Oxmo Puccino fait son retour avec une mixtape où se croisent héritage et modernité. En 18 titres enregistrés en 20 jours, il orchestre un dialogue entre générations, prouvant une fois de plus que sa plume et son oreille musicale n’ont rien perdu de leur éclat.
Il est de ces artistes dont la plume semble flotter hors du temps. Oxmo Puccino, figure incontournable du rap français, revient sur le devant de la scène avec LAFIYA SESSIONS, une mixtape sortie le 31 janvier. Six ans après La nuit du réveil (2019), celui que l’on surnomme le « Black Jacques Brel » prouve une fois encore son sens de l’écriture ciselée et sa capacité à fédérer autour de lui des artistes de toutes générations.
Avec 18 morceaux enregistrés en seulement 20 jours, LAFIYA SESSIONS ne se contente pas d’être une simple mixtape : c’est un pont entre le passé et le présent du rap français, une manière pour Oxmo Puccino de célébrer la musique qu’il façonne depuis plus de deux décennies, tout en tendant l’oreille aux nouvelles voix du genre.
Une légende à part
Avant de plonger dans cette nouvelle sortie, un retour sur son parcours s’impose. Abdoulaye Diarra est né au Mali en 1974 avant de grandir dans le 19e arrondissement de Paris. Il fait ses armes au sein du collectif Time Bomb, aux côtés de Lunatic, Pit Baccardi et les X-Men, où il impose un style unique, à la fois poétique et incisif. En 1998, il sort Opéra Puccino, un classique immédiat, où il s’émancipe des codes du rap de rue pour imposer une écriture à la croisée du slam et de la chanson française.
Son style se distingue par une profondeur lyrique rare, une manière de raconter la vie avec une plume d’une précision redoutable. Au fil des albums (L’amour est mort, L’arme de paix, Roi sans carrosse), il s’éloigne du rap conventionnel pour flirter avec le jazz, la chanson et la poésie, sans jamais perdre son public.
LAFIYA SESSIONS, un laboratoire d’émotions et de rencontres
Avec LAFIYA SESSIONS, Oxmo Puccino revient à une formule plus brute et spontanée. Comme il l’annonce lui-même : « Ma dernière mixtape, des potos d’hier, d’aujourd’hui et de demain. » L’ambition est claire : faire se rencontrer les générations, sans jamais forcer le trait.
Sur les 18 morceaux, on retrouve une pluie de collaborations, allant des figures établies (Dinos, Dosseh, Mister You, Dany Dan) aux talents émergents (Luidji, Tuerie, JRK 19, Zinée, Lossapardo). La mixtape joue avec les textures, les atmosphères, et surtout avec les voix, où chaque invité apporte sa patte sans jamais éclipser l’hôte.
Les titres à ne pas manquer
Parmi les pépites de cet album, Connivences, le deuxième titre après l’introduction, impose d’emblée une ambiance smooth et immersive. Accompagné du Célèbre Bauza, Oxmo Puccino plonge l’auditeur dans une bulle de flottement légèrement sombre, où son flow détaché et sa plume introspective font mouche.
Ne passez surtout pas à côté de Dis-moi, avec Luidji et Tuerie, un morceau d’une rare poésie. Entre chant et mélancolie, les voix s’enchaînent et se complètent à merveille, dans une fusion inattendue mais absolument maîtrisée.
Côté surprises, Stephen Curry, avec Davinhor et Bob Marlich, apporte une dimension féminine bien sentie dans cet album très masculin. Davinhor impose prestance et assurance, insufflant une énergie nouvelle à l’ensemble.
Enfin, Les petites choses clôt la mixtape sur une note émouvante, plus lumineuse. Sur fond de piano et de cuivres discrets, Oxmo s’éloigne du rap pour s’approcher du slam comme il aime parfois le faire, récitant un poème envoûtant aux côtés de Wallace Cleaver. Une conclusion parfaite, empreinte de sagesse et de douceur.
Une nouvelle page
Avec LAFIYA SESSIONS, Oxmo Puccino prouve encore une fois qu’il reste une figure incontournable du rap français. Plutôt que de s’accrocher au passé ou de céder aux tendances, il choisit le dialogue entre générations, réunissant des artistes d’horizons variés dans une mixtape fluide et cohérente.
Ce projet est bien plus qu’une simple collection de morceaux : c’est une démonstration de transmission et d’ouverture, où chaque collaboration enrichit son univers. Les petites choses, en clôture, rappelle avec élégance que la musique, pour Oxmo, est avant tout une affaire d’émotion et de partage.
