Ancrée dans le Japon de Meiji, la nouvelle série japonaise de Netflix attire par la promesse d’un drame épique. Mais derrière l’éclat des combats et le vernis historique, Last Samurai Standing peine à faire vibrer la tragédie, faute d’originalité.
C’est une séquence maîtrisée qui fait office d’ouverture. Dans un travelling de quatre minutes, au cœur d’un champ de bataille boueux, les sabres s’entrechoquent, mêlés aux bombardements et aux bruits sourds des tirs, avant que les cris ne s’éteignent définitivement pour se refermer sur le regard hagard du « dernier samouraï« .
C’est ce nom qu’a emprunté Netflix pour sa nouvelle fresque historico-dramatique, à la mise en scène soignée et au goût certain pour l’hémoglobine. Une entrée en matière convaincante, qui témoigne d’un vrai sens de l’image, mais derrière laquelle la série japonaise, dont les six premiers épisodes paraissent ce 13 novembre, peine à concilier tragédie et ambition spectaculaire.
À la croisée de l’histoire et de la fiction
Adaptée du roman puis du manga Ikusagami de Shōgo Imamura, Last Samurai Standing – qui opte donc pour un titre anglicisé – plonge dans un Japon en pleine mutation, à la seconde moitié du XIXᵉ siècle. Une décennie après la guerre de Boshin – le conflit qui a mis fin au shogunat Tokugawa et a consacré la victoire impériale –, l’ère meiji s’installe : les samouraïs perdent leur rang et l’influence occidentale progresse dans la classe dirigeante.

L’intrigue s’ancre dans ce cadre historique singulier, exploré sous un autre regard dans le très célèbre film d’Edward Zwick avec Tom Cruise, Le dernier samouraï (2003). La série suit quant à elle Shūjirō, ancien samouraï hanté par les souvenirs du front et meurtri par la perte de sa fille, emportée par le choléra – une épidémie qui fit plus de 100 000 victimes entre 1877 et 1879. Accablé, il reçoit une invitation à participer à un curieux tournoi au gain démesuré. Avec près de 300 anciens combattants, il doit rallier Tokyo en un mois en éliminant les autres concurrents.
Avant tout une série d’action
Sous ses airs de drame historique, Last Samurai Standing s’éloigne en réalité rapidement de la complexité politique pour adopter la mécanique du survival game, plus proche de Squid Game ou d’Alice in Borderland que de Shōgun.

La série repose sur un dispositif simple : une aventure cruelle sur fond de complot national, rythmée par des alliances et des trahisons. Les décors, plutôt réussis, s’accordent à une tonalité sombre, portée par une image soignée. Mais l’essentiel du récit repose sur une succession de duels – presque la moitié des épisodes – qui, bien que fluides, cèdent trop souvent au spectaculaire, multipliant ralentis et effets de style caricaturaux.
Un scénario sans surprise
Last Samurai Standing révèle aussi ses limites dans l’écriture. Le déroulement narratif, linéaire et prévisible, reste en surface. Le jeu aurait gagné à être davantage approfondi : sa nature, ses règles ou les motivations de ses organisateurs, censées porter la dimension thriller, ne réservent guère de surprises. Les thématiques – rédemption, sacrifice, vengeance – trahissent l’héritage du manga : des motifs typiquement japonais, sans réelle nouveauté, qui donnent à l’ensemble un énième air de déjà-vu.

Le show conserve une certaine dynamique, malgré quelques lenteurs dans les flashbacks, qui ont toutefois le mérite d’apporter un peu de profondeur, notamment au protagoniste. Mais lui comme les autres figures peinent à s’extraire de leurs archétypes – le héros repenti, la jeune fille à protéger, les adversaires cruels…
Ce manque de nuance affadit l’ensemble et atténue la singularité du contexte. Une exception mérite néanmoins d’être mentionnée : le personnage de Kyojin Tsuge, interprété avec justesse par Higashide Masahiro, apporte à la production une tension bienvenue et intrigante.
Un divertissement ambitieux, mais inégal
Prise pour ce qu’elle est – une série d’action –, Last Samurai Standing remplit son rôle : efficace, rythmée, elle saura séduire les amateurs de katanas. Mais, au-delà du spectacle, elle manque d’audace, d’originalité et de relief. Son déroulement narratif bateau et ses personnages caricaturaux limitent sa portée.

À noter que ce premier volet n’est pas présenté comme une minisérie : la fin du sixième épisode laisse clairement entrevoir une suite, à condition que les audiences soient au rendez-vous. Si Netflix lui accorde une seconde chance, on ne peut qu’espérer qu’elle saura, cette fois, approfondir pour livrer un drame de samouraïs à la hauteur de ses ambitions.