Le Parlement européen vient d’adopter une loi obligeant les constructeurs à offrir une solution aux consommateurs pour remplacer facilement les batteries des leur téléphone portable.
Du temps des premiers mobiles, changer la batterie était un acte simple et banal. Des pans entiers d’accumulateurs étaient concentrés dans les rayons des hypermarchés et des magasins spécialisés. Les batteries étaient alors facilement accessibles, leur remplacement se faisait en un battement de cils. Aujourd’hui, en changer peut s’apparenter à un parcours du combattant. À moins d’être un bricoleur aguerri, il faut généralement passer par la case réparateur pour que son terminal retrouve son autonomie des premiers jours.
Si les détenteurs d’un smartphone haut de gamme dont le prix approche ou dépasse les 1000 euros ont tendance à faire réparer leur appareil, le développement de modèles bien plus abordables (Redmi, Samsung Galaxy A et M, Oppo A, OnePlus Nord) incite encore souvent les utilisateurs à changer tout bonnement leur téléphone dès lors qu’il vient à manquer d’énergie.
Des solutions alternatives pour remplacer les batteries
Mais l’Union Européenne veut faire bouger les choses, à la fois pour des questions économiques, géopolitiques et écologiques. Le Parlement européen vient en effet de voter une loi en ce sens.
Nombre de constructeurs ont tendance à coller les batteries aux smartphones. Or, d’évidence, cette pratique impacte fortement la réparabilité des produits et pousse donc les utilisateurs à se débarrasser de leur smartphone lorsque la batterie « est morte ». Trop coûteux, trop compliqué à changer, les raisons ne manquent pas. 88% des utilisateurs jetteraient leur smartphone alors qu’il fonctionnerait encore, selon L’ADEME
Si le Parlement européen ne se prononce pas en faveur d’une batterie totalement amovible, il demande toutefois aux fabricants d’apporter a minima des solutions pour offrir à chacun la possibilité de la remplacer, et ce dès 2024.
Vers des batteries plus durables et recyclées à hauteur de 80%
En parallèle, les autorités européennes veulent des batteries plus durables et recyclées à hauteur de 80% à l’horizon 2030. Ainsi, elles seront à l’avenir fabriquées à partir de matières premières recyclées telles que le cobalt, le lithium, le nickel et le plomb. Une manière de limiter les impacts sur l’environnement, sachant qu’à ce jour seule une très faible proportion de batteries seraient recyclées. Pour l’ADEME, seuls 14% des utilisateurs recycleraient leur smartphone, soit un chiffre dérisoire.
Le Parlement européen réfléchit également à l’idée d’un système de consigne à la fois pour les batteries et les piles rechargeables.
Enfin, la députée européenne Henrike Hahn a mis en avant les enjeux en matière de géopolitique, comme le précise le Franffuter Allgemeine. Elle rappelle combien il est important de gagner en indépendance vis-à-vis de certains acteurs devenus à risque dans le contexte de guerre qui oppose l’Ukraine et la Russie. Le recyclage pourrait ainsi être une alternative bénéfique tant pour l’indépendance de l’Europe envers ces fournisseurs de matières premières que pour des questions environnementales.
Dans tous les cas, pour pouvoir commercialiser leurs smartphones, tablettes, ordinateurs et autres produits électroniques, les grands noms de la tech devront dès 2024 apporter une solution tangible au remplacement des batteries et donc, plus largement, à la réparabilité de leurs appareils.