C’est une icône intemporelle. On connaît d’elle ses tubes entêtants, ses frasques provocatrices, mais aussi ses looks. Autant d’éléments qui ont permis de construire le mythe autour de la chanteuse, et d’en faire une figure emblématique de la pop culture. Portrait.
Madonna a su se réinventer tout au long de sa carrière. La star planétaire a marqué le monde de la musique, mais aussi celui de la pop culture. Grâce à sa voix et à son charisme, celle que l’on surnomme la Reine de la pop a repoussé les limites d’une industrie et s’est imposée comme un symbole d’émancipation, d’engagement, et de provocation.
La Madonne, c’est aussi plus de 300 millions d’albums vendus dans le monde. De Like a Virgin (1984) à Hung Up (2005) en passant par La Isla Bonita (1986), l’éternelle diva offre une discographie aussi riche qu’éclectique. Des tubes emblématiques et intemporels que tout le monde connaît, et que l’on pourra réécouter à l’occasion de la sortie de Finally Enough Love (2022), une compilation qui réunit ses plus grands morceaux.
À partir du 24 juin, 16 titres seront disponibles à l’écoute, en attendant l’arrivée du disque et du vinyle dans les bacs. L’occasion, grâce à ce vaste projet de réédition, de fêter les 40 ans de carrière d’une icône qui a débuté avec le single Everybody, en 1982.
Du Michigan à la scène internationale : les débuts de la Madonne
Le morceau connaît principalement un succès dans les boîtes de nuit new-yorkaises. Madonna fait danser les foules dans les night-clubs américains après avoir délaissé une carrière de danseuse au profit du chant, en quittant son Michigan natal pour la Grosse Pomme en 1976.
Suivra ensuite le premier album de la chanteuse, intitulé sobrement Madonna (1983), dans lequel on retrouve notamment Holiday et Lucky Star. Si, depuis, le disque s’est écoulé à 10 millions d’exemplaires, c’est avec Like a Virgin (1984) que la chanteuse se fait connaître internationalement. Une véritable onde de choc musicale, mais aussi stylistique, puisque tout le monde adopte le look de cette material girl : sous-vêtements par-dessus, bracelets en caoutchouc, jupes en tulle, et queue de cheval perchée sur la tête.
Une icône de la mode
Les années 1980 marquent les prémices d’une longue histoire d’amour entre la Reine de la pop et le monde de la mode. À l’image de sa musique, elle se métamorphose. Punk gothique, mariée sexy, danseuse de flamenco et même country girl : elle ose tout, bien que ces nombreux styles soient souvent jugés vulgaires et provocants.
Elle attire même l’attention des plus grandes maisons de luxe et pose pour Versace, Dolce & Gabbana et Louis Vuitton. Néanmoins, c’est avec Jean-Paul Gautier qu’elle marquera véritablement la mode. Pour sa première montée des marches à Cannes, en 1991, la chanteuse opte pour une tenue inoubliable : un corset conique imaginé par le designer français. De leur riche collaboration et amitié, on connaît aussi les tenues créées par Gaultier pour les tournées de Madonna, notamment le Blond Ambition Tour (1990) et MDNA (2013), les défilés auxquels participe la star, ainsi que les looks du Met Gala. Autant de tenues qui ont durablement marqué la pop culture et qui font de l’artiste la muse du créateur.
Entre provocation et réinvention : la recette du succès
L’artiste n’hésite pas à choquer, à revisiter et à casser les codes de la mode. Une volonté que l’on retrouve également dans sa musique, où religion et sexe se confrontent. C’est le cas dans Like a Prayer (1989), qui déclenchera la polémique au sein d’une Amérique puritaine. Ce ne sera pas le dernier scandale de la star. Après s’être affichée en stripteaseuse dans le clip Open Your Heart (1986), Madonna continue les allusions à la séduction, durant le Blond Ambition Tour, lorsqu’elle performe Like a Virgin en simulant la masturbation féminine.
