Bien que ce phénomène concerne l’ensemble de la population, les jeunes et les groupes minoritaires sont plus touchés que les autres.
Une enquête d’Ipsos pour l’association Féministes contre le cyberharcèlement* dresse un état des lieux du phénomène de cyberharcèlement. Elle révèle que 41% des Français en ont déjà été victimes. Parmi les cyberviolences les plus fréquemment subies, figurent les insultes (28%), les menaces (22%) et les rumeurs (21%).
Les jeunes et les groupes minoritaires sont particulièrement touchés par ces violences en ligne. 87% des 18-24 ans ont indiqué avoir subi ce genre de situation. De plus, 31% des parents ont indiqué que leurs enfants en ont été au moins une fois victimes. Ce chiffre passe à 71% pour les personnes racisées. Les cyberviolences concernent également 85% des LGBTQIA+.
Steam, Discord, TikTok… les plateformes propices aux cyberviolences
Les violences en ligne sont présentes sur l’ensemble des espaces numériques, mais c’est sur les réseaux sociaux et les messageries instantanées que les Français ont le plus de risque d’y être confrontés. Selon l’enquête, ils ont davantage été exposés à ce phénomène sur Steam, une plateforme de distribution de jeux en ligne. 80% des personnes interrogées ont déclaré y avoir vécu au moins une fois une situation de cyberviolence. Juste derrière, on retrouve Discord (77%), TikTok (66%), Snapchat (62%), Twitter (60%) et Instagram (57%). D’un autre côté, 31% des Français ont reconnu avoir commis des violences sur Internet, dont 1 sur 10 d’entre eux a par ailleurs admis avoir envoyé des photos non sollicitées de ses parties intimes ou avoir menacé une personne sur les réseaux sociaux.
Ces cyberviolences ont de lourdes conséquences sur la vie et la santé des victimes. Si certaines se sont désinscrites des réseaux sociaux, d’autres ont perdu leur emploi ou raté leurs études. Pire encore, ce phénomène peut mener à la dépression ou au suicide : près de la moitié des personnes confrontées à la diffusion à plusieurs reprises de photos et de vidéos dégradantes ou intimes ont ainsi pensé au suicide.
Le problème du cyberharcèlement
Autre problème avec ces cyberviolences : les Français ne savent pas qu’elles « tombent sous le coup de la loi ». 73% ne connaissent pas les risques pénaux encourus pour un tel acte. Pour le cyberharcèlement, par exemple, les peines peuvent aller jusqu’à trois ans de prison et 45 000 euros d’amende. De plus, la plupart des Français ignorent à qui s’adresser ou comment réagir et cela, qu’ils aient été victimes ou non de ce délit.
Ce problème ne vient pas seulement d’eux. 65% des personnes interrogées estiment en effet que les plateformes n’en font pas assez pour lutter contre le cyberharcèlement. Alors qu’une personne sur 3 a signalé un contenu ou un profil considéré comme malveillant ou inapproprié, le réseau n’a soit pas répondu soit fourni une réponse insatisfaisante dans plus de la moitié des cas. Et ce n’est pas mieux avec les plaintes adressées à la police ou à la gendarmerie. Seulement 47% d’entre elles ont abouti à des poursuites judiciaires, tandis que 67% des personnes ayant « fait la démarche d’aller porter plainte se sont vues refuser ce dépôt ».
Enfin, les Français considèrent que pour mieux lutter contre le cyberharcèlement et ces cyberviolences, il serait nécessaire de renforcer la prévention et l’éducation aux droits. Un autre moyen, selon eux, serait aussi de mettre en avant le 3018, le numéro national contre les violences numériques destiné aux jeunes victimes. Cette semaine, le gouvernement a d’ailleurs lancé une application du même nom, notamment afin de permettre aux enfants de signaler des situations de cyberharcèlement et de conserver des preuves.
*Enquête réalisée du 2 au 4 novembre 2021 auprès de 1 008 personnes.