L’un des avantages du manga est qu’il peut se permettre de balayer tous les genres pour s’adapter aux goûts de chacun. Voici donc une nouvelle sélection de lectures éclectiques qui démontre l’incroyable faculté du média à s’emparer de toutes les atmosphères.
| Le Garçon et le Dragon
Ce n’est peut-être pas totalement innocent si le titre de ce manga rappelle fortement celui du dernier film des studios Ghibli (Le Garçon et le Héron). Car c’est dans une ambiance mi-fantaisiste mi-réaliste, à la fois inquiétante et chargée d’onirisme, que se déroule cette histoire d’amitié qui va réunir deux êtres fragiles. Brillant par son dessin délicat, ce one-shot est parfait pour réunir tout le monde autour du plaisir de la lecture.
Visiblement prédestiné à « épouser » un dragon, le jeune héros s’accommode assez vite du caractère enjoué de la créature qui lui confie ses peurs, ses rêves et ses secrets. Pourtant, le collégien ne voit pas encore la divinité qui se cache derrière le « monstre », tandis que ce dernier ne reconnaît pas non plus en lui l’épouse qu’on lui a promise. Mais tous deux vont s’apercevoir qu’ils partagent des blessures similaires, profondément enfouies dans leur passé.
| Yôkai Giga
Tout ou presque a déjà été dit sur les yôkai, ces monstres issus du folklore japonais qui font frémir des générations d’enfants. Mais quelqu’un s’est-il déjà demandé ce que ces créatures pensaient à notre sujet ? C’est précisément le point de départ de cette série décalée qui détourne la focale habituelle dans le but de nous faire découvrir une autre facette de notre société humaine. Les yôkai ont beaucoup à nous dire, mais encore faut-il parvenir à les entendre !

À travers un enchaînement d’histoires courtes extrêmement variées, l’auteur s’amuse à surprendre ses lecteurs en orientant son récit vers une chute toujours improbable. Sur un total de 11 tomes, Yôkai Giga se joue aussi des genres et des époques, domptant tous les registres pour se renouveler constamment. Le premier volume est enfin disponible en français chez Le Lézard Noir.
| Assassin’s Creed Shadows – Les légendes d’Iga
Dans le sillage de la sortie du jeu vidéo, le manga Assassin’s Creed Shadows – Les légendes d’Iga nous raconte des faits antérieurs au scénario que l’on connaît. Il s’agit donc d’une préquelle officielle qui s’étale sur trois volumes édités chez Mana Books. Avec la promesse de nous dévoiler les origines de la Confrérie des Assassins, ce titre s’empare de l’ambiance guerrière du Japon féodal pour suivre les traces d’un héros inédit.
Sauvé du massacre de son village par un apprenti shinobi, Masayasu va progressivement développer ses talents de ninja pour retrouver la trace des Templiers de cette époque. Aidé dans sa mission par une mystérieuse kunoichi nommée Tsuyu, il devra protéger coûte que coûte les insignes impériaux du Japon. Cette série comptera seulement trois volumes.
| Valkyrie Apocalypse – L’affaire Jack l’éventreur
Dans cette nouvelle série de mangas d’enquêtes atypique, le véritable Jack n’est pas le fameux assassin que tout le monde recherche. C’est un être doté de capacités hors normes qui est capable de cerner le moi profond d’un individu grâce à ses talents psychiques. Son regard transforme les émotions des gens en couleurs, ce qui lui permet de savoir ce qu’ils dissimulent au fond d’eux-mêmes.
Dès lors, rien de plus facile pour lui que de démasquer le véritable éventreur afin de l’empêcher de nuire. Mais ce n’est que le début d’une longue série de drames, car Jack est loin d’être blanc comme neige. Par son propos brutal et son dessin sans concessions, ce manga n’est pas à mettre entre toutes les mains.
| Aisha – Contes d’amours et de massacres
Venue de Chine, Aisha est une œuvre qui dépasse les conventions de la bande dessinée. Proposé dans un luxueux format, ce thriller psychologique puise dans l’imaginaire des contes de fées pour servir une narration partagée entre l’amour et la haine, la passion et la vengeance. Aisha et Aida sont deux sœurs jumelles persuadées qu’une méchante belle-mère convoite l’héritage de leur père. Elles décident alors de prendre les devants en se débarrassant de l’intruse et de ses fils qui se sont installés dans leur manoir…
Ce projet de publication en français a pu se concrétiser grâce à un financement participatif qui permet de découvrir l’œuvre de Fajite dans une version de luxe des éditions Komogi. L’ouvrage bénéficie d’une couverture similicuir, d’une reliure cartonnée et d’un jaspage doré pour nous permettre d’apprécier le style étonnamment réaliste de l’artiste. Attention, les thèmes abordés sont destinés à un public averti.
| 14 août 1945 – Le jour le plus long du Japon
Voici le tout premier titre issu de la collection « Kotodama », imaginée par les éditions Petit à Petit pour mettre en avant un certain nombre de « docu-mangas » historiques. Cet ouvrage est dessiné par Yukinobu Hoshino, l’auteur de 2001 Night Stories. Il revient sur l’un des moments les plus décisifs de toute l’histoire du Japon : « le jour le plus long », après les bombardements atomiques.

Une quinzaine de pages documentaires complètent le tout afin d’offrir une vision exhaustive de ce qui s’est vraiment passé le 14 août 1945, alors que l’empereur Hirohito s’apprêtait à signer la reddition sans conditions de son pays. Voilà une initiative à saluer tant elle permet de rendre des faits historiques abordables à un public parfois réticent à se plonger dans les livres d’histoire.
| Yomotsuhegui – Le fruit des enfers
Nouvelle entrée remarquée chez Pika, Yomotsuhegui – Le fruit des enfers redéfinit les contours du manga horrifique. Selon la maison d’édition, le mangaka Masasumi Kakizaki est même pressenti pour devenir le nouveau maître du genre après Junji Itô ! Cela explique pourquoi le lancement des trois volumes s’effectue en simultané dans une intégrale comportant plusieurs pages couleurs.
Très influencée par l’ambiance fantastique des œuvres d’H.P. Lovecraft, l’histoire va au-delà de la simple quête de vengeance. Car l’homme que le policier Kanetsugu Nawa s’est juré d’éliminer pour avoir assassiné sa fille et son épouse n’est pas totalement… humain. S’il veut le vaincre, le protagoniste devra lui-même devenir un monstre en pactisant avec la déesse de la mort.