Nous utilisons de plus en plus les transports et nous sommes de plus en plus nombreux à travailler en espace ouvert, d’où l’essor des casques avec réduction active de bruit, gros succès de ces dernières années. Je vous propose un petit décryptage pour y voir plus clair.
Le bruit, cet ennemi dont on ne se méfie pas assez
Métro, avion, train, circulation, RER, open spaces, nos moyens de transport et nos espaces professionnels ont un point commun : le bruit. Comme nous l’avons vu dans notre décryptage sur les dangers du bruit pour l’audition, les conséquences d’une exposition prolongée peuvent être graves. Pour tous ceux qui souhaitent écouter leur musique tranquillement au travail, à la maison ou dans les transports, une seule solution, un casque procurant une bonne isolation phonique.
Certains casques, de par leur conception, filtrent déjà très efficacement les bruits environnants. On parle alors de « réduction de bruit passive », car il n’y a pas d’intervention active pour lutter contre les désagréments sonores environnants. Les écouteurs intra-auriculaires, par exemple, agissent comme un bouchon en s’insérant dans le conduit auditif et en le « colmatant », si je puis dire.
Le degré d’isolation dépend du matériau (caoutchouc, silicone ou mousse à mémoire de forme) utilisé pour l’embout, de la bonne adaptation à votre pavillon (l’immense majorité des fabricants proposent d’ailleurs plusieurs tailles d’embouts dans leur packaging) et bien entendu de l’intensité du bruit extérieur. Un avion fera en effet toujours plus de bruit qu’un TGV, et partant de là, le besoin en isolation ne sera pas le même.
Les écouteurs intra-auriculaires ne sont cependant pas les seuls à proposer une isolation efficace. Certains casques fermés (catégorie à laquelle appartiennent la plupart des casques à arceau nomades) se défendent également très bien dans ce domaine. Les plus efficaces sont ceux qui recouvrent intégralement l’oreille, ils sont alors dits de type « Circum-Aural« . A tel point que sur certains on n’entend même plus les annonces d’incidents sur la ligne ou d’entrée dans une zone de turbulence en avion, ce qui peut se révéler dangereux. La prudence reste donc de mise, surtout sur la voie publique.
Les casques à réduction active de bruit
Même les casques les plus isolants laissent passer les bruits les plus graves et les plus aigus. Le besoin de dispositifs encore plus efficaces que les systèmes à réduction passive s’est donc vite fait sentir, notamment dans les activités professionnelles particulièrement exposées au bruit. Et c’est là qu’est né le concept de réduction active de bruit.
Le principe de base d’un casque à réduction active de bruit est somme toute assez simple, du moins en théorie. Plutôt que chercher à atténuer mécaniquement le bruit environnant, le système de réduction enregistre la nuisance sonore par le biais de microphones intégrés au casque, l’analyse puis crée un signal à la phase exactement opposée. La somme des deux signaux contraires s’annule, supprimant de facto les nuisances sonores indésirables. Cette technique est aussi souvent désignée par l’acronyme ANC (pour Active Noise Cancelling)
Bien entendu, dans les faits cette solution est beaucoup plus complexe à mettre en œuvre et à optimiser. Cette technologie est issue de l’aviation ; on en comprend bien l’utilité pour les pilotes, qui doivent pouvoir se protéger du bruit en cabine, important et potentiellement dangereux pour les oreilles, tout en percevant distinctement les informations de la tour de contrôle ou de son équipage.
Certains fabricants – Bose étant le pionner dans le domaine grand public avec sa fameuse gamme QuietComfort – ont transposé cette technologie au monde de l’audio. Améliorée au fil des avancées technologiques, cette technologie d’isolation active est aujourd’hui la plupart du temps très efficace, et reposante en ce sens qu’elle vous protège du brouhaha environnant et vous insère dans un petit cocon de tranquillité très agréable.
