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ACAB, mais que fait la police ?

11 mars 2013
Par Pieric
ACAB, mais que fait la police ?

Bonne nouvelle ! On croyait le cinéma de genre transalpin moribond, il continue pourtant de nous envoyer régulièrement ses pépites…

« Cobra », « Negro » et « Mazinga » sont des « celerini », les équivalents italiens de nos CRS, qui portent leur mission de service public en haute estime. Contre l’adversité, face à une société de plus en plus radicale et une hiérarchie qui les soutient de moins en moins, ils se protègent derrière des valeurs basées sur la cohésion et la fraternité à tout prix. Quand l’un d’entre eux se retrouve grièvement blessé après un nouvel affrontement avec une horde de hooligans, l’honneur de l’uniforme ne saurait rester entaché…

Bonne nouvelle ! On croyait le cinéma de genre transalpin moribond, il continue pourtant de nous envoyer régulièrement ses pépites. Dans le genre polar social, décrivant le quotidien d’une poignée de CRS italiens aux agissements peu recommandables, A.C.A.B., « All Cops are Bastards » (slogan employé par les hooligans à partir du milieu des années 1980 et toujours usité par les Ultras des stades italiens) frappe fort et juste. Non seulement parce que Stefano Sollima dresse dans son film un constat sociétal effarant, mais aussi et surtout parce que sa mise en scène transpire le cinéma de la première à la dernière image. L’introduction, nous présentant un à un les principaux protagonistes dans toute leur ambigüité, est un exemple de caractérisation dont devrait s’inspirer les scénaristes en herbe. Et jusqu’à ce final terrassant, Stefano Sollima n’a de cesse de nous balader entre une certaine empathie pour ses personnages et leurs actions parfois condamnables. Une contradiction à l’image de la société malade dans laquelle ils évoluent (et loin d’être confinée aux frontières italiennes), bercée par le diktat de la communication réactionnaire et le cynisme politique.

Stefano Sollima n’oublie pas que pour « s’identifier » à ses personnages, ceux-ci doivent être incarnés par des acteurs au charisme impeccable. C’est évidemment le cas de Pierfrancesco Favino (incroyable dans Romanzo Criminale, vu aussi dans des productions hollywoodiennes comme Anges et Démons ou Le Monde de Narnia 2 : Le Prince Caspian) mais également de Marco Giallini, véritable révélation du film. Fruit d’un improbable croisement latin entre Clint Eastwood et Heny Fonda, il incarne avec conviction ce père dépassé sur sa droite par un fils adepte de l’idéologie néo-nazie.

Fils de Sergio Sollima (qui a offert quelques fleurons au cinéma de genre dans les années 1970 – Colorado, La Cité de la violence, La Poursuite Implacable), Stefano Sollima s’offre en guise de premier film une œuvre terriblement accomplie, sur le fond comme sur la forme. Une pépite on vous dit, à qui il faut d’urgence donner sa chance en DVD. 

P.S. : Uniquement proposée en DVD (pas de Blu-ray !), l’édition France Télévisions contient un seul et unique bonus, un making of, certes assez court (une quinzaine de minutes), mais relativement intéressant avec notamment des propos du réalisateur Stefano Sollima.

Découvrez la bande-annonce de A.C.A.B., ALL COPS ARE BASTARDS :

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Article rédigé par
Pieric
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