Alors au sommet de sa gloire, elle sort la compilation Immaculate Collection (1990) sur laquelle on retrouve le tube Justify my Love. Le clip est néanmoins interdit sur la chaîne MTV, en raison de scènes de bondage, de sadomasochisme et d’homosexualité. Elle fera encore une fois face à la censure avec le clip Erotica, en 1992. Le morceau s’accompagne du livre photo SEX dans lequel elle se met à nu. Dès leur sortie, ces deux projets sont descendus par la critique et ne font qu’accentuer la lassitude du public qui juge que Madonna joue trop sur l’aspect érotique.
Consciente de sa mauvaise image, Madonna a besoin de se réinventer. Elle sort alors l’album Bedtime Stories (1994). S’il rencontre un succès mitigé, c’est en revanche la consécration pour la Madonne au cinéma. Après avoir joué dans plusieurs films passables, elle incarne l’ancienne première dame argentine, Eva Perón, dans le film Evita (1996), rôle pour lequel elle décroche le Golden Globes de la meilleure actrice.
La même année, elle donne naissance à sa fille, Lourdes. Désormais mère, Madonna veut montrer une image moins sulfureuse. Son septième album, Ray of Light (1998) – pour lequel elle remporte quatre Grammy Awards – est symbole de renouveau et de transition vers sa musique des années 2000, marquées par les tubes Music (2000), Hung Up (2005) ou encore 4 Minutes (2008).
Une artiste engagée
Les années 2000 sont également synonymes d’engagement pour Madonna. D’abord politique, avec American Life (2003), album dans lequel elle affirme son opposition face à l’invasion de l’Irak. Plus tard, en 2016, elle rejette publiquement l’élection du candidat républicain, Donald Trump, au moment de son investiture.
La diva s’est aussi lancée dans l’écriture de livres pour enfants afin de soutenir les associations d’aide aux orphelins, et s’est engagée en Afrique. Elle participe notamment à plusieurs voyages humanitaires au Malawi pour aider à construire des orphelinats. Des visites qui la pousseront à adopter quatre enfants entre 2006 et 2016, après la naissance de son fils Rocco.
Le réchauffement climatique, l’aide aux sinistrés d’Haïti, les droits humains, la liberté d’expression, et la régulation des armes à feu aux États-Unis sont autant de batailles menées par la chanteuse, après s’être aussi affichée comme l’icône de la libération sexuelle et du mouvement LGBTQ+.
L’artiste a toujours porté les considérations de la communauté. Si on se rappelle évidemment le langoureux baiser donné à Britney Spears et à Christina Aguilera, ses concerts ont souvent servi à récolter des dons pour la recherche contre le sida. Madonna est également une figure féministe. Celle qui lutte aujourd’hui contre l’âgisme est également un symbole de la libération sexuelle des femmes, et a toujours prôné le droit de vivre sa sexualité comme chacun l’entendait.
L’héritage de Madonna
Elle n’hésite pas à s’afficher, en dehors ou sur scène, avec ses danseurs, souvent plus jeunes qu’elle. Ces performers sont d’ailleurs l’une des marques de fabrique principales de la chanteuse. En effet, Madonna est la première artiste pop à avoir mis en avant la danse dans ses clips et ses concerts. Là où Michael Jackson a popularisé le moonwalk, Madonna a rendu célèbre le break dance ainsi que le voguing.
Elle continue d’ailleurs de surfer sur cette tendance durant la finale du Super Bowl en 2012, et ses tournées mondiales, MDNA (2013), Rebel Heart (2015) et Madame X (2019). Une stratégie qui a inspiré de nombreuses célébrités. Que ce soit Mylène Farmer en France, Beyonce, Lady Gaga, ou plus récemment Dua Lipa, les nouvelles princesses de la pop ont finalement toutes été influencées par la Madonne. Si durant les années 2010 la chanteuse se fait plus discrète, elle collabore tout de même avec des artistes pop et électro reconnus comme Martin Solveig, Nicki Minaj, Justin Timberlake ou, plus récemment, Maluma. Preuve que la Reine de la pop mérite son titre.
Figure indétrônable de la pop culture, Madonna a su construire un statut d’icône aussi sulfureux que talentueux. Un univers qui fait d’elle une star intemporelle, engagée et avant-gardiste, malgré ses nombreuses réinventions. C’est d’ailleurs peut-être ça le secret de cette riche et passionnante carrière, bientôt longue de 40 ans.