Les grands acteurs de la catégorie ANC
Nous l’avons vu, Bose a largement participé à démocratiser cette technologie et demeure un des leaders avec des produits aussi emblématiques que son Headphones 700 ou le plus récent QuietComfort 45. Mais quasiment tous les grands acteurs du monde du casque audio se sont depuis engouffrés dans la brèche, avec plus ou moins de succès. Sony, notamment, a su imposer sa technologie de réduction active de bruit et tient aujourd’hui la dragée haute à Bose avec son WH-1000MX4 et le tout dernier WH-1000MX5.
Le marché, d’abord réservé au haut de gamme, s’est largement démocratisé depuis et on trouve aujourd’hui des casques à réduction active de bruit dans toutes les gammes de prix, de moins de 100 euros à plus de 500 euros pour les modèles les plus aboutis. Hormis Bose et Sony, les grands noms de la catégorie sont l’américain JBL qui propose une gamme large pour tous les budgets, ainsi que Sennheiser et l’anglais Bowers & Wilkins qui visent quant à eux plutôt une clientèle mélomane.
D’autres marques jouent le rôle d’outsiders, parmi lesquelles Philips et Jabra. Bang & Olufsen occupe le terrain du casque design aux matériaux premium. Dernier acteur majeur à faire son entrée dans la catégorie, Apple a frappé un grand coup avec ses AirPods Max, plébiscités par les testeurs mais dont le tarif les place dans la catégorie très haut de gamme.
Les critères de choix d’un casque à réduction active de bruit
Il est compliqué de choisir un casque à réduction active de bruit sur des seuls critères techniques. Tous les constructeurs vantent leur technologie exclusive, qui est bien entendu toujours la meilleure du marché si on les écoute.
Reste que la réduction active de bruit a fait d’énormes progrès ces dernières années. On n’ira pas jusqu’à dire que tous les casques ANC actuels sont bons – on en est loin – mais ils proposent, dans leur grande majorité, une réduction active de bruit satisfaisante. Certains constructeurs sont tout de même réputés particulièrement performants, on pense notamment à Sony et Bose, dont la technologie d’ANC est arrivée à maturité.
Au moment du choix d’un casque ANC, il faudra être vigilant sur plusieurs points :
Le type de réduction active
Elle évolue d’un fabricant à l’autre et même parfois d’un modèle à l’autre chez un même fabricant. Certaines fonctionnalités sont quasiment incontournables dans le haut de gamme, comme la réduction à plusieurs niveaux réglables pour s’adapter au niveau de bruit ambiant.
La réduction de bruit adaptative va encore plus loin puisque comme son nom l’indique elle s’adapte automatiquement à votre environnement. Le mode Transparence, qui permet de se reconnecter au monde qui vous entoure sans avoir à retirer son casque, est lui aussi devenu un incontournable de tout bon casque ANC. Le nom de cette fonction peut différer d’un constructeur à l’autre, mais le principe reste à peu de choses près le même.
L’autonomie
La fonction de réduction active de bruit est énergivore et se paie logiquement par une baisse d’autonomie du casque. La plupart des casques ANC proposent aujourd’hui une autonomie d’au moins 20 heures, les meilleurs atteignant les 30 heures, certains tutoyant même les 40 heures. Le très attendu Momentum 4 de Sennheiser annonce même 60 heures d’autonomie, affaire à suivre. Si vous comptez utiliser votre casque pour de longs trajets et que vous ne voulez pas vous retrouver démuni, il faudra veiller à bien choisir son modèle.
Point très important et pas assez renseigné par les marques, certains casques à réduction de bruit ne peuvent fonctionner que s »il reste de la charge dans la batterie intégrée, même pour une écoute en filaire. Il va sans dire que ce point prend toute son importance dans certaines situations, comme un vol long-courrier par exemple.
