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Festival d’Angoulême : la polémique enfle autour du prix Eco-Fauve Raja

16 février 2022
Par Félix Tardieu
Inès Léraud, journaliste, co-autrice de la bande dessinée "Algues vertes, l'histoire interdite" (Delcourt), faisait partie du jury du Prix Eco-Fauve Raja
Inès Léraud, journaliste, co-autrice de la bande dessinée "Algues vertes, l'histoire interdite" (Delcourt), faisait partie du jury du Prix Eco-Fauve Raja ©Vincent Gouriou / via Wikimedia Commons

Après la démission des membres du jury le 9 février dernier, plusieurs auteurs sélectionnés pour le prix Eco-Fauve Raja, dont Christophe Blain et Jean-Marc Jancovici, ont également décidé de claquer la porte.

Du 17 au 20 mars prochain, tous les amoureux de bandes dessinées se retrouveront au Festival international de la BD d’Angoulême, qui revient dans son format classique après une édition 2021 fortement impactée par la crise sanitaire. En dépit de cette heureuse perspective, le Festival est secoué depuis plusieurs semaines par une polémique autour du nouveau prix Eco-Fauve Raja, censé récompenser un album de bande dessinée ayant trait – c’est le cas de le dire – aux questions écologiques. Le 9 février dernier, les cinq membres du jury, composé entre autres de Roland Lehoucq (astrophysicien au CEA et auteur de livres de vulgarisation scientifique) et Camille Étienne (militante écologiste et ex-porte-parole du mouvement On Est Prêt), rendaient collectivement leur démission après avoir appris le parrainage du prix par Raja, par ailleurs sponsor du festival, groupe français spécialisé dans la distribution d’emballages à destination des entreprises. 

« Nous avons découvert après coup, sans en avoir été informés lors de l’invitation, que le nom du prix était associé à celui d’une marque, Raja, multinationale de l’emballage et partenaire/sponsor du festival », avait alors déclaré sur sa page Facebook François Olislaeger, ex-président du prix. Le jury démissionnaire a depuis été rejoint par plusieurs auteurs nommés au prix Eco-Fauve Raja, dont Étienne Davodeau (Le droit du sol, Delcourt), Christophe Blain et Jean-Marc Jancovici (Le monde sans fin, Dargaud), récemments ralliés par Étienne Lecroart (Urgence climatique, Casterman).

Le monde sans fin de Christophe Blain et Jean-Marc Jancovici ©Dargaud

Quand bande dessinée rime avec greenwashing

« Nous ne souhaitons pas que notre livre puisse être interprété comme une caution écologique (…) Ce n’est pas l’entreprise elle-même qui est en cause dans notre décision. Nous agirions de la même façon avec n’importe quel autre sponsor », a précisé Christophe Blain, co-auteur de Le monde sans fin (nommé au Prix BD Fnac France Inter 2022), récompensé par deux fois au Festival d’Angoulême.

Quant à eux, les organisateurs du festival affirment que les membres du jury devaient nécessairement être au courant de la dénomination du prix annoncé lors de la conférence de presse inaugurale du 23 novembre dernier… à laquelle le jury n’a apparemment pas été convié. « On ne m’a même pas précisé le nom du prix. On m’a simplement demandé si j’étais d’accord pour être jurée de la première édition du prix de l’écologie, et j’ai répondu un grand oui ! », a indiqué la journaliste Inès Léraud, coautrice de la bande dessinée Algues vertes, l’histoire interdite (Delcourt), auprès de la rédaction d’ActuaLitté.

Les quatre auteurs encore en lice pour le Prix Eco-Fauve Raja n’ont pour l’instant pas exprimé leur souhait de se retirer de la sélection. Dans un communiqué, l’entreprise en question dit regretter « que les membres du jury choisis par le Festival aient rejeté, par principe, l’accompagnement d’un tel Prix par une entreprise quelle qu’elle soit ». Les organisateurs de cette 49e édition du Festival de la BD d’Angoulême ont fait part de leur intention de constituer un nouveau jury incessamment sous peu, à moins que ces derniers ne fassent finalement machine arrière et tirent tout simplement un trait sur ce nouveau prix décrié depuis sa création.

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Article rédigé par
Félix Tardieu
Félix Tardieu
Journaliste