Décryptage

Sherlock, de la télé au manga : le jeu des 7 différences

14 juillet 2017
Par Antoine
Sherlock, de la télé au manga : le jeu des 7 différences
©DR

Après un succès mondial qui ne se dément pas depuis 2010, le dessinateur Jay propose une version manga de la série télé Sherlock. Même scénario, dessins au plus proche des personnages : les ingrédients sont là pour que la mayonnaise prenne. Sir Arthur Conan Doyle assumerait-il la paternité de ce nouveau transfuge « sherlockien » ? Voyons voir…

Sherlock, une étude en roseEsprit de Sherlock, es-tu là ?

Fougueux, lunatique, brillant, insupportable : tous ceux qui se sont lancés dans l’adaptation des romans de Sir Arthur Conan Doyle se sont frottés aux caractéristiques hors normes du personnage de Sherlock Holmes. Citons l’excellente appropriation du réalisateur Guy Ritchie, dont l’univers cinématographique décousu, survolté et malicieux exprime à merveille la complexité du détective anglais. De même, la série TV de Moffat et Gatiss reprend les codes de l’univers de Sherlock Holmes, servie à merveille par Benedict Cumberbatch et Martin Freeman. La version manga s’affranchit-elle du pacte initial ? En partie. Le dessinateur Jay intériorise quelque peu le bouillonnement du détective : le scénario est apaisé et Sherlock Holmes plus secret encore qu’à l’écran. Comme il n’y a pas de Starsky sans Hutch ou de Mulder sans Scully, pas de Sherlock Holmes sans John Watson. Plus encore que dans la série le personnage apparaît comme un petit bonhomme triste, sûr de rien et doutant de lui qui va se réveiller au contact de son nouveau colocataire.

Quand l’histoire se répète

Côté scénario, les deux premiers tomes du manga reprennent à quelques détails près les deux premiers épisodes de la série Sherlock. Le tout premier, Une étude en rose, relate la rencontre entre Holmes et Watson, puis la toute première enquête du tandem. Plus encore que dans la série, le manga donne d’abord à voir le point de vue du docteur Watson, partagé entre humiliation et envie irrépressible de suivre le mouvement. L’histoire suit scène à scène celle de la série, mettant en place l’imparable mécanique de déduction de Sherlock Holmes. Quant au dessin, il reprend avec réussite les traits des acteurs principaux. Le deuxième tome, Le Banquier aveugle, déroule la partition avec une enquête plus trouble dans laquelle toute la vérité ne sera pas levée. On y retrouve un John Watson plus complexe que le personnage de la série, un brin séducteur et moins sensible que les apparences le laissent supposer. Un Mycroft Holmes plus sarcastique et machiavélique, l’ombre de Moriarty : les personnages secondaires se dessinent et s’émancipent de leurs originaux télévisuels.

Et ensuite ?

Gageons que les éditions Kurokawa poursuivront la publication de ce Sherlock revisité façon manga. Le format est plaisant et convainc tant les amateurs de livres que les admirateurs de l’enquêteur britannique. On prend plaisir à retrouver les intrigues habilement refondues dans notre XXIe siècle, dessinées de façon plus intimistes. L’enjeu pour Jay sera de jouer encore plus sur le côté introspectif de ses personnages de papier, en particulier du docteur Watson qui gagne ici en densité. Une belle façon de réinventer la série TV sans pour autant la dénaturer.

Parution le 9 février 2017 – 204 pages

Sherlock, Tome 1 : une étude en rose, Jay (Kurokawa) sur Fnac.com

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