Critique

Blanche Neige : le live action Disney est-il finalement réussi ?

19 mars 2025
Rachel Zegler dans “Blanche Neige”, au cinéma le 19 mars.
Rachel Zegler dans “Blanche Neige”, au cinéma le 19 mars. ©Disney

Ce mercredi 19 mars, le live action Blanche Neige débarque au cinéma. Après les polémiques et les premiers avis négatifs, que vaut vraiment le nouveau film Disney ? Critique.

Projet longtemps dans les tiroirs de la firme aux grandes oreilles, avant d’essuyer de nombreuses polémiques, Blanche Neige arrive (enfin) ce mercredi 19 mars dans les salles obscures françaises, quelques mois seulement après Musafa, le roi lion (2024). Réalisé par Marc Webb (500 jours ensemble, The Amazing Spider-Man…), le live action reprend l’histoire originale du dessin animé culte de 1937 : la méchante reine (Gal Gadot) cherche désespérément à se débarrasser de Blanche Neige (Rachel Zegler), la plus belle d’entre toutes, les nains continuent de tailler la pierre au rythme d’un mythique Eh Oh, et la pomme est toujours empoisonnée.

Rachel Zegler dans Blanche Neige. ©Disney

Toutefois, Disney a souhaité moderniser le récit : exit le prince charmant, celui-ci est remplacé par Jonathan, un hors-la-loi drôlatique qui apporte une certaine fraîcheur à la panoplie de personnages que l’on connaissait déjà. Les studios de Mickey ont également modifié le final du long-métrage ; un choix judicieux qui permet de réinventer Blanche Neige afin d’en faire une héroïne plus engagée, mais qui catalyse certains des défauts majeurs du film.

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Waiting on…

À commencer par le manque de souffle du long-métrage. Malgré plusieurs séquences prometteuses – notamment Waiting on a Wish, chanson originale entêtante incarnée avec émotion par Rachel Zegler ou encore une séquence dans les mines lancée à 100 à l’heure aux côtés des sept nains –, Blanche Neige ne parvient jamais à trouver son rythme, apparaissant coincé entre une photographie trop pauvre en dépit de la promesse enchanteresse et plusieurs défauts d’écriture. Le film est sans arrêt tiraillé entre héritage et réinvention, n’offrant jamais véritablement de moments intenses ou d’images spectaculaires.

Le scénario stagnant – on se demande finalement ce que tente de raconter le film – finit par en souffrir, tout comme plusieurs séquences musicales qui manquent cruellement de moyens. En témoigne le solo de Gal Gadot qui, malgré un esprit cancan, séducteur et léger, ne parvient jamais à atteindre la puissance de la partition de Rachel Zegler. L’actrice, qui s’était déjà illustrée chez Steven Spielberg dans son remake de West Side Story (2021), brille en effet grâce à des performances vocales amusantes et libres.

Gal Gadot dans Blanche Neige. ©Disney

Pourtant, lorsqu’elle ne pousse pas la chansonnette, la comédienne cantonne sa partition à quelques moues ingénues ou robustes tentant de faire passer Blanche Neige pour une héroïne habitée, presque badass. Un choix légitime, d’autant plus que Rachel Zegler avait exprimé sa volonté de faire de son personnage un symbole moderne, loin des stéréotypes féminins des contes de fées.

Toutefois, force est de constater qu’il n’en ressort aucune poésie ni de réelle émotion. Même constat pour sa co-star, que l’on aurait souhaité découvrir dans un registre plus cruel, pervers et profond. La direction artistique autour de Gal Gadot aurait, en effet, mérité d’être plus poussée. Ici, l’actrice semble coincée dans ce costume imposant et dans son château. Le scénario aurait pu insister sur l’écriture du personnage, son obsession du pouvoir et de la beauté à une époque en pleine déconstruction. Rien ne ressort vraiment de ce huis clos royal.

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La bande-annonce Blanche Neige.

Les sept nains à la rescousse ?

Le tournage et la promotion de Blanche Neige ont été émaillés de plusieurs polémiques, dont la principale concernait la représentation des sept nains, la production ayant été accusée de stigmatiser les personnes de petite taille. Recrutements d’acteurs, réflexion autour de créatures fantastiques… Finalement, les studios ont choisi de montrer ces personnages iconiques de l’univers de Blanche Neige en utilisant la CGI. Si le rendu final a longtemps été pointé du doigt à l’occasion de la diffusion des bandes-annonces, celui-ci apparaît convaincant, ces personnages numériques volant parfois même la vedette aux vrais acteurs.

Leur graphisme et leur écriture aussi touchante que drôle fondent l’une des grandes surprises du long-métrage. Les dialogues avec Grincheux sont savoureux, Prof est toujours aussi tendre, tandis que Simplet offre des beaux instants d’émotion. Les séquences centrées sur ces sept personnages – à commencer par celle d’un Eh Oh retentissant et bienvenu – se révèlent comme les points culminants de l’histoire.

Blanche Neige et les sept nains. ©Disney

Autre grande surprise du film : Jonathan, dont le portrait apparaît comme un pied de nez à la figure symbolique du prince charmant. Interprété par Andrew Burnap, il apporte une touche d’humour au film ; une fraîcheur malicieuse qui fonctionne de façon convaincante face à Rachel Zegler.

Finalement, que retenir de cette nouvelle itération de Blanche Neige ? Tant dans son rythme que dans sa direction artistique artificielle, le film de Marc Webb ne bénéficie pas de la féérie envoûtante du mythique dessin animé. En dépit d’un humour bien pensé, de certains morceaux (originaux comme cultes) réussis et d’un casting secondaire surprenant, Blanche Neige ne parvient pas à convaincre pleinement. Malgré une envie de moderniser le mythe tout en l’honorant, le live action ne fait jamais véritablement de choix, passant à côté de sa puissance, de son lyrisme et même de sa terreur. De quoi nous laisser le goût d’une pomme empoisonnée.

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