
Dans cette nouvelle comédie dramatique à découvrir le 4 avril sur Disney+, Michelle Williams incarne une femme atteinte d’un cancer incurable qui se lance dans une odyssée sexuelle. Une série audacieuse, rafraîchissante (et torride) qui brise les tabous sur le sexe, le cancer et la mort.
Presque chaque instant de Dying for Sex, la série FX diffusée sur Disney+ inspirée du podcast à succès de 2020 du même nom – lui-même inspiré de la vie de Molly Kochan, qui l’animait avec sa meilleure amie, Nikki Boyer – est à la fois drôle et émouvant. Après avoir été diagnostiquée d’un cancer du sein métastatique de stade IV, Molly quitte son mari Steve et cherche à avoir les meilleures relations sexuelles de sa trop courte vie.
Une approche nouvelle d’un sujet lourd
Cette œuvre en huit épisodes débute par une séance de thérapie de couple durant laquelle Molly reçoit un appel de son médecin diagnostiquant un cancer de phase terminale. Elle se lève, quitte immédiatement la séance et, peu de temps après, son mari (un Jay Duplass inquiet, mais condescendant) pour se lancer dans une expédition sexuelle.

Molly n’a jamais eu d’orgasme et elle est déterminée à y parvenir tout en réveillant des désirs sexuels endormis. Avec sa meilleure amie Nikki (incarnée par Jenny Slate, attachante et étourdie) et Sonya (interprétée avec charisme par Esco Jouley), son assistante sociale en soins palliatifs queer et sex-positive comme alliées, Molly découvre de nouvelles notions d’érotisme.
Du cancer, on entend souvent parler des bouleversements de la chimiothérapie, de la baisse de libido, de l’altération du désir et de la séduction. Dying for Sex n’a pas peur d’aborder de front un sujet tabou : la sexualité pendant la maladie. Car si le sexe n’est pas la première chose à laquelle on pense après un diagnostic de cancer, la série met le doigt sur l’importance de l’intimité et du plaisir, avec l’idée qu’un corps malade peut être désirable.

À la fin du premier épisode du podcast éponyme, Molly prononce une phrase qui résume parfaitement son expérience : « Le sexe, c’est la vie et la création, et il contrecarre la mort de bien des façons. » Molly est un personnage atypique et complexe, doté d’un humour pince-sans-rire et d’une libido que même l’hormonothérapie ne parvient pas à freiner.
Cinq fois nommée aux Oscars, Michelle Williams a prouvé sa capacité à jouer des rôles dramatiques. Cette nouvelle production la fait évoluer dans un registre totalement différent et l’exercice est plus que réussi. Aux manettes de cette saison, on retrouve Elizabeth Meriwether (New Girl) et Kim Rosenstock (Only Murders in the Building, Glow), qui expliquent à Vulture avoir été inspirées par l’humour trash et sombre d’I May Destroy You et la sexualité brûlante et réaliste de Normal People.
Une représentation sans jugement des sexualités
La série est assez novatrice dans sa manière de traiter le sexe hétérosexuel. Molly a des relations sexuelles avec plusieurs hommes, en grande partie sans pénétration vaginale, déconstruisant un schéma normatif récurrent sur le petit écran. Dans l’épisode 2 intitulé La masturbation est importante, la protagoniste tente tout ce qui lui passe par la tête pour se faire plaisir : discuter avec un cam-boy, regarder la scène de Speed où Sandra Bullock conduit le bus, observer des poissons-clowns entrer et sortir d’un récif corallien…

Pour cette scène de masturbation dans un hôtel, Michelle Williams raconte à Vulture avoir dû trouver comment atteindre l’orgasme de six manières différentes. L’évolution sexuelle de Molly est un processus intéressant. Elle navigue entre les applications de rencontre et les aventures décevantes avant de trouver une connexion sexuelle avec son voisin.
Dying for Sex explore alors le kink comme une opportunité de libération et de catharsis, et non comme une déviance ou un sombre détour freudien sur le chemin du sexe conventionnel. Évitant le piège de Cinquante nuances de Grey, la minisérie présente des scènes positives de négociations BDSM : dans l’une d’elles, autour d’un café, un homme demande à Molly si elle « aime les cages de chasteté » tout en définissant ses propres limites.

Si le show exploite le potentiel comique des rapports BDSM, il parvient toutefois à ne jamais pathologiser et se moquer de l’acte ou de celles et ceux qui le pratiquent. Mieux encore, il démonte les idées reçues négatives sur cet univers en dévoilant la communication en amont et en aval du rapport, mais aussi ce qu’on appelle l’aftercare dans le milieu BDSM, soit le réconfort physique ou moral et les petites attentions échangées entre partenaires après une expérience sexuelle intense.
Dans l’épisode 4, « l’homme à la cage de chasteté » (comme le surnomme l’héroïne) prononce le safe word, dit à Molly que « l’après dominance peut être dure » et lui propose de grignoter quelque chose. Pour mettre les acteurs à l’aise, les réalisatrices ont fait appel à plusieurs coordinateurs d’intimité, notamment pour l’épisode dans lequel Molly et Nikki assistent à une soirée libertine.
Plus qu’une quête sexuelle, une quête de soi
« Nous voulions que les spectateurs apprennent quelque chose de nouveau sur le personnage à la fin de chaque scène, plutôt que simplement regarder du sexe », souligne Liz Meriwether au Hollywood Reporter. Dying for Sex utilise avant tout le sexe pour raconter la manière dont Molly prend son destin en main. Ses escapades sexuelles représentent à la fois une distraction face à sa mort imminente et un moyen de se sentir vivante.

Il s’agit aussi de guérir de ses vieilles blessures, d’accepter ce qui lui arrive et sa mortalité. Les agressions sexuelles que Molly a subies enfant prennent la forme d’un homme au visage flou qui la hante par intermittence. S’il fallait désigner un faux pas, les huit épisodes évoquent maladroitement comment ce traumatisme a affecté ses expériences intimes à l’âge adulte, sans jamais cerner le sujet.
Au milieu de cette exploration personnelle, Dying for Sex façonne une belle et déchirante histoire d’amour. Non pas avec l’un des partenaires de Molly – même si sa relation avec son voisin aurait pu prendre cette tournure –, mais avec Nikki. Et cela est dû en grande partie à l’alchimie entre Michelle Williams et Jenny Slate. Cette dernière, qui a fait ses armes dans la comédie, capture parfaitement la difficulté émotionnelle d’être à la fois la meilleure amie et l’aidante.

« Cette série est une histoire d’amour sur beaucoup de choses – une femme et son corps, une femme et son voisin, une femme et son vibromasseur, confie Rosenstock à The Hollywood Reporter. Mais, en fin de compte, il s’agit de deux meilleures amies. Et comment l’amitié peut être une force vitale. » La quête de Molly pour l’orgasme est un voyage désordonné, joyeux et dévastateur qui célèbre la vie et rappelle qu’il n’y a pas de bonne ou mauvaise façon de faire face à la mort.