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Présidentielle 2022 : quel est le programme culturel des candidats ? 

17 mars 2022
Par Sophie Benard, Félix Tardieu
Présidentielle 2022 : quel est le programme culturel des candidats ? 
©DR

Force est de le constater : le thème de la culture est loin de s’imposer dans les débats et diverses prises de parole politiques qui nous mènent à l’élection présidentielle d’avril. Mais qu’en disent les candidats qui daignent y consacrer quelques lignes de leurs programmes ?

Nathalie Arthaud

Le programme de la candidate Lutte ouvrière (LO) Nathalie Arthaud, par ailleurs professeure d’économie et de gestion en région parisienne, n’évoque pas de mesures précises en matière de politique culturelle. Dans un questionnaire en ligne, la candidate a néanmoins confirmé qu’il faudra « consacrer plus d’argent à la culture, dans tous ses aspects. Tant à l’éducation, à la formation, qu’à la création », tout en soulignant que « pas un euro ne doit aller aux capitalistes pour lesquels la culture n’est qu’un business comme un autre ».

Nicolas Dupont-Aignan

Le candidat Debout la France, affiche au total une quarantaine de mesures liées à la culture : ce dernier revendique notamment une politique culturelle « libérée des influences anglo-saxonnes » et entend renforcer le modèle de « l’exception culturelle française ». Concrètement, cela passerait par l’interdiction de l’écriture inclusive, réaffirmer le français comme langue officielle dans certaines institutions européennes et internationales ou encore priver de subventions les colloques qui excluraient le français.

Parmi les autres mesures phares, Nicolas Dupont-Aignan compte revaloriser le patrimoine français en dressant notamment un inventaire des « richesses patrimoniales » ne faisant pas l’objet du classement Monument historique et en allouant 400 millions d’euros annuels à la restauration et l’entretien de monuments et objets d’art dégradés.

Anne Hidalgo

L’actuelle maire de Paris présente un programme de 70 mesures, au sein duquel la candidate Parti socialiste (PS) souhaite « replacer la culture au cœur du projet républicain ». Anne Hidalgo milite notamment pour une plus juste rémunération des artistes, mais aussi des auteurs, des interprètes, des producteurs, etc. Elle exigera ainsi que les institutions financées par l’argent public consacrent au minimum 10 % de leur programmation à la jeune création.

La candidate compte également développer « le principe des artothèques, des médiathèques publiques destinées aux arts plastiques », afin de donner un rôle prépondérant aux arts visuels. Engagée contre l’uniformisation des contenus, Anne Hidalgo entend également encadrer la concentration des médias par une nouvelle loi afin de protéger le pluralisme et l’indépendance des médias « face aux géants de l’Internet ». La candidate PS compte également conforter la contribution à l’audiovisuel public (CAP) – contrairement aux ambitions affichées par Emmanuel Macron. Une autre mesure prévoit également la création d’un « Erasmus culturel », pour accueillir 10 000 artistes à compter de l’année 2023.

Yannick Jadot

Le candidat Europe écologie-Les Verts (EELV) prévoit d’injecter un milliard d’euros par an supplémentaire au budget du ministère de la Culture. La part dédiée à la création sera rehaussée à hauteur de 25 % du budget global alloué à la culture.

Yannick Jadot compte également œuvrer à la « décentralisation » de la culture, favoriser la transition écologique du secteur et agir pour « la mixité et la cohésion sociale, la promotion de la diversité des esthétiques et la multiculturalité ». Il prévoit de mettre en place un revenu garanti pour les artistes, auteurs et autrices dont les métiers ne relèvent pas du régime de l’intermittence du spectacle, et de soutenir les lieux culturels indépendants.

Sur le volet culture et numérique, Yannick Jadot entend lui aussi défendre le modèle de « l’exception culturelle » et le droit d’auteur face à une « logique de consommation », prévoyant notamment d’établir une « taxe Google » pour contraindre les géants de l’Internet à financer la création en ligne.

Jean Lassalle

Le candidat du parti Résistons présente un programme assez maigre pour la culture : les seules mesures évoquées sont l’orientation des financements publics vers la création indépendante, la création d’un fonds de subvention « pour les lieux culturels qui facilitent l’accès aux plus défavorisés », conditionner le « financement public des médias privés et de la culture à l’indépendance des propriétaires », la revalorisation du régime d’intermittence du spectacle et la création de trois Fêtes : la Fête des sports (21 sept.), la Fête de l’engagement (21 déc.) et la Fête du savoir (21 mars).

