Dans un volume unique de plus de 600 pages, Masasumi Kakizaki signe une descente aux enfers où la vengeance, la mort et la monstruosité se confondent jusqu’à brouiller toute notion d’humanité.
Junji Ito règne depuis longtemps sur le manga d’horreur, mais son trône n’est plus incontestable. Masasumi Kakizaki, figure majeure du seinen sombre, revient dans les librairies françaises ce 3 décembre avec Yomotsuhegui, le fruit des enfers, un one-shot grand format de plus de 600 pages qui promet une plongée dans les profondeurs de la vengeance et de la monstruosité.
Quand la justice se perd dans l’abîme
Le récit suit Kanetsugu Nawa, un ex-policier dévasté par l’assassinat de sa femme et de sa fille. Après avoir abattu l’un des meurtriers, il sort de prison obsédé par l’idée de mener sa vengeance à son terme.
Mais l’homme qu’il traque n’est plus un simple criminel : il a mangé le « fruit des enfers », le transformant en créature immortelle et invulnérable. Pour le stopper, Nawa n’a plus d’autre choix que de pactiser avec une déesse de la mort et d’accepter de devenir, lui aussi, un monstre.

Visuellement, Kakizaki pousse son style à l’extrême – réalisme, clair-obscur, corps cabossés, regards féroces – pour créer un malaise constant chez le lecteur. L’ambiance oscille entre mythologie japonaise et survival horror, et le surnaturel sert à révéler les ruines de l’âme humaine.
Une continuité dans l’œuvre de Kakizaki
Révélé avec son drame carcéral réaliste Rainbow – grâce auquel il a remporté en 2006 le prix Shogakukan –, Kakizaki a montré sa polyvalence et son attirance pour l’horreur psychologique dans l’ensemble de ses œuvres. Dans la postface de Hideout, il assume son amour pour le cinéma et la littérature d’horreur, citant notamment Stephen King parmi ses influences majeures.
Dans Yomotsuhegui, il synthétise les ingrédients de cet attrait, avec la violence sociale de Rainbow, la noirceur tragique de Green Blood et l’imaginaire mythologique de Bestiarius, le tout transcendé par l’atmosphère suffocante de Hideout.
Yomotsuhegui a d’abord été prépublié dans le magazine Gekkan Young Magazine à partir de 2021. Divisée en trois tomes au Japon, l’œuvre a été rassemblée par Pika pour offrir un volume intégral, qui inclut des pages en couleur.