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Cinq pièces à ne surtout pas manquer ce mois-ci

02 février 2022
Par Félix Tardieu
Catherine Hiegel, Noémie Lvovsky et André Marcon dans "Avant la retraite" au Théâtre de la Porte Saint-Martin
Catherine Hiegel, Noémie Lvovsky et André Marcon dans "Avant la retraite" au Théâtre de la Porte Saint-Martin ©Jean-Louis Fernandez

La rédaction de L’Éclaireur vous a concocté une sélection de pièces immanquables à découvrir en février. Demandez le programme !

1Le Tartuffe ou l’Hypocrite de Molière, mis en scène par Ivo van Hove

©Jan Versveyweld

Inaugurant la saison Molière, en souvenir du 400e anniversaire de la naissance du dramaturge français, le metteur en scène belge Ivo van Hove monte une version encore inédite du Tartuffe : censurée par la cour de Louis XIV en 1664, cette version d’origine a été restituée grâce au travail de « génétique théâtrale » de Georges Forestier, professeur de littérature et éminent spécialiste de l’œuvre de Jean-Baptiste Poquelin. Ce Tartuffe, plus court de deux actes que la version remaniée de 1669, devient sous le regard du metteur en scène belge – qui refait ici équipe avec la Troupe de la Comédie Française après Les Damnés et Electre/Oreste – un récit extrêmement contemporain, radical, cru, ancré dans un décor glaçant et porté par une troupe d’acteurs flamboyants, dont l’infatigable Denis Podalydès dans le rôle d’Orgon, dupé par le Tartuffe incarné par Christophe Montenez.

Comédie-Française – Du 15 janvier au 24 avril 2022 – Billetterie par ici

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2La Cerisaie de Tchekhov, mis en scène par Tiago Rodrigues 

©Christophe Raynaud de Lage – Festival d’Avignon

Après avoir ouvert le dernier festival d’Avignon – dont le metteur en scène portugais Tiago Rodrigues est devenu le septième directeur – dans la Cour d’honneur du Palais des papes, cette adaptation du chef-d’oeuvre de Tchekhov pose ses valises au Théâtre de l’Odéon. Dans le rôle de Lioubov, propriétaire de la fameuse cerisaie sur laquelle lorgne le riche marchand Lopakhine (Adama Diop), on retrouve Isabelle Huppert, aussi à l’aise sur scène que devant la caméra et qui confirme ici son statut de grande actrice. Le texte crépusculaire de Tchekhov – son oeuvre ultime – prend ainsi forme dans une mise en scène colorée et joyeuse, malgré l’effondrement imminent du monde qui enlace les personnages. Ou comment se réjouir de l’apocalypse. 

Odéon-Théâtre de l’Europe – Du 5 janvier au 20 février 2022

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3Les gros patinent bien, cabaret de carton de Pierre Guillois et Olivier Martin-Salvan 

©Giovanni Cittadini Cesi

Leur dernier spectacle, Bigre, avait remporté le Molière de la meilleure comédie en 2017. Le tandem Pierre Guillois et Olivier Martin-Salvan revient aujourd’hui avec un spectacle burlesque et débordant d’inventivité. Avec pour seuls accessoires des bouts de carton pour faire avancer le récit de leur aventure, les deux compères exploitent à fond les possibilités de ce simple procédé de mise en scène – écrire grossièrement les indications sur le carton, qui sert alors à la fois d’objet, de décor, de dialogue, suffit à suspendre notre incrédulité – et offrent aux spectateurs une bouffée de rire ininterrompue. Une astuce vieille comme le monde, dira-t-on, mais qui n’en finit pas de démontrer sa redoutable efficacité comique.

Théâtre Tristan Bernard – Du 2 au 28 février 2022 – Billetterie par ici

4Amer M. et Colette B. de Joséphine Serre

©Tuong-Vi Nguyen

Il y a quelques années, Joséphine Serre trouve dans sa boîte aux lettres un mystérieux portefeuille. Menant l’enquête, la dramaturge et comédienne se met en quête de retracer la vie de cet homme, Amer M., algérien kabyle arrivé en France en 1954. Cela donnera naissance à une première pièce, Amer M., aujourd’hui complétée par Colette B., le seul contact à être identifié dans le portefeuille d’Amer M. Tout ce que l’on sait, c’est que Colette fut pianiste à Radio France : à partir de là, Joséphine Serre façonne la vie entière de Colette et imagine ce qui a pu la conduire à rencontrer Amer. Qu’ont-ils bien pu se dire sur ce banc où ils se retrouvaient apparemment chaque jour ? Une réflexion prenante sur l’exil, l’arrachement au sol, l’oubli et la réminiscence, deux pièces à voir en miroir l’une de l’autre et portées par un quatuor de comédiens totalement investis dans leurs rôles.

Théâtre national de la Colline – du 29 janvier au 20 février 2022

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5Avant la retraite de Thomas Bernhard, mis en scène par Alain Françon

©Jean-Louis Fernandez©Jean-Louis Fernandez

Présentée au Théâtre de la Porte Saint-Martin en octobre 2020 et écourtée en raison du second confinement, cette adaptation par Alain Françon de la pièce de l’écrivain autrichien Thomas Bernhard – sous-titrée « comédie de l’âme allemande » – revient sur la scène de la Porte Saint-Martin avec son trio de comédiens époustouflant : Catherine Hiegel, Noémie Lvovsky et André Marcon y incarnent ces personnages ouvertement grotesques et pathétiques de fanatiques du Troisième Reich se réunissant chaque année autour de la table pour fêter la naissance de Himmler, haut dignitaire nazi. Farce cynique sur les résurgences du nazime, Avant la retraite est un condensé d’humour noir, une tragi-comédie irrévérencieuse sur les confins de la mauvaise foi et de l’hypocrisie de la société (on se figure sans mal le scandale que la pièce provoqua à Vienne lors de sa création en 1979). Alain Françon, qui s’est récemment attelé à mettre en scène La seconde surprise de l’amour de Marivaux, réitère ici tout son amour de la langue et de l’écriture théâtrale, dans ce huis-clos glaçant mené par des acteurs incroyablement monstrueux, dans tous les sens du terme.

Théâtre de la Porte Saint-Martin – Du 12 janvier au 2 avril 2022 – Billetterie par ici

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Article rédigé par
Félix Tardieu
Félix Tardieu
Journaliste