RENTRÉE LITTÉRAIRE – 18 ans après avoir s’être délecté d’une Première Gorgée de bière, Philippe Delerm étanche sa soif d’écrire dans Les Eaux troubles du Mojito. Un recueil de nouvelles qui chantent « les belles raisons d’habiter sur terre ». Une série de textes courts et ciselés, dressant une liste totalement subjective de ses enchantements terres
Morceaux choisis ? Se faire surprendre par une averse, passer une fin d’après-midi à la plage, laisser la chair gorgée d’eau de la pastèque se dissoudre sur notre langue, flâner dans Venise… L’auteur de La Sieste assassinée et de La Cinquième Saison livre ici une série de textes courts et ciselés, dressant une liste totalement subjective de ses enchantements terrestres.
Plaisirs de vie, plaisirs des mots
Au « Fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve » de Gainsbourg, Delerm répond, citant Jules Renard, « Le vrai bonheur serait de se souvenir du présent ». Car tel est bien le dessein de sa plume sensorielle : capturer l’instant, saisir des bribes d’humanité…
Mais si écrire sur l’intensité du présent implique une plongée à plume perdue dans les aspects les plus quotidiens de la vie, c’est aussi surtout accepter de vivre aux côtés d’une certaine mélancolie, d’une certaine nostalgie.
Pour ceux qui trouveraient l’exercice facile (digresser chaque jour sur une chose différente) et les thèmes abordés disparates (passant du coq à l’âne), qu’ils y regardent de plus près. Ils distingueront un fil tendu entre toutes ces variations. Un lien solide tissé par un passionné des belles lettres, un amoureux des mots qui déclare sa flamme à la littérature. Ainsi s’émerveille-t-il dans un très beau texte intitulé Ses lèvres bougent à peine, de son petit-fils découvrant « le pouvoir de lire ». Et puis ici et là, ce lecteur de Proust, qui dirige la collection Le Goût des Mots aux éditions Points, nous invite à tendre l’oreille pour entendre leur douce et envoûtante musique.
Philippe Delerm parle de son livre :
Paru le 20 août 2015