Le 9 mars a eu lieu la cérémonie des 29e Victoires de la Musique Classique en direct du Grand Théâtre de Provence à Aix-en-Provence, en direct sur France 3 et France Musique. Petit tour d’horizon des lauréats et des finalistes dans les sept catégories.
Emmanuelle Bertrand (violoncelle) et Sol Gabetta (violoncelle), meilleures solistes instrumental
Rare occurrence d’ex-aequo, renforcée par l’instrument en commun, la victoire du meilleur soliste instrumental fut décernée à Emmanuelle Bertrand et Sol Gabetta. Si le 2e nom est plus familier aux esthètes du violoncelle, Bertrand n’en est pas moins une des violoncellistes françaises les plus recherchées, dédicataire de nombreuses commandes. Le jury n’a pas pu trancher entre ces deux grandes dames du violoncelle. Théotime Langlois de Swarte était l’autre nommé, et défendait les couleurs du violon baroque.
Ludovic Tézier (baryton), meilleur soliste lyrique
La compétition était serrée, surtout avec des taulières de maisons d’opéra comme Sabine Devieilhe et Barbara Hannigan. C’est in fine le baryton Ludovic Tézier qui a remporté la statuette. Son endurance et sa puissance légendaires dans les rôles les plus exigeants du répertoire – notamment verdien – a une fois de plus conquis public et jury.
Manon Galy (violon), meilleure révélation soliste instrumental
Face au pianiste Jérémie Moreau et au gambiste Valentin Tournet, c’est la violoniste Manon Galy qui a fait dire au jury qu’elle était l’étoile montante la plus prometteuse de l’année. Favorite des concours dont elle collectionne les premiers prix à seulement 25 ans, Galy a déjà la reconnaissance de plusieurs pairs par ses fréquents guestings au sein des formations les plus prestigieuses et son dévouement à la création contemporaine. Surtout, Manon Galy brise une malédiction pour le violon : aucun violoniste n’avait remporté le prix de la révélation depuis Renaud Capuçon en 2000 !
Eugénie Joneau (mezzo-soprano), meilleure révélation soliste lyrique
Soirée décidément très féminine, avec 4 lauréates sur 5 dans les Victoires instrumentales et vocales ! La mezzo-soprano Eugénie Joneau complète le tableau en remportant la Victoire de la révélation lyrique face à la soprano Sarah Aristidou et la mezzo Marie-Andrée Bouchard-Lesieur. Le jury continue de récompenser son ascension fulgurante depuis quatre ans sur les scènes belcantistes et les différents festivals.
Pierre Dumoussaud, meilleure révélation chef d’orchestre
Moment très attendu de la soirée car il s’agissait de la première fois que les Victoires de la musique classique récompensaient une révélation chef d’orchestre. Entre les trois talents, c’est finalement Pierre Dumoussaud qui l’a remporté face à ses deux collègues Chloé Dufresne et Stephanie Childress. L’ex-bassoniste, déjà victorieux au Concours de l’Opéra Royal de Wallonie, poursuit donc sa marche victorieuse, faite de directions claires et d’une éloquence hors du commun.
Kaija Saariaho, meilleure compositrice
Difficile de se mesurer à Kaija Saariaho, l’une des compositrices contemporaines les plus acclamées. Benoît Menut et Alex Nante ont dû arriver à cette conclusion lors de la soirée. Son opéra Innocence, où le passé revient troubler la joie apparente d’un banquet de mariage, fut un des grands moments du festival d’Aix-en-Provence en 2021. C’est logiquement que le jury a confirmé la suprématie de la compositrice pléthorique dans le paysage contemporain actuel. Saariaho est la deuxième femme à remporter la récompense, après Camille Pépin en 2020.
Cris de Thierry Escaich, meilleur enregistrement
Thierry Escaich, l’un des meilleurs compositeurs contemporains français, réputé pour l’énergie ultra-dynamique de ses oeuvres, clôt ce palmarès par la Victoire du meilleur enregistrement avec Cris, face à BariTénor de Michael Spyres et The Mad Lover de Thomas Dunford et Théotime Langlois de Swarte. Escaich a paru touché par cette reconnaissance, rappelant la nécessité de la création contemporaine quel que soit le médium. Une perpétuation d’héritage rejoignant la maxime de Gustav Mahler : « La tradition, ce n’est pas d’adorer les cendres, mais de préserver le feu ».
Une cérémonie riche en joie et en émotions, notamment par sa dédicace à l’Ukraine. Les couleurs du pays ont recouvert la salle, et l’on se souvient du magnifique speech de la cheffe Ariane Matiakh, d’origine ukrainienne, rendant hommage à son pays mais exhortant aussi à ne pas invisibiliser les artistes russes ayant condamné les décisions de leur président.
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