Inspirée du roman autobiographique de Tamara Trottner, la série mexicaine, disponible sur Netflix depuis le 15 octobre, revient sur un enlèvement d’enfants dans les années 1960.
Sous ses airs de drame familial, Personne ne nous a vus partir raconte une dépossession intime et politique. Produite par Netflix, cette mini-série mexicaine en huit épisodes, disponible depuis le 15 octobre, adapte le roman autobiographique éponyme de Tamara Trottner. À travers l’enlèvement d’enfants par leur propre père, elle ausculte la violence du patriarcat et le pouvoir corrosif du silence dans le Mexique des années 1960.
Quelle est l’histoire de Personne ne nous a vus partir ?
Publié en 2020, le livre s’inspire du propre enlèvement de l’autrice, à l’âge de cinq ans. Elle y décrit un monde clos, celui de la haute bourgeoisie juive de Mexico. Le père enlève ses enfants pour punir une épouse infidèle ; la mère se bat pour les retrouver. À partir de cette trame, Trottner observe la mécanique des privilèges, la brutalité des élites et l’effacement des femmes.

La série transpose cette matière. Valeria, incarnée par Tessa Ía (Les envolées), représente la résistance d’une femme face à l’injustice. Emiliano Zurita (Le bal des 41), dans le rôle de Léo Saltzman, donne corps à une figure paternelle dominante. Leur affrontement dépasse le cadre domestique : il expose un système où l’ordre social légitime la violence et où les enfants deviennent des otages.
Où la série a-t-elle été tournée ?
Réalisée par Lucía Puenzo (XXY), Nicolás Puenzo (The Unseen) et Samuel Kishi (Los Lobos), l’œuvre s’attache à restituer le Mexique des années 1960. Le scénario, écrit par María Camila Arias (La femme cachée), explore les rapports de force entre sphère privée et structures de pouvoir. La mise en scène choisit la sobriété pour traduire la tension contenue d’un milieu qui étouffe sous le contrôle social.
Tourné entre le Mexique, la France, l’Italie et l’Afrique du Sud, le programme aborde la notion de violence vicariante – l’usage des enfants comme outils de châtiment – encore peu représentée dans la fiction latino-américaine. Par ce prisme, Personne ne nous a vus partir interroge les logiques de domination inscrites au cœur du foyer et prolonge la réflexion engagée par des œuvres comme The Lost Daughter ou Anatomie d’une chute.