Maître de l’horreur ayant également fait quelques incursions dans le polar et la fantasy, Stephen King est l’un des auteurs contemporains les plus adaptés sur grand et petit écran, en BD ou même en jeu vidéo. Source d’inspiration pour des créateurs de toutes sortes, il s’alimente lui-même de l’univers pop pour créer ses histoires terrifiantes.
Quel est le point commun entre le visage fou de Jack Nicholson à travers une porte de bois déchiquetée, une vieille voiture américaine enflammée et un clown avec un ballon rouge ? Si vous répondez Stephen King, vous avez tout bon. The Shining de Stanley Kubrick avec Jack Nicholson, Christine de John Carpenter, Ça chapitre 1 et chapitre 2 d’Andy Muschetti… Tous ces films qui ont marqué l’imaginaire des spectateurs ont pour origine un roman de l’écrivain américain.
Les jeunes générations se plongent d’ailleurs souvent dans ses livres après avoir vu ces adaptations. Une image forte tirée d’un film ou d’une série inspirée par son œuvre va parfois occasionner quelques cauchemars, mais surtout titiller leur curiosité et les inciter à une première lecture. La liste pourrait continuer pendant des heures. Un nouveau film adapté de son roman, Marche ou Crève, va même commencer son tournage au mois de juin sous la direction d’André Øvredal (Trollhunter, The Jane Doe Identity).
Dès le début, le grand amour
De quand date cette histoire d’amour entre Stephen King et la pop culture ? Pour Yannick Chazareng, auteur du Guide Stephen King paru en février dernier, ça remonte aux toutes premières publications de l’écrivain. « Dès qu’il a publié son premier roman, il a eu un succès phénoménal. Nombre de ses histoires des premiers temps (Carrie, Christine, Salem, Cujo, etc.) contenaient des figures fortes, qui ont su parler au plus grand nombre. Depuis le Carrie de Brian de Palma, en 1976, il a également bénéficié d’adaptations marquantes. Très vite, King est devenu l’inspirateur de visuels puissants, et il a contribué à créer un imaginaire — horrifique — collectif », explique-t-il.
« C’est un écrivain très influencé par le cinéma des années 1950 et 1960. Il a une faculté particulière à décrire de manière très évocatrice des situations, des personnages… » Il est d’ailleurs très difficile de lister exactement toutes les adaptations de ses œuvres. Selon Yannick Chazareng, rien qu’en audiovisuel (films, téléfilms ou séries), le nombre d’adaptations officielles frôle la centaine. Auxquelles il faut ajouter les bandes dessinées, les jeux vidéo et les éditions pirates. Il faut dire qu’avec près de 70 romans et quelques centaines de nouvelles à son actif, Stephen King a créé de quoi fournir du matériel à des générations de scénaristes.
Bercé à la pop culture et muse de créateurs
Mais, avant d’être une idole de la pop culture et un romancier de talent, Stephen King est lui-même un grand consommateur de la pop culture. Yannick Chazareng rappelle que « jeune, il a été biberonné à Dr Jekyll et Mr Hyde, à L’Île au trésor, puis a découvert les romans d’Howard Phillips Lovecraft. Il est beaucoup allé au cinéma, pour voir des films tels que Les Soucoupes volantes attaquent, ou L’Étrange Créature du lac noir. Les comics Tales from the Crypt ont aussi fait partie de ses lectures de prédilection. Même maintenant, c’est quelqu’un qui lit énormément, qui va au cinéma, regarde des séries… On pourrait presque dire que la pop culture s’auto-alimente grâce à lui. » Et il n’hésite pas, entre deux diatribes politiques ou anecdotes sur son chien, à poster des avis de lectures ou de séries TV sur son compte Twitter.
Donc rien d’étonnant à ce qu’il inspire d’autres créateurs qui vont se baser sur son œuvre et les univers qu’il crée pour nourrir leur propre imagination et leurs créations. À commencer par ses deux fils, Joe Hill (Nosferat2, Locke & Key, Dans les hautes herbes) et Owen King (Sleeping Beauties), auteurs spécialisés dans le fantastique comme papa, même si le premier a su s’émanciper avec brio.
Stephen King va également servir de muse à des scénaristes de séries télévisées comme Stranger Thing, Chapelwaite ou Castle Rock, de films comme Ghostbusters: Afterlife, de BD (il a ainsi participé à la création d’American Vampire) ou encore de jeux vidéo (comme Alan Wake où il est nommément cité). L’auteur est même prêt à aider à sa succession avec le programme Dollar Baby : il y cède les droits de ses œuvres pour le prix symbolique d’un dollar, pour que de jeunes scénaristes et réalisateurs se fassent la main en les adaptant. Et le programme n’est pas limité aux États-Unis. Pourquoi ne pas tenter sa chance ?