Alice est mère de famille et professeur renommée en linguistique. Femme accomplie et heureuse, elle se met soudainement à oublier des mots ou des évènements de manière de plus en plus récurrente. La cause ? Un Alzheimer précoce qui va l’obliger à surmonter cette épreuve, aux côtés de sa famille. Adaptation du livre L’Envol du papillon, focus sur l’un des films du début de cette année à l’occasion de sa sortie en Blu-ray et DVD.
Imaginez : vous avez la cinquantaine, vous êtes une brillante professeure en linguistique souvent invitée dans des conférences et auteure d’ouvrages sur le sujet. Puis imaginez que vous commencez à oublier des mots, oublier des évènements, et finissez par vous perdre juste à côté de votre lieu de travail lors de votre footing quotidien. Voici l’histoire d’Alice, femme accomplie et reconnue professionnellement mais atteinte d’un Alzheimer précoce.
Retour sur l’un des films des Oscars 2015 à l’occasion de sa sortie en DVD.
Adaptation du livre publié en 1987 L’Envol du papillon de Lisa Genova, Still Alice était l’un des films de ce début d’année 2015. Avec notamment des nominations aux Oscars et une aux Golden Globes, le film a su faire parler de lui pour bien des raisons…
Si le film a fait grand bruit, c’est d’abord et surtout pour la prestation éblouissante de Julianne Moore, ensencée pour ce rôle. Elle a reçu pour cela 10 récompenses, dont les fameux Oscars et Golden Globes de la meilleure actrice. Elle succédait aux deux précédentes oscarisées Jennifer Lawrence, une dépressive qui ne sait pas se contrôler dans Happiness Therapy, puis à Cate Blanchett, une femme au bord de la dépression dans Blue Jasmine, comme si les Oscars aimaient récompenser les actrices et les acteurs qui jouent les rôles de personnes malades (pour rappel, Matthew McConaughey avait lui aussi gagné l’Oscar 2014 du meilleur acteur pour son interprétation d’un cow-boy séropositif dans Dallas Buyers Club, tandis qu’en 2015, la récompense était revenue à Eddie Redmayne pour son incarnation de Stephen Hawking, atteint de sclérose latérale amyotrophique, dans Une Merveilleuse Histoire du Temps).
Dans Still Alice, Julianne Moore est saisissante : elle incarne avec brio cette femme malade qui est balancée entre la volonté de se battre et la cruauté du sort qui s’abat sur elle. Elle sait jouer avec les émotions et interprète avec force ces passages où Alice est en proie à la maladie : le regard vide, la passivité et l’attitude résignée de la femme touchent le spectateur, en opposition avec les moments où elle tente de mettre de l’ordre dans sa vie pour continuer à (sur)vivre normalement, et c’est sans doute la force première du film.
Côté casting toujours, Julianne Moore est accompagnée de la récemment Césarisée Kristen Stewart (héroïne de la saga Twilight) qui joue le rôle de sa fille, ou encore d’Alec Baldwin (Pearl Harbor, To Rome with Love, 30 Rock), qui interprète, lui, son mari. Les deux acteurs sont ici opposés dans le sens où ils n’ont pas le même rôle à jouer auprès d’Alice et ne réagissent pas de la même manière à cette terrible nouvelle qui s’immisce dans leur quotidien.
Ensuite, le film est une réussite car il touche le spectateur au plus profond de lui-même. Et pour cause, à l’image du cancer (sujet particulièrement représenté au cinéma avec des films comme Ma Vie pour la Tienne, Nos Etoiles Contraires, ou encore La Guerre est Déclarée), la maladie d’Alzheimer précoce est – bien que plus rare – une maladie qui peut toucher n’importe qui sans prévenir. Voir cette mère de famille à la carrière brillante tomber dans une situation complexe où elle ne peut par exemple plus sortir de chez elle seule est réellement touchant, tout comme les passages où elle ne se reconnait plus ou ne se souvient pas de choses qu’elle vient de faire.
Sans tomber pour autant dans le pathos, le film nous prend parfois aux tripes et nous pousse même à réfléchir sur notre propre situation. Un film douloureux mais qui, pour autant, nous montre la force des liens familiaux dans l’adversité et dans la maladie, avec tout ce que cela implique.
Il faut ensuite savoir à propos de ce film que le coréalisateur Richard Glatzer (Echo Park L.A.) était lui-même atteint d’une maladie incurable (Sclérose latérale amyotrophique, ou Maladie de Charcot, la même pathologie que Hawking), ce qui a rendu son approche du film toute particulière. Richard Glatzer est d’ailleurs décédé en mars 2015, peu après la sortie du film sur les écrans français. À ses côtés, Wash Westmoreland a lui-aussi joué les réalisateurs, les deux hommes – mariés – ayant toujours travaillés ensemble sur chacun de leurs films.
Au final, malgré une réalisation parfois un peu plate et en aucun cas révolutionnaire, ce drame familial nous touche au plus profond de nous-même, de par la dureté du sujet évoqué, mais aussi par l’interprétation incroyable de Julianne Moore (Chloé, Hunger Games, Non-Stop) qui nous fait frissonner du début à la fin.
Une ode à la vie et au combat pour un film réussi.