Parmi les nombreuses productions diffusées pour commémorer les dix ans des attentats du 13-Novembre, France Télévisions propose un documentaire de 1h30 qui dévoile des témoignages inédits, issus d’une étude scientifique consacrée à la mémoire individuelle et collective.
Fruit d’un travail scientifique, le documentaire 13 novembre : nos vies en éclats, diffusé par France Télévisions, donne à entendre les voix de rescapé·e·s, de proches endeuillés et de témoins des attentats de 2015. Réalisé par Valérie Manns, il s’appuie sur un corpus de témoignages initialement recueillis pour la recherche. Vingt-sept volontaires ont été sélectionnés parmi près d’un millier de participants, interrogés à trois reprises depuis 2016. Le film explore ainsi la manière dont se construit, au fil du temps, la mémoire collective d’un traumatisme national.
Quand la recherche devient récit
L’originalité du projet tient à la nature de ces images, jamais destinées à la diffusion publique. Issues du Programme 13-Novembre lancé par le CNRS et l’Inserm pour étudier la mémoire individuelle et collective, elles témoignent d’une démarche d’abord scientifique. « C’est la première fois que ces images sont rendues publiques. Jusqu’ici, elles étaient strictement confidentielles », explique Denis Peschanski à l’INA, historien et directeur de recherche émérite au CNRS.
Valérie Manns a choisi une mise en scène dépouillée. Les visages apparaissent sur fond noir, sans image d’archive ni commentaire. Ces paroles composent un récit choral, intime et collectif à la fois. « Ce qui m’a profondément touchée, c’est la dimension personnelle de ces témoignages, portés par des personnes anonymes, jamais vues ailleurs », confie Valérie Abita, productrice à l’INA.
Une mémoire qui se construit petit à petit
Là où d’autres productions commémoratives se concentrent sur la reconstitution des faits, Nos vies en éclats s’attache à la persistance du souvenir. Le film interroge la manière dont un événement s’inscrit durablement dans les consciences. « Lorsque l’on croise les paroles des rescapés, des familles, des policiers ou des médecins, on passe de la vérité du témoin à la vérité de l’événement », souligne Denis Peschanski. Le documentaire ne cherche pas à raviver le choc, mais à comprendre comment la société française, peu à peu, s’est réapproprié le récit des événements du 13-Novembre.
Pour Valérie Abita, cette démarche répond à une responsabilité patrimoniale. « Il me semblait essentiel de partager ces entretiens à l’occasion d’une année commémorative. Ce film témoigne d’une mémoire contre l’oubli, en rendant compte de tous les lieux frappés, et, au-delà, de l’ensemble de la société française. C’est une manière d’honorer les victimes, directes ou indirectes, et de mettre en lumière leur courage, leur humanité, et la nécessité absolue de transmettre ces récits aux générations futures », conclut-elle.
