant bulle (film de 1976, avec John Travolta). À l’origine, j’avais été contacté pour réaliser Saturday Night Fever, mais je suis content que Stigwood m’ait redirigé vers Grease. Après avoir signé pour le film, j’ai vu une représentation de la comédie musicale à Chicago. J’ai été inspiré par les numéros originaux, en particulier Summer Nights, Greased Lightning et We Go Together.
Quelles sont les différences entre la comédie musicale et le film ?
La comédie musicale a un aspect urbain et réaliste, et se déroule à Chicago. Comme nous tournions sous le soleil de Californie, nous l’avons rendue plus grand public. Ayant grandi dans la banlieue de Radnor en Pennsylvanie, cela reflétait bien ma sensibilité. Je voulais intégrer de nombreuses références aux années 50 : les vêtements, les couleurs, le casting… La plupart des acteurs sont des icônes de cette période : Eve Arden de la série Our Miss Brooks, les idoles des jeunes Edd Byrnes et Frankie Avalon, Sid Caesar de l’émission de variétés Your Show of Shows.
On a ajouté des scènes extérieures qui n’étaient pas réalisables dans la comédie musicale, comme la course de voitures. Pour cette scène, j’ai voulu mélanger la course de chars de Ben Hur avec la course de voitures de La Fureur de vivre. On a aussi modifié des numéros, et on en ajouté d’autres comme You’re the One that I want ou Hopelessly Devoted to You.
Grease fête ses 40 ans cette année, et la comédie musicale ses 47 ans. Quel est le secret de son succès mondial et de sa longévité ?
La comédie musicale était déjà un succès commercial à Broadway. L’histoire a un attrait universel, et met en scène des personnages auxquels on peut tous s’identifier. Les années 50 étaient une période pleine d’innocence en Amérique, Grease reflète bien cet état d’esprit. De nombreuses personnes aimeraient que le monde soit plus comme ça aujourd’hui, ce qui peut expliquer une partie de la popularité du film. La distribution et la musique font le reste. Les chansons ont fait un carton au hit-parade. L’été 1978, on avait quatre tubes qui tournaient en boucle sur toutes les stations de radio. On pouvait passer d’une station à l’autre et tomber sur l’une de nos chansons. Notre casting était plein d’énergie, excité de donner vie à Grease sur grand écran. Je pense que toute la troupe était imprégnée.
Quelle est votre comédie musicale préférée ? Pourquoi ?
Les Misérables est une source d’inspiration pour moi. J’aime la musique et la réalisation. Les acteurs ont réussi à jouer en direct sur le tournage, alors que la plupart des films musicaux comme Grease sont tournés en playback. Les performances n’auraient pas pu atteindre un tel niveau d’émotion et de pureté autrement. Les acteurs étaient équipés de tout petits micros sur leurs costumes qui ont été effacés à l’ordinateur. Cette technique a permis un son d’une qualité extraordinaire et une impression de véritable performance en live. La musique et les chansons sont fantastiques et très touchantes. Le montage du plan-séquence One Day More, avec les voix qui se superposent les unes sur les autres, est une prouesse cinématographique !
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Photo de Randal Kleiser : © Stage Entertainment – Clément Sautet – Puppets