Marine Le Pen

Marine Le Pen, la candidate Rassemblement national (RN), ancien front national (FN) arrivée au second tour de l’élection présidentielle de 2017 avec 21,3 % des voix, n’évoque quasiment pas la culture parmi les 22 mesures de son programme. Seule démarche concrète évoquée : la privatisation de l’audiovisuel public – à l’exception des rédactions en outre-mer, d’Arte et de l’Institut national de l’audiovisuel (INA) – et la suppression de la redevance audiovisuelle.

Emmanuel Macron

À l’heure où nous rédigeons cet article, le président-candidat n’a pas encore dévoilé son programme. Ce sera chose faite ce jeudi 17 mars lors d’une conférence de presse.

Jean-Luc Mélenchon

Le candidat de La France insoumise (LFI) propose dans un premier temps une augmentation du budget global consacré à la culture, pour le faire atteindre 1 % du PIB annuel. Plus concrètement, Jean-Luc Mélenchon s’attache à l’accessibilité de la culture : il voudrait ainsi abroger les inégalités territoriales en terme d’accès à la culture, mais aussi étendre la gratuité dans les musées et encadrer les tarifs des lieux privés. Quant aux artistes et aux auteurs eux-mêmes, il annonce l’amélioration du régime des artistes-auteurs et de celui des intermittents du spectacle – en intégrant plus de professions culturelles dans ce dernier.

Valérie Pécresse

La candidate des Républicains (LR) annonce la création d’une « journée nationale des héros français » – et cite en exemple Jeanne d’Arc, de Gaulle, Pasteur et Molière.

Ses propositions concernant la culture sont très liées aux questions de l’éducation et de la jeunesse. Elle voudrait ainsi que chaque établissement scolaire se dote d’un projet culturel grâce à un jumelage avec une institution culturelle, un conservatoire ou un artiste. Mais elle promet aussi que, sous sa présidence, les structures culturelles soutenues par des fonds publics seraient « fortement incitées » à développer des actions d’éducation artistique et culturelle auprès des jeunes.

L’actuelle présidente de la région Île-de-France voudrait renforcer les lois sur le mécénat pour permettre aux entreprises locales et aux Français de s’impliquer davantage dans la préservation du patrimoine français.

Concernant l’accès aux biens culturels, elle prévoit de réduire leur taux de la TVA à 5,5 % de façon à faire baisser le prix des disques et de la musique enregistrée, mais aussi des musées ou des lieux de patrimoine.

Philippe Poutou

Le candidat du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) estime qu’il faut « fournir à tous un accès gratuit à une information et une culture de qualité ». Considérant que la culture ne doit pas être considérée comme une marchandise, il souhaite que la culture soit accessible gratuitement à tous et toutes – sans pour autant préciser de quelle manière une telle mesure serait financée. Si les propositions concrètes concernant la culture sont rares dans son programme, l’une d’elles promet néanmoins d’abroger la loi Hadopi.

Fabien Roussel

Le candidat du Parti communiste français (PCF) prévoit la création d’un Ministère « de la Culture, de l’Éducation populaire et des Médias », ainsi que l’organisation d’états généraux décentralisés pour favoriser les échanges entre les « acteurs du monde de l’art, de la culture et de l’éducation populaire, ainsi que des forces vives du pays ». Comme Jean-Luc Mélenchon, il souhaite élever le budget consacré à la culture à 1 % du PIB et précise que « ce niveau d’engagement financier correspond à une augmentation de l’ordre de 30 % des budgets publics actuels, atteignable en une mandature ».

Il annonce aussi que le statut des intermittents du spectacle sera maintenu et promet, plus largement, que sous sa présidence « les artistes et créateurs seront placés sous la protection de la République, face aux attaques obscurantistes dont ils et elles font de plus en plus l’objet. L’État protégera l’art et la création de la domination de l’industrie numérique nord-américaine, qui pille leurs contenus et les uniformise ».  

Éric Zemmour

Le candidat du parti Reconquête ! ne consacre, à l’image de sa rivale d’extrême-droite Marine Le Pen, aucune de ses déclarations à la culture – si ce n’est, comme elle, la question de la privatisation de l’audiovisuel public, pour ne conserver que des médias à portée internationale tels que France 5, France info et France culture.

Article rédigé par
Sophie Benard
Sophie Benard
Journaliste
Félix Tardieu
Félix Tardieu
Journaliste
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