
En trois épisodes percutants, ce documentaire revient sur le meurtre de Marie Trintignant en 2003 et démonte le mythe du « crime passionnel » en donnant la parole aux proches de la victime.
Juillet 2003. À Vilnius, en Lituanie, Marie Trintignant s’effondre sous les coups de son compagnon, Bertrand Cantat. Vingt-deux ans plus tard, Netflix revient sur cette affaire criminelle dans une série documentaire en trois volets, De rockstar à tueur : le cas Cantat, disponible le 27 mars sur la plateforme. Une œuvre qui dissèque les faits, les silences, et l’impact de ce féminicide resté longtemps désigné comme un simple « crime passionnel ».
Une affaire qui a bouleversé la France
Dans la nuit du 26 au 27 juillet, une violente dispute éclate dans une chambre d’hôtel. Dix-neuf coups sont portés, principalement au visage. L’actrice est hospitalisée, plongée dans le coma, puis déclarée morte six jours plus tard.

Le chanteur de Noir Désir est incarcéré, jugé à Vilnius en mars 2004, condamné à huit ans de prison. Il en purge quatre en France avant d’obtenir une libération conditionnelle. L’affaire fait la une. La justice tranche, mais le débat s’installe durablement dans l’espace public.
Une série pour déconstruire le récit
À travers archives, témoignages et entretiens inédits, le documentaire éclaire les zones d’ombre et interroge les récits dominants. L’objectif : comprendre comment un meurtre a pu être minimisé dans les médias et l’opinion.
« Cette affaire permet de réaliser l’évolution énorme qui a été faite en 20 ans. À l’époque, la presse parlait de “crime passionnel”. Aujourd’hui, on parle de féminicide, rappelle Anne-Sophie Jahn, co-réalisatrice de la série, citée par Le Figaro. L’affaire Cantat est un des plus grands témoins de ce glissement. »

Le documentaire donne la parole à ceux qui ont vécu la tragédie. Richard Kolinka – batteur du groupe Téléphone, fils de Ginette Kolinka, rescapée des camps –, père de Roman qu’il a eu avec Marie Trintignant, livre un témoignage « avec ses tripes », souligne Anne-Sophie Jahn. Lio, proche de la famille Trintignant, s’exprime aussi. Dès 2003, elle avait qualifié les faits de « violence conjugale » — un terme encore mal reçu à l’époque.
Un drame aux répercussions durables
La série revient également sur les années qui ont suivi : le suicide de Krisztina Rády, compagne de Cantat, en 2010, et les polémiques autour de ses tentatives de retour sur scène. Une cinquantaine de personnes ont été interviewées pour ce projet documentaire qui dépasse le fait divers pour interroger la justice, la mémoire collective et le traitement médiatique des violences faites aux femmes.