La série d’anthologie revient avec un nouveau chapitre en huit épisodes. Après Dahmer et les Menendez, c’est la figure d’Ed Gein, incarné par Charlie Hunnam, qui est au centre du récit.
Imaginée par Ryan Murphy et Ian Brennan, l’anthologie Monstre poursuit son exploration des ténèbres américaines. Après Jeffrey Dahmer et les frères Menendez, la troisième saison s’intéresse à l’histoire d’Ed Gein, un criminel du Midwest. Huit épisodes glaçants, proposés sur Netflix depuis le 3 octobre. Fascination malsaine, choix de casting controversé, brouillage des frontières entre récit historique et fiction… Avant même sa diffusion, la série cristallise déjà des critiques et des inquiétudes.
Un mythe macabre
Arrêté en 1957 après la disparition de Bernice Worden, Ed Gein a laissé une empreinte cauchemardesque : cadavres exhumés, meubles fabriqués à partir de restes humains, obsessions nées d’une enfance écrasée par une mère omniprésente…

La série se penche sur son isolement psychologique et sur la brutalité de ses actes. Elle souligne aussi l’influence culturelle du « boucher de Plainfield », source d’inspiration pour Psychose, Massacre à la tronçonneuse ou encore Le silence des agneaux. Mais certains ressorts dramatiques relèvent de la pure invention, jamais attesté dans les faits.
Charlie Hunnam, un choix qui divise
Dans la peau de Gein, Charlie Hunnam attire l’attention autant que la controverse. Sa prestance et son image séduisante posent question : un tel choix ne risque-t-il pas de lisser l’horreur, voire d’éveiller une ambiguë attraction pour le personnage ? Dans la presse américaine, l’acteur a lui-même reconnu que certains monstres pouvaient paraître « glamour ». Ses propos, où il décrit Gein comme « un monstre doux », nourrissent la crainte d’une représentation trop empathique, voire complaisante.

À en croire Entertainment Weekly, cette saison pourrait être la plus dérangeante de la franchise. Les scènes inspirées de la perquisition de 1957, où furent découverts les trophées macabres de Gein, promettent une imagerie radicale. Ryan Murphy joue ici une partition risquée : choquer sans sombrer dans le voyeurisme.
Une franchise habituée aux polémiques
Cette réception houleuse n’est pas inédite. La saison consacrée à Jeffrey Dahmer avait suscité l’indignation des familles de victimes, absentes du processus créatif. La suivante, dédiée aux frères Menendez, avait été accusée d’inventions grossières, comme la suggestion d’une relation incestueuse, et critiquée pour son ton excessivement dramatique.

Avec Ed Gein, Monstre poursuit cette exploration ambiguë : montrer l’indicible, interroger la fabrication des monstres, mais aussi exposer le public à sa propre curiosité. Reste à voir si cette incarnation sera perçue comme une plongée nécessaire dans les zones sombres de l’humanité ou comme une nouvelle démonstration de l’attrait de la fiction pour les vrais meurtriers.