Du 18 au 25 mars, la ville de Lille a accueilli le plus grand festival européen dédié aux séries. Au terme de cette semaine de festivités, le palmarès a été dévoilé (et les créations françaises ont brillé).
L’amour pour les séries et le binge-watching n’est plus un plaisir coupable. À Séries Mania, c’est même une religion. Durant huit jours, 70 000 passionnés se sont rendus sur le festival et ont participé à des rencontres, des conférences, des projections, des animations, des expositions… Six mois après sa dernière édition, le festival proposait un programme séduisant : François Busnel a parlé des adaptations de livres en séries, Stéphane Bern est revenu sur le rapport entre la royauté et les productions du petit écran, et Ovidie a analysé la représentation de la sexualité à l’écran. Tous les jours, Séries Mania diffusait des séries en première mondiale. Et après une semaine de projection, le jury a délibéré et dévoilé son palmarès.
Une création française au sommet de la compétition internationale
Le grand prix de la compétition internationale revient à Le Monde de demain, réalisé par Katell Quillévéré (Réparer les vivants) et Hélier Cisterne (De nos frères blessés). La série française raconte la naissance du hip-hop en France dans les années 1980, à travers des figures comme JoeyStarr, Kool Shen et DJ S (qui ont participé à la création du show). On y voit les débuts d’un genre musical qui va bousculer l’Hexagone, l’arrivée du break-dance, des graffs et des premiers DJ set sur les terrains vagues de La Chapelle. La série parle aussi du passage à l’âge adulte d’une jeunesse issue des banlieues parisiennes.
Après Marie Reuther qui avait séduit l’édition 2021 avec sa performance dans Kamikaze, Michelle de Swarte remporte le prix de la meilleure actrice pour The Baby. Cette mini-série anglaise comique et horrifique a été produite par Jane Featherstone (Chernobyl), co-créée par Sian Robins-Grace (Sex Education) et réalisée notamment par Nicole Kassel (Watchmen). Elle propose un regard cru et sombre sur la maternité à travers le personnage de Natasha, 38 ans, qui ne veut pas être mère. Mais un jour, elle se retrouve avec un bébé dans les bras. Un petit être contrôlant et manipulateur mais « incroyablement mignon ». Quand elle découvre qu’il est dangereux, elle va tenter de s’en débarrasser mais cet abandon sera plus difficile que prévu.
Enfin, le prix du meilleur acteur revient à Yehuda Levi pour son rôle dans Fire Dance. Une série israélienne qui raconte l’émancipation d’une jeune femme à tendance suicidaire. Faigie a 18 ans et a grandi dans un foyer brisé, sans figure paternelle. Elle éprouve un fort désir et une admiration pour le rabbin de sa communauté mais rage contre les règles de cette société conservatrice. C’est toutes ces émotions qui vont la pousser à s’affirmer et continuer à vivre.
France.tv Slash s’impose dans la compétition française
Parmi les six créations présentées en première mondiale, Chair tendre a été sacrée meilleure série dans la compétition française. Écrite et réalisée par Yaël Langmann (Les Choses humaines, Le Brio), elle nous embarque avec Sasha, 17 ans. Ce garçon sans histoire avait une vie classique et les mêmes problématiques que les autres adolescents. Jusqu’à ce qu’il apprenne qu’on lui a menti depuis sa naissance. En réalité, il est né avec un corps « ni tout à fait fille, ni tout à fait garçon ». Un corps intersexe. Le jeune homme est en colère et apeuré. Il n’a plus qu’un objectif : découvrir qui il est vraiment et trouver sa véritable identité. Un programme bouleversant et tout en sensibilité signé France.tv Slash.
Le prix de la meilleure actrice revient à Inès Ouchaaou, Charlie Loiselier et Assa Sylla dans Reuss. Une série musicale aussi diffusée sur France.tv Slash qui nous plonge dans les vacances de trois amies inséparables : Hanane, Maissa et Ambre. Elles ont grandi dans la même cité et cet été marque le passage à l’âge adulte et les premières histoires d’amour. Mais quand le grand frère de Hanane est agressé et retrouvé inconscient, la bande va tenter de retrouver le coupable.
Le jeu d’Axel Granberger a lui aussi été salué et il repart avec le prix du meilleur acteur pour sa performance dans Les Papillons noirs. Un thriller « qui ne ressemble pas aux autres », co-écrit et réalisé par Olivier Abbou (Maroni). L’intrigue est rythmée par des twists inattendus, des récits croisés et des flash-backs qui ont des airs de seventies. On suit le quotidien de Adrien, 40 ans, romancier tourmenté qui écrit la vie d’inconnus. Un jour, Albert, 70 ans, l’embauche pour lui raconter sa plus grande histoire d’amour. Mais cette dernière ne ressemble pas aux comédies romantiques. Elle raconte les aventures d’un couple de tueurs en série dans la France des années 1970.
Toutouyoutou repart quant à elle avec le prix de la meilleure musique originale. Une comédie qui se déroule dans les années 1980 à Blagnac (près de Toulouse) et « rend hommage à l’époque de Véronique et Davina, des permanentes, des vestes à franges et des intérieurs orangés. »
Dans le reste du palmarès, la production anglaise Float a été désignée meilleure série dans les formats courts, The Dark Heart, programme suédois, a remporté le prix de la meilleure série dans le panorama international, le show israérlien Bloody Murray a brillé dans la sélection des compétitions comédies en décrochant le prix de « meilleure série – jury des lycéens » et The birth of Daniel F. Harris a été récompensé par le prix du public en devenant le programme coup de cœur des spectateurs parmi toutes les séries en compétitions (à l’exception des formats courts).