Après une première saison vivement saluée par la critique et le public, Vigil fait son retour avec une enquête haletante et audacieuse. Mais pourra-t-elle surpasser la précédente ? Les spécialistes ont tranché.
En janvier 2022, Arte surprenait tout le monde avec Vigil, une série policière créée par Tom Edge (The Crown) et portée Suranne Jones (Gentleman Jack) et Rose Leslie (Game of Thrones). Gros succès d’audience sur la BBC – où elle a fait ses premiers pas –, la production britannique a aussi conquis les spectateurs français.
Au programme : un thriller unique, un meurtre complexe et une enquête menée dans un sous-marin nucléaire. Menée par l’inspectrice écossaise Amy Silva, l’investigation nous plongeait au cœur d’un conflit entre la police locale, la Royal Navy et les services de renseignement britanniques. Près de trois ans après cette affaire déconseillée aux plus claustrophobes, Vigil fait son grand retour sur Arte ce 9 janvier à 21 heures, avec une nouvelle saison qui divise.
Un scénario en lien avec l’actualité
La série britannique aurait pu s’achever à la fin de la première salve – le mystère étant résolu dans le dernier épisode –, mais la BBC a souhaité offrir une nouvelle aventure à son héroïne. Exit les profondeurs océaniques : Amy Silva reprend du service sur la terre ferme pour une affaire sensible qui la confrontera aux enjeux de la guerre, aux tensions géopolitiques au Moyen-Orient, et à des drones tueurs. Rien que ça.
L’histoire débute sur une base de la Royal Air Force en Écosse, où une démonstration de drones tueurs tourne au carnage. Alors que les appareils se retournent contre les militaires et des investisseurs du pays fictif (mais autoritaire) de Wudyan, le bilan s’alourdit à sept morts et trois blessés.
Chargée d’élucider l’affaire, Amy Silva s’envole pour le Moyen-Orient afin d’interroger des militaires. Sur place, elle se retrouve au cœur d’une conspiration mêlant intérêts britanniques, entreprises privées et gouvernement autoritaire. En parallèle, Kirsten, restée au Royaume-Uni et enceinte de leur deuxième enfant, explore les ramifications locales de cette enquête complexe.
Si cette intrigue semble très actuelle, c’est parce que le créateur de la série, Tom Edge, souhaitait évoquer ses préoccupations quant à la guerre moderne. Interrogé par Arte, ce dernier a confié qu’il avait mené des recherches « sur les conflits frontaliers, les guerres civiles, le commerce des armes, notamment au Moyen-Orient ». Il poursuit : « Le développement des drones de guerre a retenu mon attention, car il s’agit de l’armement du futur. (…) Je venais de terminer l’écriture de l’intrigue lorsque la Russie a envahi l’Ukraine. Ce que j’avais spéculé se déroulait sous mes yeux, avec l’usage de drones de plus en plus sophistiqués. »
Des premiers retours mitigés
Mais cette suite est-elle à la hauteur de la première saison ? « Malheureusement, non, tranche Télé-Loisirs. Cela ne signifie pas pour autant qu’elle est un ratage, loin de là, mais il est indéniable que l’écriture est moins tenue, l’atmosphère davantage classique et la tension plus faible. Reste une intrigue qui se suit sans déplaisir, un sujet qui ne manque pas de soulever des questions intrigantes et deux actrices au jeu toujours aussi aiguisé. Dommage, donc. »
Même son de cloche du côté de La Croix, qui estime que cette seconde saison est « moins réussie » que la première, mais qu’elle « offre un divertissement appréciable ». « Si on accepte de nombreuses invraisemblances, on est vite happé par une intrigue sans temps morts, qui fait la part belle à des héroïnes à la fois fortes et vulnérables : l’inspectrice pugnace interprétée par Suranne Jones, mais aussi sa coéquipière et compagne Kirsten (Rose Leslie), ainsi que la commandante de la base jouée par Romola Garai, retrouvée avec plaisir 14 ans après The Hour », conclut le média.
Plus enthousiaste, Télérama offre la mention bien (deux T) au show. « Orchestrée par les producteurs des très prenantes Line of Duty et Bodyguard, Vigil confirme, avec cette deuxième saison, tout le bien que nous inspirait la précédente, peut-on lire dans la critique. Les deux héroïnes revivifient le motif, pourtant usé jusqu’à la corde, du tandem de flics. Et les réflexions politiques et géostratégiques qui sous-tendent l’intrigue — peut-on confier à des robots le soin de faire la guerre ? Les démocraties peuvent-elles prétendre vendre des armes sans encourir de périls ? – ouvrent un nouvel horizon pour les si pléthoriques (et souvent redondantes) séries policières. » La suite de Vigil saura-t-elle convaincre les spectateurs ? La réponse ce soir, à 21 heures, sur Arte.