C’est avec une joie immense qu’on plonge dans ce Voyage Inattendu avec le sentiment de retrouver les membres d’une famille que le temps a trop longtemps séparés. Neuf années précisément et la sortie du Retour du Roi…
Bien avant les événements du Seigneur des anneaux, Bilbon Sacquet est loin d’être le Hobbit avide d’aventure et de découverte que l’on connaît. Dans sa petite maison de la Comté, il tient à son confort, son feu de cheminée et veille à garder son garde-manger bien rempli. Jusqu’au jour où il reçoit la visite impromptue de Gandalf le Gris et de treize Nains, menés par Thorin. Ces derniers ont la ferme intention de reconquérir leur cité d’Erebor, royaume opulent tombé aux griffes du terrible Smaug le dragon. Quant à Bilbon, Gandalf entend bien l’embrigader comme cambrioleur, car seul un Hobbit peut déjouer l’attention de Smaug. Parti pour un long et périlleux voyage, Bilbon Sacquet va user de ses propres armes pour devenir un aventurier singulier et digne de ce nom…
C’est avec une joie immense qu’on plonge dans ce Voyage inattendu avec le sentiment de retrouver les membres d’une famille que le temps a trop longtemps séparés. Neuf années précisément et la sortie du Retour du Roi. Logiquement, l’ouverture du film propose une transition avec ce vieux Bilbon qui entend tenir sa promesse et transmettre à Frodon ces aventures qu’il ne lui a jamais contées. Nous voilà alors propulsés à une époque où Gandalf et Bilbon ne se connaissaient pas, où Saroumane était l’un des cinq magiciens garants de l’ordre et de l’équilibre de la Terre du Milieu, où Galadriel et Elrond régnaient déjà sur Fondcombe… La crainte (légitime) que l’univers familier se traduise en un manque de surprise est vite balayée alors que Peter Jackson nous montre la chute d’Erebor, la cité des Nains, attaquée par un Smaug aussi gigantesque que furtif, attiré par l’or amassé depuis des lustres par les compatriotes de Gimli. Une séquence qui impose immédiatement virtuosité, faste et gigantisme, qui donne le ton du grand spectacle de deux heures quarante cinq à venir et rassure, si besoin, sur la maestria immuable de Peter Jackson et sa dévotion sans faille envers le matériau de J.R.R. Tolkien.
Pour enrichir une intrique plus linéaire que la précédente (le roman Le Hobbit fait 320 pages là où Le Seigneur des Anneaux en compte 1800), le scénario élaboré par Peter Jackson et sa fidèle équipe de scénaristes (enrichie par Guillermo Del Toro qui devait à l’origine porter à l’écran cette aventure, et ça se voit !) multiplie les enjeux dramatiques. Ceux-ci justifient au passage la décision de Peter Jackson d’envisager Le Hobbit come une trilogie. En puisant dans différents récits, annexes ou appendices, du Seigneur des anneaux ou du Silmarillion, Peter Jackson élève ce qui n’était qu’un simple récit d’aventures à un degré supérieur. La motivation et la légitimité de Bilbon au sein de la troupe, la quête des Nains apatrides, la vendetta plus personnelle de Thorin envers l’Orc Azog, ou encore les dangers menaçant la Terre du Milieu signalés par le bondissant magicien Radagast le Brun offrent autant d’intrigues qui hissent Le Hobbit au rang des films précédents. L’inattendu du titre réside aussi dans cet effet de surprise : là où on espérait l’adaptation au mieux fidèle d’un roman jeunesse, on se retrouve avec une œuvre d’où transpire une volonté forcenée de porter à l’écran la mythologie imaginée par Tolkien dans toute sa richesse et sa complexité.
Séquence attendue s’il en est, celle de la rencontre entre Gollum et Bilbon qui achève de cueillir le spectateur. Prenant toute son ampleur dans la durée, émouvante au-delà de toute attente et nourrissant d’ambigüité le personnage de Bilbon, elle se révèle au final l’une des plus intenses du film. Elle met aussi en relief l’incroyable bon technologique effectué en neuf ans par le génie visuel de Weta Workshop (Avatar est bel et bien passé par là…), qui irrigue le film de séquences toutes plus spectaculaires et majestueuses les unes que les autres.
Ce Voyage inattendu ouvre ainsi de la plus belle des manières la trilogie du Hobbit, et l’envie de poursuivre la quête aux côtés de ces nouveaux compagnons rend l’attente carrément irrésistible.
Retrouvez ici la chronique sur la bande originale du film composée par Howard Shore.