Symbole d’excellence en matière d’édition, La Pléiade fascine toujours autant les lecteurs, auteurs et érudits. Voilà une institution presque centenaire dont le degré d’exigence en matière de qualité éditoriale n’a pas pris une ride. Un décryptage d’un roc de la littérature française et un documentaire sur les coulisses de la fabrication d’une collection de prestige.
Un objet intemporel
Née en 1931, la bibliothèque de la Pléiade est la collection prestige des éditions Gallimard. Sa charte de fabrication demeure inchangée depuis ses débuts : tous les ouvrages sont de la même dimension (11 x 17,5 cm), ils sont imprimés sur papier bible et reliés sous couverture pleine peau souple et dorés à l’or fin. La reliure est l’œuvre d’un seul et unique prestataire, les ateliers Babouot. Des spécificités techniques qui en font certes un objet de luxe – la « Rolls Royce de l’édition » – mais qui soulignent avant tout l’effort d’élever le livre à un statut quasi sacré. La Pléiade est à la fois un sanctuaire de conservation et de mémoire (des grandes œuvres françaises et internationales), mais aussi un outil de réflexion.
Réfléchir la littérature
L’intérêt de cette collection est aussi scientifique. Reconnue par le monde universitaire pour sa rigueur et la richesse de son contenu, c’est une référence en la matière, véritable encyclopédie de la littérature mondiale. On compte à ce jour près de 700 ouvrages publiés, 250 auteurs : un corpus très impressionnant qui couvre 20 domaines linguistiques (dont le sanskrit prâkrit, l’islandais ou le grec ancien). Chaque ouvrage est réalisé avec l’aide de chercheurs et de spécialistes finement sélectionnés pour garantir un appareil critique destiné à faire « date ». Cette qualité éditoriale nécessite parfois des années de préparation et d’exécution. La moindre note ou notice se devant d’être irréprochable. Une exigence constante depuis le premier tome (les Poésies de Baudelaire) jusqu’aux plus récents.
Séduire un large public
Si la Pléiade se doit de reconnaître les talents de manière indiscutable (seuls 18 auteurs y sont « entrés » de leur vivants, André Gide, le premier, en 1939 et le dernier en date Philip Roth en 2017), elle répond aussi à une logique commerciale. Parmi les meilleures ventes de la collection figurent ainsi des auteurs très populaires : Saint Exupéry, Camus, Proust ou Malraux. Afin de renouveler et rajeunir son lectorat, il faut savoir opter pour des auteurs capables d’attirer les plus jeunes. Cette année, deux auteurs font leur entrée dans la prestigieuse collection : Jack London et Michel Tournier. Deux écrivains dont les écrits passionnent toujours autant les lecteurs et les commentateurs.
Un équilibre fragile entre exigence artistique et plaisir romanesque : quoi de mieux pour une collection qui a su préserver sa vitalité en évitant de devenir une simple gardienne de musée ?
Un documentaire signé Gallimard
La collection prestigieuse des éditions Gallimard, c’est encore Antoine Gallimard qui en parle le mieux : « La seule façon pour retrouver du temps à soi, c’est vraiment de lire une Pléiade. » Le président du groupe Madrigall présente la ligne éditoriale et les desseins de la collection en vidéo. Un documentaire inédit qui investit les coulisses de l’atelier et révèle les secrets de la genèse et de la fabrication de ces superbes livres.
Visuel d’illustration © Thomas Kelley