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Cité de Nicolas Geibel, une histoire des violences indicibles

01 janvier 2022
Par Sophie Benard
Cité de Nicolas Geibel, une histoire des violences indicibles
©Pedro Escobar

[Rentrée littéraire] D’une rare maîtrise stylistique et narrative, le premier roman de Nicolas Geibel explore les thèmes de la terreur et de la violence sociales.

Nicolas Geibel est né en Allemagne. Arrivé en France à l’âge de 23 ans, il enseigne maintenant l’allemand en banlieue parisienne. Cité est son premier roman ; et, pour l’écrire – c’est suffisamment rare pour être remarqué –, il a délaissé sa langue maternelle pour le français.

C’est justement par la langue que le charme opère d’abord : loin d’être seulement maîtrisée, elle se dévoile métaphorique, fluide, audacieuse. C’est par elle que peut s’effectuer l’entrée dans l’univers aussi complexe qu’angoissant – si terriblement réel – construit par Nicolas Geibel.

Cité, de Nicolas Geibel. En librairie le 6 janvier 2022.

Tout commence par un étrange événement : deux jeunes garçons tombent, en plein Paris, sur une photographie déposée sur le trottoir. Elle les plonge, eux et tous ceux qui auront le malheur de la regarder, dans une indicible terreur. Ils appellent au secours, perdent le contrôle d’eux-mêmes, semblent pris de folie. Surtout, ils resteront incapables de décrire ce qu’ils ont vu.

C’est la Nébuleuse, une unité spécialisée dans le terrorisme, qui sera chargée de l’enquête, et qui tentera de démasquer le ou les responsables de cette étrange « attaque ». Les perquisitions s’enchaînent, pendant que le ministre et son gouvernement tentent d’organiser la défense du pays. Et la violence, qui se niche partout, y compris où on l’attend le moins, se déchaîne.

« Ils passent les deux heures suivantes à discuter en boucle, des hommes grisonnants se contredisent autour du ministre ; la ride du lion fend de plus en plus son front. Pour lui, ce genre d’exercice a toujours quelque chose d’à la fois futile et fatidique. Une fois, en conseil des ministres, il avait regardé tous les membres du gouvernement réunis autour de la table. Et puis il s’était vu lui-même, un pistolet à la main, passer de l’un à l’autre pour leur tirer à chacun une balle dans la tête. »

Nicolas Geibel
Cité

Grâce à son narrateur omniscient qui se refuse à toute incursion psychologique dans la tête de ses personnages et à son intrigue ciselée et haletante, Nicolas Geibel livre avec Cité une fable habile sur la violence, la désintégration du lien social et la déshumanisation.

Cité, de Nicolas Geibel, Julliard, 192 p., 18 €. En librairie le 06/01/2022.

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Article rédigé par
Sophie Benard
Sophie Benard
Journaliste