Après son Oscar pour Pauvres créatures, Emma Stone retrouve Yórgos Lánthimos pour un film radical et dérangeant, salué par la critique même s’il ne s’impose pas comme l’un des sommets du réalisateur.
Le tandem Yórgos Lánthimos et Emma Stone est de retour pour un nouveau film hors des sentiers. Bugonia, remake en langue anglaise du film sud-coréen Save the Green Planet ! (2003), a été présenté en compétition officielle à la Mostra de Venise en août. Sorti aux États-Unis en octobre, il arrive en France le 26 novembre et déstabilise à nouveau la critique.
Une intrigue sous tension
Le récit suit Teddy, un apiculteur obsédé par les théories du complot, épaulé par son cousin Don. Tous deux kidnappent Michelle Fuller, PDG d’un géant pharmaceutique, persuadés qu’elle est une extraterrestre envoyée pour anéantir la Terre. Thriller psychologique, comédie noire et science-fiction, Lánthimos installe un huis clos d’une cruauté méthodique, où l’enlèvement devient le miroir de nos peurs collectives.

On « ne s’ennuie jamais vraiment avec Yórgos Lanthimos », commence Télérama qui, comme la plupart des titres de presse, saluent le retour du réalisateur mordant. Urbania parle d’un film « hallucinatoire, hyperviolent et drôle […] vivant comme peu d’autres productions ». La Presse note qu’il s’agit d’« une réflexion sur l’absence de dialogue de notre époque […] ainsi qu’un réquisitoire contre ce que l’humain fait subir à la planète ».
Scénario : efficacité et limites
Les journaux s’accordent sur la cohésion du récit mais pointent une forme de prévisibilité. Le Devoir estime que « la trame s’avère beaucoup trop prévisible », tandis que The Guardian juge que « la préparation de ce grand saut est très, très longue », même si le final – « magnifique » – rattrape en partie ce qui précède. L’ambition thématique – capitalisme, écologie, paranoïa – est jugée forte, mais parfois trop explicite.

L’unanimité se fait sur les acteurs. Le Devoir décrit Emma Stone comme « épatante », impassible dans la douleur. Urbania souligne « sa capacité à transgresser les normes du confort et de la bienséance sociale ». Jesse Plemons, « tour à tour loufoque et effrayant » selon Le Devoir, impressionne par « une prestation percutante » selon The Guardian.
Esthétique et mise en scène
Le style Lánthimos divise autant qu’il fascine. Télérama évoque une « farce stylisée » ; La Presse juge la mise en scène « maîtrisée » et conclut sur des « images fortes et prégnantes ».
Malgré ces retours plutôt positifs, le film ne semble pas convaincre autant que les autres longs-métrages du réalisateur. Le Devoir parle ainsi d’une œuvre « facétieuse, mais mineure » et The Guardian affirme que Bugonia « n’a ni l’ingéniosité et l’élégance de Kinds of Kindness ni la générosité émotionnelle de Pauvres créatures« .