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Quand le polar se la joue vintage

26 février 2025
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Jean-Christophe Grangé.
Jean-Christophe Grangé. ©Joel Saget/AFP

Alors que le polar se renouvelle à vive allure ces dernières années, plusieurs écrivains font ce mois-ci le choix payant du roman noir à l’ancienne, s’amusant des traditions, des époques et des figures du passé.

| Sans Soleil, de Jean-Christophe Grangé

Jean-Christophe Grangé est la figure de proue de ce genre de polars délicieusement vintage. Comme son idole James Ellroy, il aime les flics à l’ancienne et les enquêtes qui se résolvent, non pas en blouse blanche, un microscope à la main, mais sur le terrain, en s’enfonçant toujours plus loin dans les entrailles du mal. Un roman en deux tomes, près de 1 000 pages, deux époques en miroir, mais un seul et même tueur qui court toujours.

Sur le papier, le projet Sans soleil donnait l’eau à la bouche. D’autant que, pour la première fois, le romancier allie son impressionnant savoir-faire de reconstitution historique, déjà aperçu dans Les promises ou dans Rouge Karma, à une expérience plus intime – sa jeunesse dans les années 1980, ses sorties au Palace et aux Bains Douches, l’apparition du sida qui a signé pour tout le monde la fin de l’innocence.

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Dans ce contexte tragique sublimement recréé, on croise des figures bien réelles comme Willy Rozenbaum, un des découvreurs de la maladie, que Jean-Christophe Grangé fait surgir son enquête. Le roman commence en 1982. Alors que les premiers cas de ce qu’on appelle encore « le cancer gay » se multiplient, un tueur sévit dans les clubs homosexuels de la capitale, découpant ses victimes à la machette. Pour démasquer le meurtrier, Patrick Swift, un drôle d’oiseau de la brigade criminelle, s’associe à Daniel Ségur, docteur attitré de la communauté gay, et à Heidi, meilleure amie de la première victime. Une association originale et désaccordée qui va traquer le mal loin, très loin dans l’underground parisien, jusqu’à un face-à-face fatal avec celui qu’ils pensent être le tueur. À moins que, depuis le départ, notre trio fasse erreur. C’est tout l’objet du second tome dont la noirceur n’a d’égal que le plaisir morbide du lecteur.

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| Tout le monde garde son calme, de Dimitri Kantcheloff

Tout le monde garde son calme. On se croirait dans un film de Georges Lautner, Jean Becker ou d’Henri Verneuil. D’ailleurs on verrait bien Lino Ventura, Jean Gabin ou Bebel dans le rôle-titre. Sans aucun doute, le roman emprunte au pastiche pour se déployer avec joie et impertinence.

Hiver 1979. Victor Bromier noie son licenciement dans un rade de Lyon. Accoudé au zinc, il tombe soudainement sous le charme de Corine, une militante communiste prête à tout pour mener sa révolution. L’amour donne des ailes et notre ancien représentant en parapluie, petit bourgeois tendance droitard, s’élance la fleur au fusil dans une lutte des classes rocambolesque dont il ne mesure pas encore les conséquences.

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Avec ce roman pulp, délibérément old-school, tragicomédie endiablée, Dimitri Kantcheloff confirme tous les espoirs placés en lui après Vie et mort de Vernon Sullivan (portrait électrisant de Boris Vian époque auteur de roman policier) et rend un hommage savoureux à toute une époque et à une veine du polar décomplexée, drôle et divertissante.

| Bleus, Blancs, Rouges, de Benjamin Dierstein

Dans la plus pure tradition du roman policier, Benjamin Dierstein associe deux flics que tout oppose, deux inspecteurs fraîchement sortis de l’école de police aux tempéraments radicalement différents. 1978. Marco Paoloni, la grande gueule macho, et Jacquie Lienard, femme qui s’est forgé un caractère bien trempé dans un monde d’homme, sont sur la piste d’un trafiquant d’armes du nom de Géronimo. En contrepoint, le brigadier Gourvennec, drôle d’oiseau traumatisé par la mort d’un collègue en Mai-68, lecteur compulsif de Guy Debord, cherche à infiltrer les réseaux d’extrême gauche qui pullulent.

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On connaissait le western spaghetti, avec Bleus, Blancs, Rouges, Benjamin Dierstein fait dans le western tête de veau. 800 pages effrénées pour une plongée dans le chaos de la présidence Giscard, marquée par les magouilles de la Françafrique, les coups d’éclat d’Action directe, le règne des grands parrains de la pègre et la cavale de Jacques Mesrine. Un véritable coup de maître, archidocumenté, au suspense redoutable. Et, comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule. Il s’agit là du premier tome d’une trilogie, une fresque policière et politique au vitriol qui s’étendra tout au long des années 1980. Et un titre qui donne déjà l’eau à la bouche pour le deuxième opus, prévu pour fin 2025 : L’étendard sanglant est levé.

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