Le confort
La réduction active de bruit passe par une bonne réduction passive. Il ne servirait à rien de maitriser les bruits arrivant jusqu’au micro intégré si c’est pour laisser passer ceux qui se glissent sous les coussinets. C’est pour cette raison que la plupart des casques à réduction active de bruit sont de type circum-aural. Cela permet certes une meilleure isolation, mais cela peut aussi induire un échauffement lors des séances d’écoute prolongées. Si vous en avez la possibilité, n’hésitez donc pas à tester le confort de port du casque qui vous fait de l’œil.
L’interface
Selon les casques, il vous sera proposé une interface tactile ou avec boutons physiques. Certains sont plus à l’aise avec la première, d’autres plébiscitent les seconds. J’appartiens personnellement à cette seconde catégorie, que je trouve plus réactive la plupart du temps, plus durable, et, soyons honnête, plus adaptée à mes gros doigts ! Mais encore une fois, vous devrez vous faire votre propre opinion.
Il faudra en revanche s’assurer que les fonctionnalités accessibles sur l’interface correspondent bien à vos besoins. Vous devez pouvoir naviguer dans les pistes, faire varier le volume, activer un éventuel assistant vocal ou encore prendre et interrompre une communication téléphonique. Le réglage du niveau de réduction active, quand il existe, n’est pas toujours accessible depuis le casque et on doit parfois passer par l’application smartphone dédiée, un point à surveiller donc.
L’ergonomie
La plupart des casques ANC se rechargent aujourd’hui via un port type USB réversible, qui devient standard. Certains apportent un élément de confort supplémentaire en étant compatibles charge rapide. Cela vous permet de retrouver en quelques minutes de charge une autonomie suffisante pour tenir le reste de la journée. D’autres proposent la charge sans fil. C’est notamment le cas des Bose Headphones 700 qui sont même proposés en pack exclusif avec le chargeur idoine.
D’autres fonctions bien pratiques sont à surveiller. Le capteur de présence permet au casque de se mettre en pause lorsque vous le retirez et de reprendre son activité lorsque vous le remettez sur votre crâne. Pratique mais aussi bénéfique pour l’autonomie, cela évite qu’il ne continue à fonctionner pendant que vous êtes occupé à autre chose.
La présence d’une puce NFC facilitera la connexion par simple contact avec un appareil compatible, tandis que le Bluetooth multipoint permettra de passer d’un dispositif à l’autre (téléphone, ordinateur, tablette, etc.) sans changer de casque. Enfin, les codecs réputés acoustiquement plus qualitatifs, comme l’aptX, l’aptX HD, l’aptX Adaptative ou encore le LDAC de Sony, sont à privilégier par les audiophiles exigeants.
Les inconvénients de la réduction active
Comme son nom l’indique, il s’agit d’une réduction, et non pas d’une suppression du bruit ambiant. Il subsiste donc toujours un bruit résiduel, plus ou moins gênant d’un modèle à l’autre. Cela étant dit, il faut reconnaitre que les constructeurs ont fait de gros progrès sur ce critère.
Même si le phénomène est d’intensité variable d’un modèle à l’autre, l’écoute des nombreux casques à réduction active de bruit disponibles sur le marché trahit une bande passante écourtée dans les aigus et dans le grave par rapport à l’écoute filaire, mais aussi une neutralité en recul (il suffit de comparer la restitution avec réduction activée puis désactivée pour s’en rendre compte).
La réduction active de bruit s’opère avant tout sur les fréquences basses. Utile pour lutter contre les effets sonores d’un vrombissement de réacteur, beaucoup moins quand il s’agit de couvrir toute la bande passante audio. L’activation de la réduction de bruit se paye de fait souvent par un déséquilibre de la restitution en particulier dans les aigus.
Enfin, la réduction active de bruit nécessite une alimentation, aujourd’hui exclusivement sur batterie, intégrée au casque et qui peut grever son poids. Autre inconvénient, les batteries amovibles ayant disparu, il faut espérer que le fabricant de votre casque ANC assurera un service après-vente sérieux quand la batterie arrivera en fin de vie, sous peine de le voir partir à la casse.
Bonne écoute !