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L’indice de réparabilité, un outil peu fiable selon une association

02 mars 2022
Par Kesso Diallo
Un dispositif à améliorer.
Un dispositif à améliorer. ©MTE

L’association Halte à l’obsolescence programmée dresse un premier bilan et donne plusieurs pistes pour améliorer ce dispositif.

Mis en place depuis le 1er janvier 2021, l’indice de réparabilité a récemment soufflé sa première bougie. Informant les consommateurs sur le caractère plus ou moins réparable de leurs produits avec une note sur 10, il a aussi pour but de les inciter à recourir davantage à la réparation en cas de panne. Il s’applique actuellement à cinq appareils : les smartphones, les ordinateurs portables, les téléviseurs, les machines à laver et les tondeuses à gazon. À l’occasion de ce premier anniversaire, l’association Halte à l’obsolescence programmée (HOP) vient de publier un rapport où elle dresse un bilan de l’impact et de la mise en œuvre de l’indice de réparabilité en France.

Selon un sondage qu’elle a mené, les consommateurs ont une bonne perception de cet outil. Plus de la moitié des personnes interrogées ont déclaré en avoir connaissance et la plupart d’entre elles l’ont trouvé utile pour faire leur choix lors de l’achat d’un nouvel appareil. Cependant, pour HOP, il est nécessaire de « renforcer la transparence et la fiabilité de l’indice de réparabilité pour que les consommateurs puissent avoir pleinement confiance en cet instrument ».

Une question de fiabilité

D’après HOP, les problèmes en termes de fiabilité de l’indice viennent du système de notation actuel. Il est basé sur plusieurs critères tels que la démontabilité, la disponibilité et le prix des pièces détachées, qui ont tous le même poids. Un produit peut ainsi avoir un bon score de réparabilité du fait qu’une mauvaise note sur un critère soit compensée par une bonne note sur un autre. Autre problème : les fabricants attribuent eux-mêmes ce score à leurs appareils.

L’association a réalisé une étude sur 6 produits dont 3 smartphones, 2 ordinateurs portables et une télévision de différentes marques pour comparer les indices obtenus à ceux des constructeurs. Pour 5 d’entre eux, ils se sont avérés inférieurs à ceux des fabricants. Samsung a par exemple donné une note de 8/10 à son smartphone Galaxy A 41 alors que pour HOP, elle est de 6,6/10. Une différence s’expliquant par le fait que le démontage de l’appareil a été entravé par certaines pièces détachées étant soudées ou collées, rendant donc diverses pannes irréparables. Dans le cas du téléviseur de Philips, le score est passé de 7/10 pour le constructeur à 5,5/10 pour HOP. L’association précise que la marque a obtenu un score de 7/20 pour le critère du prix des pièces détachées, suggérant que ce tarif trop élevé est susceptible de décourager les consommateurs de réparer leur appareil.

Dans son rapport, elle indique par ailleurs qu’elle va transmettre ses résultats à la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) pour qu’une enquête soit menée. Cela, car elle a constaté que la surévaluation de la disponibilité des pièces détachées concerne plusieurs des produits examinés : « Il s’agit d’un point crucial, assez facile à démontrer et constituant l’un des principaux obstacles à la réparation ».

HOP considère, enfin, que la transparence de l’indice de réparabilité doit être accrue. À ce titre, elle propose de créer un site internet public répertoriant les scores des différents indices, les détails des grilles de calcul, mais aussi les engagements des fabricants qui justifient l’attribution des points pour leurs produits. Elle souhaite aussi que les constructeurs soient obligés de rendre accessible la grille de calcul complétée pour leurs produits, et pas seulement la grille de synthèse comprenant les scores pour les principaux critères comme c’est le cas actuellement. Ces mesures seraient un moyen pour les consommateurs de mieux comprendre le dispositif et de rendre les producteurs responsables en cas de non-respect de leurs engagements.

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Kesso Diallo
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Journaliste
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